One Last Dance – Chapitre 5 : Dwyane Wade et Miami, liés pour l’éternité

Le 14 juil. 2019 à 16:54 par Nicolas Meichel

Dwyane Wade
Source image : NBA League Pass

Le 16 septembre dernier, Dwyane Wade a annoncé à la planète basket que sa seizième saison NBA serait la dernière. Sélectionné par le Miami Heat lors de la fameuse Draft 2003, Flash a connu une carrière magnifique qui va l’emmener tout droit au Hall of Fame. Avec trois bagues de champion, un titre de MVP des Finales, treize nominations au All-Star Game et une médaille d’or olympique, Wade fait incontestablement partie des meilleurs arrières de l’histoire. TrashTalk a ainsi décidé de lui rendre hommage à travers une série de six articles retraçant son parcours au sein de la grande ligue. On termine avec le cinquième et dernier chapitre, consacré à la période post-Big Three et sa fin de carrière.

A l’image de Dirk Nowitzki à Dallas ou Tim Duncan à San Antonio, deux joueurs qu’il a affrontés en Finales NBA durant sa carrière, Dwyane Wade fait partie de ces légendes qui représentent une franchise et qui symbolisent une ville tout entière. Quand on pense au Miami Heat, c’est directement le numéro 3 originaire de Chicago qui vient en tête. Quand vous avez Miami-Dade County qui est rebaptisé Miami-Wade County, ça veut tout dire. Mais entre 2010 et 2014, lors de la période Big Three, l’arrière a évolué dans l’ombre d’un certain LeBron James, le meilleur joueur de la planète basket durant cette période. Il a laissé les clés de la franchise, sa franchise, au King, pour le bien du collectif et ça a payé avec l’ajout de deux bannières de champion au sommet de l’American Airlines Arena. Si D-Wade a toujours été numéro un dans le cœur des fans fidèles de Miami, la grosse domination de LeBron associée à son déclin a forcément changé la donne dans la perception collective. Presque naturellement, le Heat était devenu la franchise de James, vainqueur de deux titres de MVP de saison régulière et deux titres de MVP des Finales sous le maillot floridien. Sauf que le 11 juillet 2014, soit un peu moins d’un mois après la raclée reçue face à des Spurs revanchards suite à la défaite cruelle de l’année précédente, la dynamique change radicalement. Ce jour-là, LeBron James annonce son retour à la maison, à Cleveland. C’est la fin du Big Three, la fin d’une ère tout simplement, caractérisée par quatre participations en Finales NBA et deux titres de champion. Malgré la déception de voir ce monstre du jeu quitter la Floride, il y a également une petite part d’excitation chez les supporters du Heat à ce moment-là, conscients que ce départ est peut-être l’occasion de revoir Dwyane Wade aux commandes de la franchise, comme au bon vieux temps. Parce que quatre jours après la décision de LeBron, c’est le héros local, également agent libre, qui annonce son intention de rester à travers ce message sur Twitter : “Home Is Where The Heart Is… My Home, My City, My House.. #HeatLifer”.

Après des Finales 2014 complètement foirées qui ont participé à l’échec de Miami dans la quête du three-peat, Dwyane Wade veut prouver à tout le monde qu’il n’est pas cramé, le tout sans pouvoir se reposer sur un James à ses côtés. A 32 ans, un nouveau challenge se présente face à lui. Pour le Heat, l’objectif est de rester compétitif malgré le départ du King. Miami, ce n’est pas Cleveland, pas question de s’écrouler. Avec la re-signature XXL de Chris Bosh, la prolongation de certains cadres et le recrutement de vétérans confirmés comme Luol Deng par exemple, la franchise floridienne semble armée pour rester un poids lourd de la Conférence Est. Mais les choses ne se passent pas vraiment comme prévu. Une cascade de blessures, une équipe qui galère pour trouver son équilibre à cause des nombreuses absences, et seulement 37 victoires au compteur, soit un bilan insuffisant pour atteindre les Playoffs. Au milieu de tout ça, D-Wade montre qu’il a encore du jus avec une campagne calibre All-Star à plus de 21 points de moyenne, mais il est également perturbé par plusieurs pépins physiques, notamment aux ischios. 20 matchs ratés pour Dwyane, vous ajoutez à cela 38 rencontres manquées pour Bosh à cause de l’apparition de caillots sanguins, ainsi que de multiples blessures chez les autres membres de l’effectif, et vous comprenez mieux les résultats décevants du Heat cette saison-là. Mais lors de la suivante, l’équipe de South Beach réussit à retrouver son standing en remportant 48 victoires avec une place sur le podium de l’Est en prime, et ce malgré la nouvelle absence prolongée de Chris Bosh et d’autres blessures diverses. Accompagné notamment par Goran Dragic, arrivé lors de la trade deadline de février 2015, le rookie Justise Winslow, le jeune intérieur Hassan Whiteside ou encore les anciens Luol Deng et Joe Johnson, Dwyane Wade retrouve les Playoffs quasiment deux ans après sa série en carton face à San Antonio. L’occasion d’enlever ce mauvais goût de la bouche. Et c’est là qu’il va activer le mode Father Prime. D-Wade réalise de superbes Playoffs et montre à l’ensemble de la ligue qu’il est toujours capable de faire mal quand ça compte le plus. Il est tranchant, il est en jambes, il trolle tout le monde en plantant du parking et surtout, il est clutch comme pas possible. Il sauve notamment Miami de l’élimination lors du Game 6 du premier tour contre les Hornets, et porte le Heat jusqu’à un Game 7 face aux Raptors, deuxièmes de l’Est cette année-là. Finalement, les Floridiens tombent les armes à la main du coté de Toronto et échouent aux portes des Finales de Conférence, mais Flash et ses copains ont tout donné.

