Deux matchs en poche : que donnent ces nouveaux Lakers sans Dwight ni Kobe ?

Le 07 oct. 2013 à 10:35 par Bastien Fontanieu

Bien que la présaison serve surtout d’apéritif bourratif pour nous pauvres fans impatients avant le début de la nouvelle saison, ces quelques semaines d’échauffement servent aussi à se donner une première idée de ce que certaines équipes pourraient offrir sur la durée : les Lakers ne dérogent pas à cette règle.

Deux matchs de pliés, et déjà un tas d’anecdotes à partager ! Si les Lakers ont bien compris qu’ils allaient devoir aborder cette campagne avec la rage d’une équipe toute jeune pour arracher les PlayOffs, ils savent également que ce mois d’Octobre est fondamental pour construire un minimum d’alchimie entre les membres de l’équipe. Du coup, comment regarder ces 96 minutes de jeu avec suffisamment de recul, pour ne pas faire de conclusion hâtive et en même temps délivrer des faits concrets ? C’est toute la difficulté de cette démarche.

Une victoire face aux Warriors et une défaite face aux Nuggets. Peu importe le score, ni le sourire que ces résultats peuvent apporter quand on sait qu’il y a beaucoup plus de chances pour que dans quelques semaines le bilan soit inversé, le but était de faire chauffer le moteur et montrer qui pourrait devenir en quelque sorte le nouvel Earl Clark, l’ailier des angelinos qui avait magnifiquement profité du bordel ambiant dans le vestiaire or et violet pour se faire une saison correcte et un contrat juteux au bout. Les deux grandes satisfactions du week-end ? Xavier Henry et Nick Young. Les deux garçons ont parfaitement enregistré les deux notions les plus importantes chez les Lakers : l’absence de Kobe Bryant, et l’absence de coaching de Mike D’Antoni. Sorte de moulin open-bar où tout le monde peut devenir une star (coucou Barbosa), les systèmes des Lakers ont pour le moment montré des airs de Phoenix, tiens tiens, le moustachu à la coupe de premier de la classe ayant enfin réalisé qu’il avait en Pau Gasol et Steve Nash deux exceptionnels joueurs de pick and roll. On ne va pas commencer à dire que l’Espagnol a des chances de réaliser le même boulot qu’Amare Stoudemire abattait dans le désert de l’Arizona, mais il y a de fortes chances pour que ce dernier réalise enfin une belle et grande saison chez lui, à Los Angeles. Les rumeurs de transferts referont inévitablement surface vers Février, quand on connait le comportement de la franchise envers son meilleur intérieur, mais un été sans compétition internationale combiné aux blessures du Mamba et le manque flagrant d’options pour Mike D’Antoni devraient offrir à la Gasolina une saison de rêve. On le voit déjà hier soir dans l’attaque placée des Anges, qui utilisent à outrance le géant ibérique en tête de raquette pour effectuer des passes en back-door ou jouer son intérieur avec un arsenal offensif dont lui seul à le secret. Avec la présence de Chris Kaman au poste de pivot, Gasol jouerait enfin sa position préférée, le 4 qui gère le trafic et peut dominer également en un-contre-un.

Mais revenons sur Young et Henry. Le premier, qui se régale de pouvoir enfin avoir des cartouches illimitées dans une franchise, devrait faire lui aussi une grande saison. Barré au poste de titulaire par un certain numéro 24, Nick devrait cependant hériter de grandes minutes dans le même registre qu’un certain J.R. Smith : balle en main la majeure partie du temps, création pour lui-même ou pour les autres, on peut envisager une place sérieuse au titre de Most Improved Player ou de Sixième Homme de l’Année si le coquin avoisine les 17 points par matchs, ce qui est nettement faisable dans l’attaque up-tempo de D’Antoni et le vide intersidéral de son banc. Henry, quant à lui, devrait nettement moins bénéficier de temps de jeu conséquent dans la rotation californienne, mais possède assurément de quoi se faire enfin un nom dans la Ligue. Excellent gaucher polyvalent, des blessures et un bronx indescriptible aux Hornets/Losers/Pelicans l’avaient empêché de réaliser le début de carrière qu’on lui promettait. Cette saison sous le soleil de l’Ouest sera-t-elle celle de l’éveil ? Possible, surtout que la voie est complètement libre à l’aile.

Essai

Maintenant, ce beau tableau tout jaune et violet semble idéal pour réaliser une saison convaincante, mais qu’en sera-t-il sur la durée ? Depuis la nuit des temps, on sait tous que Mike D’Antoni est allergique à la défense, et ce n’est pas cette année que c’est prêt de changer. Avec les départs de Metta World Peace et de Dwight Howard qui restent quoi qu’on en dise d’excellents défenseurs, les Lakers se sont tirés une énorme balle dans le pied : une des pires défenses de la Ligue l’an passé se retrouve aujourd’hui obligée de donner ses consignes à Steve Nash et Pau Gasol, qui ont tout montré dans leur carrière y compris leur capacité à se rendre ridicules dans leur propre moitié de terrain. Chris Kaman est une belle addition pour bétonner la raquette, et Jordan Hill tout comme Steve Blake font le boulot, mais il ne faudra pas s’étonner si le Laker Show est une orgie offensive de 7 mois avec 115 points marqués à fond la caisse mais 130 encaissés. Il est strictement impossible d’envisager ces Lakers en PlayOffs rien que de les imaginer défendre les Spurs, Clippers, Rockets, Warriors, Thunder et compagnie. Des taules qui feront bien mal si l’attitude défensive ne change pas, une consigne qui pourrait être lancée par Kobe Bryant, qui avait montré un temps soit peu l’exemple en Janvier de cette année.

En plus de cela, la santé des joueurs pourrait être un souci. En effet, il n’y a pas besoin d’avoir fait des études poussées pour comprendre que cette saison tourne intégralement autour du trio Nash/Kobe/Gasol. Avec une moyenne d’âge de 36 ans, de quoi faire franchement sourire ces Spurs que tout le monde trouve ‘vieux’, difficile d’avancer une saison à 82 matchs pour les trois agents secrets, surtout quand on sait que le premier est au bout du rouleau (on l’a vu hier soir notamment, en peine alors qu’on est en présaison), que le second reviendra d’une des blessures les plus difficiles qui existe, et que le dernier devra tout faire à un très haut temps de jeu, de quoi augmenter sensiblement les risques de pépins physiques.

Karma ou pas, ces Lakers devront affronter des questions fondamentales si leur souhait de participer en PlayOffs est sérieusement formulé : leur défense, le manque de banc, et un coach qui ne change pas d’un poil seront trois sujets qui hanteront probablement la franchise sur les 7 prochains mois. Cependant, il ne faut pas cacher la possibilité que Pau Gasol et Nick Young réalisent de belles campagnes, et que Kobe nous fasse ce qu’il a toujours fait en défiant les lois de la nature. Des Lakers funs à voir jouer ? Assurément. Mais dangereux dans leur conférence ? Oh que non.


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