John Wall, intenable mais sous-estimé : à quand plus de reconnaissance pour le dragster ?

Le 28 janv. 2017 à 18:28 par Nicolas Meichel

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Dans le débat toujours très animé sur les meilleurs meneurs de jeu de la NBA, ce sont souvent les mêmes noms qui ressortent. Pour Jean-Claude, c’est Chris Paul ou Stephen Curry, tandis que pour Jean-Jacques, cela se joue plus entre Russell Westbrook, James Harden ou encore Kyrie Irving. Pourtant, il y en a un autre qui possède un certain nombre d’arguments au vu de son niveau de jeu actuel et surtout les bons résultats de l’équipe qu’il dirige. Ce gars-là, il évolue à la Maison Blanche, et il ne s’appelle pas Donald Trump.

On parle évidemment de John Wall, l’actuel point guard des Wizards. Avec 23,0 points et 10,1 passes décisives de moyenne cette saison, le produit formé à Kentucky est en train de réaliser la meilleure saison de sa carrière, au plus grand bonheur d’une équipe de Washington qui retrouve progressivement son statut d’outsider à l’Est. Après un premier mois bien pourri caractérisé par un bilan de seulement six victoires en 17 matchs, la franchise de la capitale carbure à plein régime depuis décembre, elle qui se retrouve aujourd’hui cinquième de sa conférence grâce en grande partie à une superbe série de 14 succès consécutifs à la maison. Bref, que ce soit d’un point de vue individuel ou collectif, Wall remplit tous les critères attendus d’un top meneur et donne l’impression d’avoir franchi un vrai cap cette année.

Évoluant souvent dans l’ombre des autres phénomènes qui jouent à son poste, le numéro 2 de Washington possède un style de jeu quasiment unique dans la NBA actuelle. En effet, contrairement à d’autres joueurs, il est difficile de le ranger dans une catégorie à cause d’une principale qualité qui le caractérise. Au contraire, il fait partie de ces mecs très complets qui ne sont pas forcément les meilleurs dans un domaine, mais qui sont redoutables car ils représentent un mélange de plusieurs aspects du jeu. Dans le cas de John Wall, on parle d’un meneur qui n’est pas aussi propre que Chris Paul pour gérer le jeu, qui est à des années-lumière de Stephen Curry niveau shoot, qui n’est pas aussi sale qu’un Kyrie Irving en un-contre-un et qui est un peu moins athlétique que le marsupilami Russell Westbrook.

Par contre, connaissez-vous aujourd’hui un autre point guard que celui de D.C. capable à la fois de contrôler le tempo d’un match, de défendre, de courir à 300 à l’heure et de lâcher des dunks dans le trafic ou des chase-down blocks ? Si oui, on est bien curieux de savoir lequel parce qu’au moment d’écrire ses lignes, Wall est sans doute le seul poste un de la ligue à être aussi rapide et explosif tout en ayant les qualités d’un meneur de jeu classique. Inarrêtable en transition, gros dribbleur, excellent pour mettre ses coéquipiers dans les meilleures conditions et scoreur quand il décide de prendre les choses en main, « Jean Mur » possède le package complet en attaque si l’on excepte son tir extérieur (32,0 % du parking cette saison), même s’il a fait des progrès très intéressants à mi-distance (46,3 % au tir et 82,1 % aux lancers francs, records en carrière). A ça, vous ajoutez un impact au rebond (4,6 par match) et un don pour voler des ballons, lui qui est actuellement en tête de la NBA au nombre total d’interceptions (96, soit 2,2 par rencontre).

Du coup, on peut légitimement se demander pourquoi John Wall est relativement sous-estimé dans le microcosme du basket US, d’autant plus qu’il possède un jeu spectaculaire, qu’il se montre souvent décisif et qu’il fait preuve d’une grosse intensité sur un terrain de basket. Le facteur principal qui joue contre lui, c’est qu’il évolue au sein d’une équipe de Washington qui n’a jamais vraiment réussi à s’imposer comme un cador de la Conférence Est ces dernières années, et ce malgré plusieurs participations en playoffs. D’ailleurs, en 2016, les Wizards étaient déjà en vacances à la mi-avril, période où la vraie saison commence. Aujourd’hui, la franchise de la capitale ne fait donc pas partie de ces équipes qui attirent le grand public et qui passent souvent en antenne nationale, même si elle se trouve dans un marché intéressant. Au final, tout cela pèse contre John Wall et sa popularité, lui qui n’a terminé que 10ème meneur (!!) chez les fans au nombre de votes pour le All-Star Game.

Exceptionnel cette année et leader de l’une des équipes les plus en forme du moment, le meneur de jeu des Wizards ne possède cependant pas (encore) la hype qui entoure d’autres points guards actuels. Pour espérer changer de statut, il devra continuer sa brillante saison tout en réalisant une grosse campagne de Playoffs, ce qui lui manque pour l’instant. Comme il l’a dit lui-même il y a quelques jours, « il faut gagner pour être reconnu et recevoir des récompenses ». Son titre de meilleur joueur de la Conférence Est le mois dernier en est la preuve…