Les « Presque Connus » : voici Marcus Cousin, le pivot voyageur qui signerait pour à peine moins cher que l’original aux Warriors

Le 18 déc. 2018 à 17:01 par Victor Pourcher

Marcus Cousin
Source Image : Draft Express

Nouvelle rubrique sur TrashTalk, on s’intéresse désormais aux « presque connus », ceux qui sont passés à une voyelle d’une carrière de Hall Of Famer. Pas encore de LePron James ou de Kobite Bryant, mais les histoires que vous allez lire sont tout aussi croustillantes. Allez, let’s go.

Le destin est taquin. Ou bourré. Peut-être les deux. Parce que dans le récit qui va suivre, rien n’a de sens. Alors on a arrêté de chercher des explications pour simplement admirer ce joyeux bordel qu’est l’histoire de… Marcus Cousin. Laissons-nous porter par le one-man show de la vie et contentons de sourire à ses meilleures vannes. Vous pensiez que DeMarcus Cousins était atypique ? Attendez de voir la carrière de son “presque connu”, Marcus Cousin, homonyme quasi-parfait et pivot version low-cost de Boogie.

Marcus Cousin est une sorte de brouillon, une esquisse de DMC que l’on aurait oublié d’effacer et qui voit le jour à Baltimore le 18 décembre 1986, soit quatre ans avant le “vrai” Cousins. Pivot lui aussi, avec ses 2m11 et ses 111kg, il ne lui manque qu’une dizaine de kil’ de barbaque pour être la copie physique conforme de la superstar NBA. Bon, on est aussi franchement court niveau talent hein, mais on verra ça plus tard. Après des années de high school passées dans le lycée du coin, Marcus poursuit son cursus à la petite université de Seton Hall.  Mais il veut plus et, quitte à perdre un an sans jouer, se barre pour intégrer celle de Houston, histoire de marcher dans les pas de pivots de légende comme Elvin Hayes et Hakeem Olajuwon. Marcher est un bien grand mot hein, ou alors à quatre pattes, en boitant à la limite. Ceci dit, son année senior n’est pas si dégueu avec 10,9 points, 8,4 rebonds et 2,1 blocks de moyenne. De quoi prendre la confiance (peut-être un peu trop) et se présenter à la Draft 2009. Pas de chance, personne ne veut de lui. On ne comprend pas, pourtant il y avait de la place entre les Stephen Curry, James Harden, Jonny Flinn, Blake Griffin et autres DeMar DeRozan. Non ? Bon tant pis. Deuxième chance avec la Summer League qu’il passe dans la foulée avec les Houston Rockets et… non, toujours pas. Finalement, Marcus Cousin atterrit aux Austin Toros, équipe D-League affiliée aux Spurs : à deux doigts d’être coaché par l’immense développeur de talent qu’est Gregg Popovich. Deux bons gros doigts par contre, bien boudinés. En 2011, il est même interrogé par DraftExpress lors du D-League Showcase. La voix tremblante, le débit d’Eminem sur Rap God, les hésitations et  les mains vissées dans le dos : c’est avec l’attirail complet du lycéen passant son TPE que Marcus Cousin répond aux questions :

“Reporter : Vous jouez pour les Austin Toros, comment est votre relation avec les Spurs ?

Marcus : Elle est très bonne. Les gars m’ont bien accueilli et beaucoup aidé lors du training camp. On m’a demandé d’aller en D-League, donc je suis arrivé ici en essayant d’être meilleur chaque jour. J’espère avoir l’opportunité d’être rappelé.

[…]

Reporter : Avez-vous déjà eu des retours de scouts NBA ?

Marcus : Non, pas encore.

Reporters : Des scouts internationaux ?

Marcus : Oui il y en quelques uns, mais ma priorité est ici.”

