“La défense fait gagner des titres” : focus sur les gourous défensifs, ces coachs qui savent poser des barbelés

Le 13 mai 2020 à 17:09 par Nicolas Meichel

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Comme vous avez pu le remarquer, les coachs sont à l’honneur cette semaine sur TrashTalk. Et si vous êtes un drogué de la NBA, vous savez qu’il existe plusieurs styles de coaching. Chaque entraîneur possède sa façon de gérer un groupe, chaque entraîneur possède ses principes tactico-techniques, mais on peut tout de même dégager deux familles bien distinctes pour en classer un certain nombre d’entre eux, à savoir les coachs spécialisés dans l’attaque et ceux dans la défense. Et aujourd’hui, on a décidé… d’attaquer par la défense. Voici certaines références quand on parle de basket avec les mots “barbelés” ou “cadenas”. 

Avant de se lancer, on tient quand même à préciser que la liste qui va suivre inclura à la fois des anciens coachs et des entraîneurs qui sont aujourd’hui en activité (façon de parler vu le contexte), même si la défense n’est plus trop à la mode de nos jours. De plus, cette liste n’est pas exhaustive, c’est toujours bon à savoir. Voilà, cette fois-ci on peut y aller. 

# Regardons un peu en arrière

Si on vous dit coach défensif, vous pensez à qui, là tout de suite ? Ceux qui veulent jouer aux puristes répondront Red Auerbach, qui a fait des Celtics du légendaire Bill Russell une énorme équipe défensive, où les nombreux stops servaient de rampe de lancement pour galoper en contre-attaque. Certains citeront peut-être Red Holzman, le coach des fameux Knicks du début des années 1970, “qui commençait ses entraînements par de la défense et qui les terminait par… de la défense” comme disait Willis Reed. Mais si on reste dans l’ère moderne de la NBA, c’est-à-dire à partir des années 1980 en gros, vous avez qui ? De notre côté, l’un des noms qui nous vient en tête, c’est Pat Riley. S’il a d’abord été à la tête de l’une des équipes les plus offensives et excitantes de l’histoire avec les Showtime Lakers, où il avait d’ailleurs déjà utilisé son nez fin en défense à travers son 1-3-1 half-court trap, Patoche a ensuite réussi à construire de véritables forteresses, à New York d’abord au début des années 1990 puis à Miami par la suite en se basant notamment sur des gros pivots tels que Patrick Ewing et Alonzo Mourning. Du physique, de l’intensité, des efforts collectifs, le tout avec quelques grosses fautes en prime, voici le basket made by Riley dans les nineties. Dans le même style, mais en pire, il y a eu évidemment les Bad Boys de Chuck Daly à Detroit, qui ont mélangé des principes de free-fight avec du basket pour stopper les meilleurs. Les “Jordan Rules”, ça vous dit quelque chose ? Ces Pistons-là, qui ont réalisé le back-to-back en 1989 et 1990, ont apporté une brutalité hardcore au jeu défensif, obligeant la NBA à durcir ses règles concernant les fautes flagrantes pour éviter que la Ligue ne se transforme en octogone.

Plus récemment, au cours des années 2000, on pense forcément à Gregg Popovich, qui a construit ses Spurs sur une très grosse défense avec des piliers comme David Robinson (jusqu’en 2003), Tim Duncan et Bruce Bowen. Si San Antonio était en mode portes ouvertes cette saison, la franchise texane a longtemps été au top dans ce domaine sous l’impulsion de coach Pop, et les titres ont suivi. Parmi eux, il y a eu celui de 2005 face aux Pistons et un autre coach défensif de très haut niveau, Mister Larry Brown. Que ce soit du côté de Philadelphia ou de Detroit, Brown a dirigé de très grosses défenses dans la première partie des années 2000, qui brillaient grâce à leur cohérence sur le plan collectif et des monstres individuels tels que Dikembe Mutombo et Ben Wallace. Comme un symbole, les Pistons du titre 2004 sont toujours considérés comme l’une des plus grandes équipes défensives de l’histoire. Enfin, un mot aussi sur Tom Thibodeau, sans emploi aujourd’hui mais considéré comme une véritable référence il y a environ une décennie. Dès son arrivée chez les Bulls en 2010, il a réussi à mettre Chicago dans les hauteurs de l’Est. Certes, l’explosion de Derrick Rose a aidé les Taureaux, mais la structure défensive et collective amenée par Thibs a fait une énorme différence. Et puis il ne faut pas oublier qu’on parle de l’architecte défensif des Celtics de 2008. Cette année-là, les Verts du trio Paul Pierce – Kevin Garnett – Ray Allen ont remporté le titre NBA avec un Thibodeau parfait dans son rôle d’assistant défensif aux côtés de Doc Rivers.

