Russell Westbrook s’entête à vouloir devenir le nouveau super-héros de D.C. : son pire ennemi ne sera autre que lui-même

Le 02 janv. 2021 à 17:48 par Matis Rapacioli

Russell Westbrook
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Les super-héros représentent-ils une menace pour la population qu’ils essaient de sauver ? Non, cette question ne nous est pas venue en retombant sur le vieux DVD poussiéreux des Indestructibles qui traîne sur une étagère du logement familial pendant les fêtes mais bien devant le début de saison des Wizards. Arrivé avec sa cape de Monsieur Triple-Double sur le dos, Russell Westbrook voulait chasser les vieux démons de Washington et faire régner l’ordre et la justice dans les rues de la capitale. Mais après dix jours, la greffe tarde à prendre et le résultat est sans appel : quatre défaites quand le Brodie est en service et la seule victoire de D.C. coïncide avec son absence. Alors, le Marsupilami est-il le super-héros qu’il faut à la Maison-Blanche ? Ou plutôt, Beastbrook est-il vraiment un super-héros ? La question se pose.

Victimes collatérales, dégâts importants, hiérarchie incertaine, assistanat de la population, méfiance… si les (DC) Comics nous apprennent bien une chose, c’est que chaque super-héros possède aussi sa part d’ombre. Or, si la NBA est bien réelle et ne propose pas d’enjeux similaires, certains considèrent bien Russell Westbrook comme un super-héros des parquets. On parle d’un meneur qui fut MVP, qui a tourné en triple-double de moyenne trois fois de suite, portant sur son dos une franchise à laquelle il fut fidèle et où il sera difficile de lui reprocher une absence de résultat mais aussi de l’un des plus grands athlètes de la Ligue. Mais ce que l’on nous apprend aussi dans les bulles de Spiderman, c’est qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Traduction, Russell Westbrook, tout Monsieur Triple-Double qu’il est (déjà 4 en 4 matchs joués cette saison), doit avant tout faire gagner son équipe. Et pour cela, il doit comprendre qu’il ne peut pas le faire tout seul. En définitive, on espère que quelqu’un a eu la bonne idée de lui offrir la saga d’Avengers à Noël.

Pas la peine d’aller très loin pour illustrer cette réalité. Le chiffre est là, sous nos yeux, et il n’y a même pas besoin de creuser dans les statistiques avancées pour trouver plus éloquent. Prenons donc le bilan des Wizards depuis le début de la saison : cinq défaites dont quatre avec Russ sur le terrain pour une seule victoire… sans leur nouveau meneur All-Star. Arrivé en grande pompe dans le blockbuster trade de cette intersaison, on peut encore accorder au Brodie le bénéfice du doute et mettre tout cela sur le compte du temps d’adaptation mais il va falloir des résultats, rapidement si possible, sous peine d’être pris en grippe par les Sorciers. Non pas que Raul Neto soit une véritable menace à son poste, loin de là, mais la confiance de ses coéquipiers qui doivent lui laisser le ballon de manière abondante diminuera, surtout quand on voit un Bradley Beal impérial contre les Wolves et neuf joueurs de Washington à plus de dix points sur ce match contre seulement cinq d’entre eux face à Chicago pour le même nombre de points inscrits au total (130). Statistique qui ne veut rien dire ? Pas lorsqu’il faut également associer les rebonds et les passes à ce constat. Au lieu de voir 15 rebonds pour le seul Westbrook et les miettes pour le reste, on en voit 7 chez Thomas Bryant et Deni Avdija, 6 pour Robin Lopez et même Ish Smith. Une répartition plus équitable, symbole d’un collectif plus homogène et donc meilleur ? La team conclusions hâtives arrive au galop mais on préférera attendre un petit peu. Par contre, même s’il ne faut pas aller trop vite en besogne, le fait est que Washington a enfin gagné contre Minneapolis et que les Loups, aussi peu de mordant ont-ils, ne sont pas plus mauvais que des Bulls en difficulté qui ont pourtant vaincu deux fois l’équipe de Scott Brooks en trois jours lorsque l’ancien Rocket tenait sa place.

Et en parlant de notre frère Scott, il est également important de signaler que tous les maux des Wizards n’émanent pas de l’ex-agent 0, bien au contraire, avec notamment un coach qui se cache au moment où de vrais choix s’imposent. Mais s’ils ne sont pas uniquement les siens, ces maux de l’équipe entière ressemblent énormément à Russell Westbrook : manque de clutch, impatience donc maladresse, un jeu parfois brouillon, une défense intermittente, etc. Il n’est donc pas le seul coupable mais on ne voit pas comment il peut être le sauveur s’il souffre des mêmes maux que les autres. Pourtant, Westbrook est en pleine forme physiquement, c’est toujours cet impact player d’exception qui fait mal aux défenses et qui épuise ses vis-à-vis, enfin Westbrook quoi, tout le monde connaît les qualités de ce joueur all-time. Et ce constat vaut sans parler de son 100% de triple-doubles cette saison, car on s’en fiche et il devrait suivre notre exemple. Il est surtout navrant de voir à quel point le Brodie n’a absolument pas changé d’un cheveu dans son approche du jeu en arrivant dans la capitale. Et ce n’est pas un passage du numéro 0 au 4 qui va nous faire changer d’avis. On pouvait critiquer mais comprendre l’importance de vouloir atteindre 10 rebonds à tout prix lors de sa saison MVP et sa quête des 42 triple-doubles mais plus maintenant. RW n’a plus rien à prouver à ce niveau-là et il est temps de faire évoluer son jeu mais surtout sa mentalité pour gagner sur le plan collectif. On a déjà écrit cette phrase à peu près autant de fois qu’il compte de triple-double mais quand on vient dans une franchise pour redevenir le boss, forcément on est attendu au tournant. Finalement, c’est quand même dommage de s’entêter à être the man alors qu’en se mettant au service total d’une équipe il serait un Superman. Parce qu’un super-héros, ça finit toujours par gagner… et pour l’instant, ce n’est pas vraiment le cas.

S’il est incapable de se remettre en question, c’est peut-être que Russell Westbrook n’est pas un super-héros mais un super-athlète. Ce qui est déjà pas mal et ce qui devrait malgré tout servir à Washington au cours de la saison après la mauvaise passe actuelle. Mais ça ne fera jamais gagner les Wizards ou une autre franchise, du moins tant que l’on parlera de SA franchise. Alors on change de mentalité ou de statut mais on change sous peine de rater une bien belle histoire ou plutôt un bien beau comics.