La mentalité est belle, les espoirs aussi. Mais bizarrement, les Spurs ne l’appelleront pas et même le refourgueront à qui le veut, en l’occurrence le Jazz d’Utah. Car on n’est pas uniquement là pour se moquer, rendons hommage aux années de gloire de Marcus Cousin. À force de persévérance, il finit par fouler les parquets NBA dans l’Utah, lors de la saison 2010-11, dans une équipe emmenée par Paul Millsap, Gordon Hayward et Deron Williams. 2010, c’est aussi l’année des débuts dans la grande Ligue de DMC, le vrai Cousins, et tout le monde s’extasie déjà devant le potentiel de Boogie. La franchise de Salt Lake City, peut-être hypée par la Cousins Mania, fait rentrer son homonyme, dans le doute : 4 points, 2 rebonds et 1 contre en 18 minutes… au total. Et on a dû additionner les secondes jouées par ci par là pour faire le compte. Bon ok, on est peut-être là, finalement, pour se moquer un peu. À la fin de ce contrat de dix jours chez les mormons, retour à Houston qui l’envoie directement en D-League, aux Rio Grande Valley Vipers. Alors on vous voit vous marrer de ces débuts chaotiques, mais combien de joueurs, à part Marcus Cousin, peuvent se targuer d’avoir pris la place d’un n°2 de Draft ? Ouais voilà, c’est bien ce qu’on pensait ! Car en 2011, Marcus se fait respecter en poussant vers la sortie un rookie immense… Bon ok, il remplace juste Hasheem Thabeet, pick n°2 en 2009, aka la quintessence du bust, en D-League. Et encore, le Tanzanien est simplement rappelé par les Rockets pour mieux l’échanger. Ça compte quand même ?

L’année suivante, en 2012, Marcus Cousin quitte la grande Ligue pour mieux la retrouver… Non on déconne, personne ne le laissera jamais y remettre les pieds. Mais c’est à ce moment-là qu’il développe son côté  Boris Diaw. Non, il ne se met pas à distribuer caviar sur caviar. Il n’organise pas non plus de soirées raclette et vin rouge au milieu d’un back-to-back (avoue tout Boris !). Mais les deux hommes sont animés par la même passion : les voyages. Attachez vos ceintures, on décolle : Turquie, Israël, Venezuela, République Dominicaine, Russie, Porto Rico, Philippines, Liban et Japon, soit pas moins de dix pays différents, et parfois des clubs visités sans jouer, juste pour le tourisme. En fait, la carrière de Marcus Cousin, c’est l’intégrale des Rendez-vous en terres inconnues édition collector double Blue-Ray. Mais depuis 2015, le joueur de 32 ans a posé durablement ses valises au pays du Soleil Levant et, l’an dernier, il tournait même à… 8,1 points, 6,9 rebonds et 2,1 passes, de moyenne cette fois-ci. Wow. Mais le plus important n’est pas sur la feuille de stats : on veut du jeu ! Et comme Internet nous gâte, Marcus Cousin a sa propre chaîne Youtube où il poste ses plus belles mixtapes. Alors, on se mate ses highlights de 2018 ? Allez, pop corn.

Que voulez-vous dire après ça ? Tout est culte dans cette vidéo. Marcus Cousin, bossant dans les raquettes des Sendai 89ers avec Mimi Mathy à la mène (3 : 30) et une musique à base d’instruments traditionnels en fond sonore (4 : 05) : à coté de ce chef d’œuvre, Space Jam c’est Plus Belle La Vie sans l’accent. Notre moment préféré ? Le dunk sans élan, un poil court, avec en bonus le plat du dos à la réception. Du grand art, un monde parallèle : on est à deux doigts de chialer de bonheur. Cela dit, force est de constater que Marcus Cousin a un petit shoot pas trop dégueu, du moins plutôt efficace, et des moves au poste bas assez honnêtes. Mais pas de quoi foutre le bordel dans l’appartement en hurlant des grands “Bingo !” (si vous l’avez lu avec la vraie voix en tête, vous êtes officiellement un vrai). Surtout qu’il faut s’imaginer que ce sont ses highlights sur toute l’année et qu’elles représentent un premier quart-temps de DeMarcus Cousins, entre deux fautes techniques, trois patates et huit chaises brisées… Au fait, petit jeu-concours pour tenter de remporter la nouvelle machine à raclette du Psy TrashTalk (mais si, il est d’accord) : selon vous, qui Marcus Cousin a-t-il retrouvé au Japon ? Indice : ce n’est ni le chemin des ligues américaines, encore moins celui de la NBA. Réponse : Hasheem Thabeet ! Enfin pas vraiment, puisque dans cette ligue japonaise à trois étages, Marcus est au second niveau tandis que le Tanzanien sévit dans le plus haut groupe. C’est ça, en fait, le résumé ultime de cette histoire : la carrière de Marcus Cousin, c’est celle d’Hasheem Thabeet, mais toujours un cran en dessous. Loin, très loin du modèle Boogie.

La preuve que dans le presque connu le terme « presque » est plus important que « connu », même si notre ami Marcus avait peut-être les qualités pour voir sa carrière décoller un peu plus que ça. L’héritage du nom était sans doute trop lourd, mais l’erreur est aujourd’hui réparée, Marcus Cousin a – enfin – eu sa tribune d’honneur.