Après cette élimination face aux Dinos, c’est l’heure de revenir à la table des négociations pour Dwyane Wade et le Heat. Comme en 2014 et en 2015, la légende de South Beach est une nouvelle fois sur le marché des agents libres à l’été 2016. Mais cette fois-ci, le célèbre numéro 3 et Pat Riley ne parviennent pas à trouver un accord et l’inimaginable se produit. D-Wade quitte la Floride pour rejoindre sa ville natale de Chicago. Le choc est énorme à Sud Plage. Après avoir sacrifié beaucoup au fil des années sur le plan individuel et financier, Dwyane estimait que c’était le moment d’être récompensé pour l’ensemble des services rendus. Mais quand il a vu les premières offres de Patoche, bien trop faibles à son goût, il a senti comme un manque de respect de la part de la franchise, qui tentait dans le même temps de recruter l’agent libre Kevin Durant tout en prolongeant Hassan Whiteside. Résultat, direction la Windy City pour deux ans et 47 millions de dollars. Après treize années à Miami, difficile d’imaginer Flash fouler régulièrement le parquet du United Center sous les couleurs des Bulls. Wade va finalement porter le maillot des Taureaux, son équipe de cœur et celle où a évolué son héros Michael Jordan, pendant seulement une saison, avec des hauts et des bas. Durant l’intersaison 2017, Dwyane trouve un accord avec Chicago sur un buyout. L’élimination au premier tour des Playoffs et les départs du All-Star Jimmy Butler et du vétéran Rajon Rondo ont poussé Wade à quitter les Bulls plus vite que prévu. En même temps, à 35 balais, pas question de rester dans une franchise qui commence un processus de reconstruction. Il décide ainsi de poursuivre sa carrière à Cleveland chez son pote LeBron afin d’essayer de remporter un quatrième titre NBA. Sauf que là aussi, l’aventure va s’arrêter assez vite. Une demi-saison en sortie de banc et puis s’en va. Lors de la trade deadline de février 2018, les Cavaliers décident de faire le ménage dans leur effectif, eux qui réalisent une campagne chaotique avec des résultats décevants et un vestiaire bordélique. Dwyane fait partie des nombreuses transactions mais Cleveland décide de faire les choses bien avec lui puisqu’il est envoyé à… Miami contre un deuxième tour de Draft protégé.

Welcome back, D-Wade ! Après une saison et demie loin des plages floridiennes, l’enfant du pays est officiellement de retour pour terminer sa carrière sous le maillot du Heat. Les tensions avec Pat Riley font désormais partie du passé, et le monde peut à nouveau tourner normalement. Au sein de la second unit, Flash aide Miami à retrouver les Playoffs après un an d’absence, et propose même deux perfs vintage au premier tour des Playoffs 2018 contre les Sixers, perdu néanmoins 4-1 par Miami. Cette série restera comme la dernière de la carrière de Wade. Durant l’intersaison qui suit, il annonce sa volonté de raccrocher les sneakers, mais seulement après une One Last Dance. La campagne 2018-2019 se transforme ainsi en tournée d’adieu pour Dwyane, qui ne pense plus qu’à kiffer ses derniers moments dans la NBA. Evidemment, les hommages se succèdent dans les différentes salles de la ligue, les échanges de maillots avec ses adversaires également. Preuve de son impact, il est invité au All-Star Game par le commissionnaire Adam Silver en compagnie d’une autre légende et ancien rival Dirk Nowitzki, histoire de boucler la boucle. D-Wade en profite aussi pour offrir quelques moments magiques supplémentaires au public de South Beach avant de partir définitivement. On pense évidemment à ce buzzer-beater improbable face aux Warriors fin février, ou encore ce dernier match à l’American Airlines Arena contre Philly, dans lequel il claque 30 pions avant de finir sa carrière sur un triple-double à Brooklyn. Au niveau des résultats collectifs du Heat, l’objectif des Playoffs n’est pas atteint puisque Miami termine la saison avec un bilan négatif et une décevante dixième place à l’Est, mais l’essentiel est ailleurs.

A l’âge de 37 ans, Dwyane Wade a donc dit adieu à la NBA après seize saisons. Sans aucun doute, il a marqué son époque, lui qui est considéré par beaucoup comme le troisième meilleur arrière de l’histoire du jeu derrière Michael Jordan et Kobe Bryant. Il est devenu une véritable légende vivante à Miami, où il a tout connu au sein de la franchise du Heat. D-Wade a fait rêver les fans floridiens sur les parquets, tout en ayant un vrai impact en dehors. Dans un futur proche, son maillot flottera au sommet de l’American Airlines Arena. Mieux encore, il aura un jour sa propre statue devant la salle de ses plus grands exploits.