Brett Brown et les Sixers, c’est terminé : petit hommage au coach du Process, parce qu’il le mérite après des années de galère

Le 25 août 2020 à 12:10 par Nicolas Meichel

Brett Brown
Source image : NBA League Pass

C’est désormais officiel, Brett Brown n’est plus le coach des Sixers. Après une saison très décevante ponctuée par un sweep humiliant au premier tour des Playoffs 2020, le coach emblématique du Process n’a pas survécu et c’est ainsi une page qui se tourne dans la franchise de Philadelphie. Car Brown était sur le banc depuis 2013, et c’est lui qui a guidé Philly lors des années noires jusqu’à la renaissance. Et ça, il ne faudrait pas l’oublier, peu importe comment ça s’est terminé.

Le 25 août 2020, deux jours après l’élimination des Sixers face aux Celtics, la logique voudrait qu’on mette en avant la responsabilité du coach Brett Brown dans l’échec cuisant de son équipe de Philadelphie, enfin ancienne équipe désormais. Mais dans cet article, on a voulu lui rendre hommage. Oui, vous avez bien lu. Pourquoi ? Deux raisons à cela. D’abord parce qu’on a déjà bien souligné les limites de Brett, que ce soit ici, ou encore par là, mais aussi parce que ça nous semble nécessaire de dézoomer afin d’avoir une vision plus globale du mandat de Brown, et ainsi se rappeler de son rôle dans les Sixers version Process. En 2013, quand le manager général de Philly Sam Hinkie a décidé d’enclencher le mode tanking pour espérer récupérer de gros talents dans le futur, c’est Brett Brown – ancien directeur du développement des joueurs aux Spurs puis assistant de Gregg Popovich – qui s’est vu offrir la responsabilité de guider l’équipe pour cette période qui annonçait des jours difficiles. Et en parlant de jours difficiles, on peut dire que les fans des Sixers et Brown ont été servis. Vous voulez la moyenne d’âge de l’équipe de Philly durant la première saison de BB sur le banc ? À peine plus de 23 ans, bonjour la classe biberon. Et pas de phénomène genre Luka Doncic ou de Big Three Kevin Durant – Russell Westbrook – James Harden là-dedans hein, ça misait sur Michael Carter-Williams et Nerlens Noel (récupéré dans le transfert de Jrue Holiday vers New Orleans, et absent toute la saison à cause d’une grosse blessure au genou quelques mois avant la Draft 2013). Résultat, 19 victoires pour 63 défaites, avec notamment une magnifique série de 26 revers consécutifs (record NBA égalé s’il vous plaît), bienvenue dans l’ère du Process mister Brett Brown. Le ton est donné.

Et ça va continuer à creuser. 18 victoires la saison suivante, puis le fond est atteint, avec une campagne à 10 succès pour 72 défaites en 2015-16, l’un des pires bilans all-time (deuxième plus grand nombre de défaites dans l’histoire sur une saison, juste derrière les… Sixers de 1973), marqué notamment par 18 revers consécutifs pour démarrer la saison (record NBA égalé, encore). Durant cette période, du côté de Philly, on ne se demande pas si l’équipe peut gagner un match de basket, mais plutôt quel est le pire cinq majeur aligné par Brett Brown, obligé de se débrouiller avec un effectif d’une faiblesse affligeante. Un soir de novembre 2014 par exemple, les Sixers débutent un match NBA avec – mouillez-vous la nuque – K.J. McDaniels, Tony Wroten, Hollis Thompson, Luc Mbah a Moute et Henry Sims comme titulaires. Pire cinq de l’histoire ? Y’a des arguments, en tout cas ils ont pris 53 pions dans la tronche ce jour-là. Mais malgré les records de médiocrité, les moqueries, les humiliations, les changements constants au sein de son effectif, Brown a gardé la tête haute pour tenter de faire progresser son équipe et les jeunots qu’il avait sous la main. Il a représenté une figure de stabilité au sein d’une franchise qui avait décidé de tout faire pour espérer perdre le plus possible afin de gagner le gros lot un jour. Et ça, c’est fort. Beaucoup n’auraient pas supporté, surtout pour un premier job en tant que head coach NBA. Car oui, même si Brett Brown avait déjà une certaine expérience à travers les postes d’entraîneur occupés notamment en Australie et une bonne décennie passée à l’école Spurs, c’était une première pour lui en tant que boss d’une équipe de la Grande Ligue. Y’avait moyen de craquer. Certes, il savait dans quel genre de mission il s’embarquait, à savoir un projet en totale reconstruction, mais il n’imaginait probablement pas que ça allait prendre une tournure aussi extrême. Parce que Sam Hinkie, quand il s’agissait de sortir le tank, il ne faisait pas les choses à moitié.

La routourne a commencé à tourner (coucou Frank) à partir de la saison 2016-17, suite au départ d’Hinkie (remplacé par Bryan Colangelo) et grâce aux grands débuts de Joel Embiid sur les parquets NBA après deux saisons blanches. Tiens, ça aussi il ne faudrait pas l’oublier. Non seulement les Sixers ont tout fait pour perdre afin d’obtenir des choix de Draft élevés, mais ces derniers ont souvent squatté l’infirmerie pendant un long moment avant que Brett Brown puisse les utiliser. On a parlé de Nerlens Noel au-dessus et donc Jojo, mais c’était le cas aussi pour Ben Simmons, l’autre star actuelle des Sixers. On n’oublie pas non plus Jahlil Okafor, absent pendant une bonne partie de sa campagne rookie, et évidemment le fiasco Markelle Fultz. C’est devenu une tradition à Philly et Brett a également dû faire avec, de quoi péter un câble en rentrant à la maison après l’entraînement ou une nouvelle défaite. Alors oui, pour toutes ces raisons, Brett Brown mérite de la reconnaissance aujourd’hui. Il n’est peut-être pas l’homme de la situation pour amener les Sixers en Finales NBA et maximiser le duo Joel Embiid – Ben Simmons, mais il était l’homme de la situation pour traverser les premières étapes très compliquées du Process, qui ont posé les bases pour le retour de Philadelphie parmi les équipes qui comptent dans la Conférence Est. Pendant que les Sixers ont changé à trois reprises de manager général en sept ans avec Hinkie, Bryan Colangelo (parti en 2018 après un scandale Twitter, remplacé temporairement par… Brett Brown) et Elton Brand, que les pièces autour d’Embiid et Simmons n’ont cessé de bouger avec notamment le départ de plusieurs membres symboliques du Process, Brown a continué d’avancer, encore et encore.

Après la très grosse déception de cette saison et le manque de légitimité qu’il semblait avoir auprès de certains joueurs, Brett Brown ne pouvait pas rester sur le banc des Sixers. Mais n’oublions pas son rôle dans le développement du Process. Alors mérite-t-il un hommage aujourd’hui ? Certainement. Mais il mérite aussi une nouvelle chance sur un banc NBA un jour.