O.J. Mayo : la chute d’un phénomène unique

Le 05 nov. 2023 à 07:24 par Alexandre Taupin

O.J Mayo
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Immense talent au lycée et à la fac, O.J. Mayo pensait connaître un grand succès en NBA. Auteur d’une excellente saison rookie avec les Grizzlies, l’arrière n’aura pourtant jamais réussi à confirmer son potentiel, jusqu’à progressivement disparaitre des parquets de la Grande Ligue. 

Quand on regarde la Draft 2008 de la NBA, de nombreux joueurs ont connu une carrière plus qu’aboutie. Il y a évidemment les futurs MVP Derrick Rose et Russell Westbrook mais aussi Kevin Love, Brook Lopez, Nico Batum, Eric Gordon, DeAndre Jordan ou encore JaVale McGee. Un point commun entre ces quelques noms ? Ils sont tous sous contrat NBA pour débuter cette saison 2023-24.

À cette liste, on n’ajoutera pas le nom d’O.J. Mayo. Pourtant, celui qui fut sélectionné en 3è position de la Draft NBA 2008 (avant Kevin Love et Russell Westbrook notamment) avait le talent pour durer dans cette Ligue. Mais son irrégularité chronique, ses problèmes de comportement et quelques tests positifs aux drogues lui auront définitivement fermé les portes de la NBA. Retour sur le parcours de l’ancien prodige d’USC.

Superstar chez les jeunes et la première “affaire O.J. Mayo”

Mon premier fait son lycée dans l’Ohio, mon second fait baver tous les scouts du pays et mon tout aime bien se mesurer à Michael Jordan. Et non, on ne parle pas de LeBron James mais bien d’O.J. Mayo. Au milieu de la décennie 2000, celui qui répond au nom d’Ovinton J’Anthony Mayo est un “real deal” parmi les meilleurs prospects du pays.

Pur talent, le guard fait déjà la razzia de trophées dès sa période lycée. Il mène son équipe à trois titres d’état à la suite (deux dans l’Ohio et un en Virginie – il a déménagé entre temps). Il est aussi MVP du All-American McDonald Game, rassemblant les meilleurs lycéens du pays. La hype l’entourant est assez folle. Sports Illustrated et Slam Magazine n’hésitent pas à l’afficher en une, le présentant comme le futur de la NBA. Dans un article de 2005, le magazine Vault va même plus loin en l’appelant “The Next One”, petite référence à un certain LeBron James, déjà débarqué en NBA depuis deux ans.

OJ Mayo Slam Magazine 4 novembre 2023

O.J. Mayo est doué et il le sait. Sûr de sa force, il est prêt à se mesurer aux meilleurs voire au meilleur tout court. Lors d’un camp organisé par Michael Jordan en 2005, c’est un O.J. Mayo de tout juste 17 ans qui commence à trashtalker MJ. Retraité des parquets depuis deux ans, His Airness n’a pas perdu son goût de la compétition et il va enseigner une “leçon” au petit jeune qui ose le défier.

Une petite anecdote qui fait sourire mais qui n’ôte pas pour autant les grandes attentes autour du bonhomme. Les lycéens n’étant plus autorisés à rentrer en NBA sans passer par la case universitaire, O.J. Mayo opte pour USC et la Californie.

Chez les Trojans, Mayo ne va pas décevoir avec plus de 20 points par match et une belle adresse au tir, notamment à longue distance (41% de loin). Des belles perfs qui ne se traduisent pas en March Madness, USC se faisant sortir dès le premier tour par Kansas State malgré un statut de favori. Vu son niveau, on se doute que Mayo ne fera pas de vieux os en NCAA et il s’inscrit immédiatement à la Draft NBA 2008.

Son histoire avec USC ne finit pas sur un happy end car on apprend plus tard un scandale concernant le joueur et des “cadeaux” reçus de la part d’un intermédiaire bossant pour une boîte d’agents. L’objectif étant bien sûr de gagner les bonnes grâces du joueur pour collaborer ensuite avec lui lorsqu’il sera pro. Petit problème : la NCAA interdit strictement toute somme versée aux joueurs. USC décide d’effacer les résultats de la saison complète des Trojans pour “se punir”. Tim Floyd, coach des Trojans, sera lui aussi pris dans la boucle du scandale et quittera son poste un an après.

Des débuts NBA prometteurs

Si cette affaire ne met pas une bonne image sur O.J. Mayo, elle ne retire aucunement la hype autour du talent de 20 ans. Les Grizzlies sont totalement sous le charme. La franchise du Tennessee vient d’envoyer Pau Gasol aux Lakers et se cherche une nouvelle tête d’affiche. Avec leur 5è pick à la Draft, les Grizzlies ont peur d’être un peu bas pour récupérer Mayo alors ils organisent un trade avec les Wolves, détenteurs du 3ème choix. Memphis sacrifie ainsi sa gâchette Mike Miller, élu deux ans plus tôt sixième homme de l’année, mais aussi son pick (devenu Kevin Love) pour obtenir O.J. Mayo.