# Les références actuelles

De nos jours, la défense n’est plus vraiment tendance mais quand on regarde le classement cette année, les trois meilleures équipes de la NBA sont également celles qui possèdent les trois meilleures défenses. On a évidemment les Bucks de Mike Budenholzer, qui excellent pour défendre leur panier malgré leur rythme de jeu très élevé. Depuis son arrivée dans le Wisconsin en 2018, Coach Bud a réussi à transformer Milwaukee en rouleau compresseur à travers la mise en place de ses principes autour du Freak Giannis Antetokounmpo, et ça vaut pour les deux côtés du terrain, pas uniquement l’attaque. Parmi ces principes défensifs, il y a notamment cette priorité axée sur la protection du cercle grâce à la présence de Brook Lopez, quitte à laisser des shoots ouverts à l’extérieur. Vu les chiffres, on peut dire que ça marche. À l’Ouest, ce sont les Lakers de Frank Vogel qui sont au sommet. Ce dernier a fait un retour remarqué en NBA après l’échec d’Orlando et a rappelé à tout le monde sa capacité à monter une belle équipe défensive. Vous vous souvenez des Pacers de la première partie des années 2010, ceux qui ont plusieurs fois fait trembler le Heat du Big Three ? Ils étaient très très solides défensivement et c’est Frank Vogel qui était sur le banc. Aujourd’hui aux Lakers, avec LeBron James de son côté cette fois-ci, et le candidat DPOY (Defensive Player of the Year) Anthony Davis ainsi que beaucoup de vétérans, Vogel a réussi à mettre l’accent sur la défense collective et Los Angeles a survolé le Wild Wild West. Enfin, la troisième meilleure équipe défensive en NBA cette saison se situe au Canada, où entraîne l’excellent Nick Nurse, l’un des grands favoris pour le titre de Coach de l’Année. Novateur et créatif, Nurse n’a pas peur de sortir des sentiers battus pour tenter de perturber les attaques adverses, en infligeant notamment un maximum de pression afin de foutre le bordel et provoquer des turnovers (8,8 interceptions par match pour Toronto, deuxième en NBA). L’agressivité, c’est aussi en défense et Nick a su profiter de la polyvalence et des qualités athlétiques de ses joueurs pour faire des Dinos une redoutable équipe défensive, et ce malgré les nombreux bobos et les départs de Kawhi Leonard et Danny Green.

Outre ces trois-là, on se doit également de mettre en avant d’autres coachs. Erik Spoelstra et Quin Snyder font toujours partie des références défensives, même si le Heat et le Jazz se sont montrés plus perméables cette saison par rapport aux années précédentes. En effet, ces deux équipes n’étaient même pas dans le Top 10 au niveau de l’efficacité défensive en 2019-20, alors qu’on avait pris l’habitude de les voir dans le haut du tableau. Autre gourou de la défense, Steve Clifford évidemment, le coach d’Orlando qui est reconnu pour sa capacité à apporter une vraie discipline défensive partout où il passe. Si le Magic a retrouvé les Playoffs l’an passé pour la première fois depuis 2012, c’était notamment grâce à l’arrivée de Clifford et la progression défensive démontrée par les Floridiens. Comme l’avait expliqué Evan Fournier lors de son passage chez TrashTalk, Steve est bon pour faire progresser les joueurs en défense individuelle et ensuite traduire cela sur le plan collectif. On peut mentionner aussi Mike D’Antoni le coach des Pacers Nate McMillan, qui était déjà un joueur défensif redoutable en son temps, celui des Celtics Brad Stevens, ou encore l’ancien des Kings Dave Joerger et l’assistant des Lakers Lionel Hollins, ces deux derniers ayant été à la tête des Grizzlies version Grit & Grind au cours des années 2010.

Si vous kiffez la défense, ces mecs-là font sans doute partie de vos coachs favoris en NBA. Par contre, pour ceux qui adorent le basket champagne, ils représentent de véritables ennemis. Alors pour éviter les jaloux, un focus sur les gourous offensifs est également au programme.