Souvenirs de Final Four NCAA – le triomphe de Carmelo Anthony avec Syracuse : qui a dit que Melo ne savait pas emmener une équipe au titre ?

Le 02 avr. 2022 à 11:44 par Nicolas Meichel

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Ce week-end, le Superdome de la Nouvelle-Orléans sera le théâtre du Final Four NCAA pour la sixième fois de son histoire, et la troisième fois depuis le début du nouveau millénaire. C’est notamment dans ce stade rempli d’histoire qu’un certain Carmelo Anthony a guidé son université de Syracuse vers le titre national. C’était en avril 2003, au terme d’une saison freshman exceptionnelle. Retour sur une année magique pour Melo.

Georgia Tech ? Villanova ? North Carolina ? Syracuse ? En 2002, lors de sa dernière saison au lycée sous les couleurs de la fameuse académie d’Oak Hill, Carmelo Anthony est sur les tablettes de nombreuses universités et se pose forcément des questions sur son avenir. À l’époque, Melo est considéré comme un surdoué de la balle orange, à tel point qu’il fait partie de ceux capables de faire immédiatement le grand saut vers la NBA. Cependant, Anthony ne compte pas suivre les traces de Kevin Garnett ou Kobe Bryant, sa mère Mary insistant pour qu’il passe par la case universitaire. Et au final, c’est Syracuse qui rafle la mise. Le coach Jim Boeheim s’était déplacé une année plus tôt à Baltimore quand Carmelo évoluait encore dans l’ombre à la Towson Catholic High School. Une rencontre marquante pour l’entraîneur de Syracuse mais aussi pour la pépite de 17 ans. Le premier fut impressionné par les grosses qualités du second, et le second fut touché par l’intérêt du premier. C’est ainsi que Melo s’est engagé prématurément avec l’université new-yorkaise le 29 mai 2001 – jour de son anniversaire – avant de rester fidèle à son choix malgré la pression exercée par un certain nombre de programmes plus prestigieux. Le départ de l’ailier de Syracuse Preston Shumpert est l’ultime élément qui finit par convaincre Anthony à 100%, lui qui comprend alors qu’il va avoir de nombreuses opportunités pour briller dès sa campagne freshman.

Et bon dieu qu’il va briller.

Son tout premier match avec Syracuse ? 40 minutes de jeu, 27 points, 11 rebonds, le tout au Madison Square Garden de New York. Difficile de faire mieux pour ses grands débuts. Certes Melo goûte à la défaite face à Memphis ce jour-là, mais il vient de donner un sacré aperçu de son talent. Et très vite, ce talent va permettre à son équipe de décoller pour véritablement monter dans la hiérarchie du basket universitaire. Au cours de la saison régulière, Anthony tourne à des moyennes impressionnantes de 22,2 points et 10 rebonds en plus de 36 minutes de jeu par soir (leader de l’équipe dans chacune de ces catégories statistiques), pendant que Syracuse enchaîne les victoires. Melo et ses copains alignent pas moins de onze succès consécutifs après le revers du match d’ouverture et terminent avec un superbe bilan de 23 wins en 27 matchs, dont un parfait 17-0 à la maison. Des équipes bien classées comme Missouri, Pittsburgh et Notre Dame tombent notamment face à Syracuse, qui prend alors la onzième place au ranking national alors que le groupe de Jim Boeheim n’était même pas classé parmi les 25 meilleures équipes du pays en début de saison. C’est ce qu’on appelle l’effet Melo. Cependant, si on ne le sait pas encore, le meilleur est à venir.

« On était une bonne équipe mais je ne pensais pas qu’on allait être aussi bons. Le fait de terminer avec un bilan de 17-0 à la maison, je n’ai jamais perdu au Carrier Dome. Les gens ne parlent pas assez de ça. C’est dur à faire. Et c’était à une période où la Conférence Big East était vraiment forte. »

– Carmelo Anthony, sur All The Smoke

À l’époque, il est très rare de voir des joueurs de première année comme Carmelo Anthony avoir un tel impact sur le succès de leur équipe, et encore moins devenir le leader de cette dernière. On est dans une ère où un certain nombre de prodiges décident de sauter la case NCAA pour aller directement en NBA (Kobe Bryant, Jermaine O’Neal, Kevin Garnett, Tracy McGrady, Amar’e Stoudemire), et où les meilleurs lycéens intègrent des programmes prestigieux pour plusieurs années, souvent avec des rôles plus limités lors de leur première saison. On est avant la règle du one-and-done mise en place par la NBA en 2005, avant l’ère des freshmen cinq étoiles qui débarquent juste pour une année universitaire avant de s’envoler vers la Grande Ligue. Mais Melo est une exception. Au fur et à mesure que la March Madness avance, Anthony élève encore son niveau de jeu. D’abord, il marque 20 points et 10 rebonds contre Oklahoma lors de l’Elite Eight pour qualifier Syracuse vers le Final Four à la Nouvelle-Orléans. Et ensuite, Carmelo va clairement montrer qu’il évolue sur une autre planète que la concurrence : face à Texas et son excellent défenseur Royal Ivey, il sort une véritable masterclass avec 33 points et 14 rebonds lors de la demi-finale, avant de se démultiplier lors du match pour le titre contre Kansas. 20 points, 10 rebonds, 7 passes décisives, tout ça sans avoir réussi à dormir la nuit précédente, bonjour le monstre. Sous le leadership d’Anthony, et grâce également à la belle contribution de l’autre freshman Gerry McNamara ainsi qu’au block très clutch d’Hakim Warrick, Syracuse parvient à arriver au bout en s’imposant 81-78. Jamais l’université n’avait remporté le moindre titre auparavant, jamais le coach Jim Boeheim avait soulevé le trophée de champion.

« J’avais vu Melo avant le match. Il était très excité, mais il n’était pas nerveux du tout, ce qui est rare pour un freshman. Il m’a dit de ne pas m’inquiéter, il m’a dit ‘coach, on va le faire’. »

– Jim Boeheim

Logiquement nommé MOP du Final Four, Carmelo Anthony est au sommet. Il vient de réaliser un exploit monumental et il est tellement aux anges que c’est difficile pour lui de redescendre. Après la victoire finale, alors que la NBA lui ouvre grand les portes, Melo ne veut pas mettre un terme à sa magnifique aventure universitaire. Au contraire, il veut prolonger le plaisir, conscient qu’il ne pourra jamais revenir en arrière pour retrouver cette atmosphère forcément très spéciale. Sauf qu’il est trop fort, trop talentueux, trop redoutable offensivement pour ne pas aller à l’étage supérieur, Jim Boeheim faisant le nécessaire pour lui faire comprendre que le moment est venu de passer pro. Alors en compagnie du phénomène LeBron James, de Dwyane Wade ou encore de Chris Bosh, Carmelo Anthony se présentera à la Draft NBA 2003. Et la suite, on la connaît.

Si Melo risque fort de faire partie de ces légendes qui ne possèdent pas la moindre bague de champion NBA au doigt, ce qu’il a fait avant d’arriver dans la Grande Ligue est tout simplement l’un des plus beaux exploits de l’histoire du basket universitaire. Et ça restera clairement comme un highlight marquant de sa carrière de Hall of Famer.