Les Hawks face au miroir : humiliés par les Cavs, le plafond de cette équipe a-t-il été atteint ?

Le 05 mai 2016 à 18:37 par Bastien Fontanieu

Hawks

On s’attendait à ce que cette série soit largement à l’avantage du champion en titre de la Conférence Est, on ne pensait pas non plus voir un tel écart entre les deux franchises. Aujourd’hui, Atlanta doit tenir son duel. Mais demain ? Une page devra être tournée.

Les réactions à chaud ? Jamais bon délire, surtout en Playoffs. Après tout, on pourrait effectuer une comparaison avec les Mavs du premier tour contre le Thunder, explosés au Game 1 avant de remporter le Game 2, un cri de résistance bien faible puisque Russell Westbrook et ses potes ont finalement nettoyé Dallas en cinq rencontres. Même chose au round suivant, décidément, Kevin Durant prenant une gifle à San Antonio pour le premier match des demi-finales, avant de se reprendre par la suite. Comme quoi, tout peut se produire en Playoffs, Charlotte a même tenu Miami en échec après avoir mangé mixtape sur mixtape en Floride, et c’est en sept manches que cet affrontement a dû se conclure. Ainsi, on est en droit de laisser cette violente défaite des Hawks de côté, ce 123 à 98 historique qui aurait pu gonfler d’une quinzaine de points supplémentaires. Oui, c’est un droit. Sauf que l’écart de niveau entre Atlanta et Cleveland est aussi évident que le besoin d’un psychothérapeute chez les Kings, que le besoin d’un meneur chez les Knicks, que le besoin de café dans la rédaction. Tel un vilain nez en plein milieu de la face, la faiblesse du gentil squad mitonné par Mike Budenholzer est loin de pouvoir taquiner autre chose qu’un premier tour de Playoffs. Allez, un second si -comme l’an dernier- le calendrier et les blessures se rangent du bon côté. Peut-être que l’histoire serait différente si Kyle Korver et compagnie avaient affronté Toronto ou Miami, peut-être pas. Ce qu’on sait cependant, c’est ceci : avec le moule actuel, les Hawks ont atteint un plafond en terme de potentiel maximal, et l’heure sera probablement venue de penser à prendre des risques.

Car s’il y a bien une franchise toute mignonne et collective qui a voulu creuser son siège dans les hauteurs de l’Est en reprenant un modèle texan bien connu, c’est celle d’Atlanta. ‘Les Spurs de l’Est’, qu’ils disaient. Peut-on vraiment oser imposer une telle étiquette quand on ne possède aucun Hall of Famer ? Avec tout le respect qu’on a pour Horford ou Millsap, il n’existe pas un seul membre de cette équipe qui puisse clairement penser à sa future entrée au panthéon du basket, et la comparaison doit s’arrêter là. Oui, le mouvement de balle est impeccable. Oui, le coach principal est l’ex-BF de Popovich. Oui, des joueurs sont formés pour mieux se vendre ailleurs, comme DeMarre Carroll ou Kent Bazemore. Oui, les Hawks peuvent proposer du pretty basketball en respectant des principes de base. Mais vouloir dupliquer le succès des Spurs en possédant un effectif très clairement limité, c’est un peu comme vouloir construire une deuxième Tour Eiffel en prenant des allumettes plutôt que du fer en matos principal. L’initiative est intéressante, la finition désastreuse. On a donc de quoi se réjouir chez les quelques fans des Hawks, dans le sens où une saison à 60 victoires suivie par une demi-finale de Playoffs est ‘satisfaisante’, mais pour passer un cap supplémentaire il faudra prendre des risques, il faudra oser détruire la plateforme actuelle et il faudra tenter des coups de poker payants.

Depuis quand savons-nous que les parties du printemps sont dirigées par les équipes possédant le plus de stars ? Des années, des décennies, c’est une loi ancrée dans l’histoire de la NBA. Quelques exceptions s’incrustent ici ou là pour foutre un bordel mémorable (Pistons 2004, Knicks 99), mais on voit bien plus d’équipes collectives et complètes se faire défoncer avant la mi-mai (Nuggets 2013) que d’armées se révéler légendaires sur la scène la plus médiatique possible. C’est comme ça, il faut du cyborg de haute-qualité pour envisager des avancées sérieuses en Playoffs, et les Hawks sont loin d’en avoir une multitude. Paul Millsap réalise une saison formidable, un des meilleurs ailiers-forts de toute la Ligue dont la polyvalence écoeure de nombreux défenseurs. Mais s’agit-il d’un lieutenant ou d’un commandant ? Al Horford est bourré de fondamentaux, ses soirées peuvent être formidables comme frustrantes, et il a une nouvelle fois été nommé All-Star. Mais s’agit-il d’un lieutenant ou d’un commandant ? Face à ses deux meilleurs joueurs, les Hawks vont transpirer car le second est libre cet été. Tant mieux, tant pis, on verra quelle décision sera prise mais il semble clair et net que ce groupe ne peut pas aller plus loin qu’une simple participation aux premiers tours des Playoffs, avant de voir la réalité de l’Est tabasser leur structure : LeBron reste LeBron, les stars restent les stars, et Atlanta s’en prend plein la gueule chaque année. Budenholzer et son management ont donc le choix. On peut tout à fait continuer dans cette voie et enchaîner les régulières correctes avant de se faire valser début-mai, ou bien prendre un risque comme rarement cette franchise a pu en prendre dans son histoire, posant ses bourses sur la table et ses dollars sur un génie. Au revoir Horford, au revoir Teague. Un divorce qui fait mal certes, en comparaison avec le modèle rêvé, mais qu’il faut regarder très sérieusement, dans le miroir.

Cette série face aux Cavs n’est pas terminée, et tout retournement de situation peut se produire. Mais honnêtement ? Il n’y a pas besoin d’avoir fait une longue carrière chez l’Oncle Sam pour voir que l’écart de niveau est trop important. Vouloir reproduire la méthode Spurs c’est bien, mais il faudrait peut-être le bon personnel pour assumer une telle conquête.

Source image : Meme Generator


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