Quand on regarde les carrières respectives des deux joueurs aujourd’hui, on peut évidemment parler d’un très mauvais deal mais au moment de la conclusion du trade, les Grizzlies pensent alors avoir mis la main sur un futur All-Star voire une superstar.

Les premiers pas de ce même Mayo vont d’ailleurs leur donner raison avec une saison rookie de très, très, très bonne facture. Plus de 18 points de moyenne, 44% au tir dont 38% de loin, quelques flambées dont il a le secret, O.J. Mayo semble prêt à faire du bruit en NBA et sur la durée. Il faut un Derrick Rose déjà maître à Chicago pour priver Mayo du titre de Rookie de l’année 2009 mais peu importe, le ciel semble être la limite pour l’arrière.

Et puis… la descente aux enfers

La suite sera beaucoup moins réjouissante pour O.J. Mayo. Encore solide pour sa seconde saison à Memphis, il connaît un vrai coup d’arrêt lors de sa troisième année. Moins efficace, il perd rapidement sa place de titulaire au profit de Xavier Henry puis de Tony Allen. Si O.J. Mayo brille moins sur les parquets, il fait parler de lui en dehors. Le joueur est ainsi suspendu 10 jours par la NBA pour un contrôle anti-drogue positif. Le joueur clame son innocence, arguant que le produit devait se trouver dans une boisson énergisante qu’il avait bu dans une station service. Si le doute peut être permis dans ce cas, le fait de frapper Tony Allen dans l’avion des Grizzlies pour une histoire de dettes de jeu est plus compliqué à nier, surtout quand toute l’équipe est témoin.

Si l’affaire est vite réglée en interne par Memphis, O.J. Mayo semble sur une pente glissante chez les Grizzlies. Même s’il est le principal scoreur du banc, son manque d’efficacité et ses limites défensives sont assez criantes. On attendait un All-Star, on finit avec un shooteur unidimensionnel qui fait ses stats dans son coin, un peu trop perso sur les bords.

Plus convaincus par celui qu’ils avaient payé si cher quatre ans plus tôt, les Grizzlies ne prennent même pas la peine d’offrir une prolongation au joueur. La qualifying offer est retirée et le joueur s’engage avec Dallas, dans l’espoir de se relancer. L’expérience texane ne dure qu’une saison, le temps de retrouver des chiffres un peu plus en adéquation avec son niveau mais aussi se prendre quelques soufflantes de Rick Carlisle, agacé par l’irrégularité et les mauvais choix de son joueur sur le terrain.

Un joueur à 15 points de moyenne et 40% de loin ça fait quand même tourner des têtes et les Bucks lui offrent 24 millions sur 3 ans à l’été 2013. Après tout, Mayo n’a alors que 26 ans et Milwaukee espère avoir fait une bonne affaire. Mauvaise pioche pour les Bucks, les trois saisons du joueur dans le Wisconsin seront assez fades, entre blessures, éthique de travail douteuse et un rôle qui ne va cesser de se réduire. Arrivé au terme de son contrat, Mayo se prend alors un uppercut par la NBA. Encore contrôlé positif à un test anti-drogues, l’arrière ne prend pas 10 matchs comme quelques années auparavant mais bien deux ans de suspension !

Suspendu deux ans par la NBA, O.J. Mayo tombe dans l’anonymat

Alors qu’il aurait pu signer dans n’importe quelle équipe hors US, O.J. Mayo disparait des radars pour réapparaitre en 2018 du côté du championnat de Porto Rico. Commence alors le tour du monde de l’ancien numéro 3 de Draft. Chine, Russie, Egypte et même récemment Arabie Saoudite, Mayo enchaine les piges dans des championnats de moins en moins renommés. Alors qu’il fête aujourd’hui ses 36 ans, l’ancien prodige d’USC semble condamné à finir sa carrière loin des parquets NBA (bien que sa suspension soit désormais terminée) et de la gloire qu’il espérait acquérir chez l’Oncle Sam.

Comment en est-on arrivé là ? Comment le chouchou des scouts et des magazines chez les jeunes a-t-il pu tomber de si haut ? Peut-être trop d’attentes ou tout simplement un niveau surévalué par rapport aux capacités réelles du joueur. Parce que contrairement à d’autres talents fauchés dans leur élan par des horribles blessures (Lonzo Ball, Jabari Parker aussi si on reste un peu chez les Bucks), O.J. Mayo n’a pas un passif médical qui explique cette déception. La première année en NBA est censé indiquer dans quelle direction un joueur va se diriger par la suite. Pour certains, c’est la promesse d’un futur étoilé avec une veste orange dans le viseur même, pour d’autres c’est déjà le début d’une courbe descendante. Malheureusement pour lui, O.J. Mayo faisait partie de cette catégorie.

O.J. Mayo, superstar chez les jeunes et étoile montante de la NBA à la fin des années 2000 n’a finalement jamais confirmé les attentes autour de son potentiel. La preuve que tout peut aller très vite dans l’univers de la balle orange. Les talents d’aujourd’hui et de demain devraient s’en inspirer. 

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