Rudy Gobert contre Clint Capela : duel francophone dans la raquette, ça va jouer des coudes et réciter du Booba

Le 29 avr. 2018 à 13:03 par Alexandre Martin

Source image : montage via NBA League Pass et YouTube/NBA

Cette nuit, les Rockets accueilleront le Jazz pour le premier match d’une demi-finale de Conférence qui s’annonce très intéressante à bien des niveaux. Le duel entre Donovan Mitchell, le rookie incroyable, et James Harden, le MVP incontournable, sera notamment au centre de l’attention dans cette série. Mais malgré tous les talents offensifs massés sur les extérieurs, il se pourrait que la clé se trouve sous les cercles, là où Rudy Gobert et Clint Capela ont prévu de se livrer un combat très musclé.

Le Français et le Suisse ne sont pas les deux pivots les plus techniques de la NBA actuelle. Ils ne sont pas très à l’aise – comme certains de leurs collègues du poste 5 – quand il s’agit de shooter à trois points ou de remonter la balle. Clint Capela et Rudy Gobert sont ce que l’on pourrait appeler des pivots à l’ancienne, qui se concentrent sur la défense, les rebonds, les contres et qui marquent (avec un haut pourcentage de réussite) des paniers de très près en attaque. Ils sont durs sur l’homme et ne plaisantent pas du tout dans les raquettes. Autre point commun : ils sont indispensables au bon fonctionnement de leur équipe respective. Et ça se voit sur le parquet comme dans les stats, avancées ou pas.

En régulière, Clint Capela a proposé 13,9 points à 65,2% au tir (numéro 1 de la Ligue cette saison) avec 10,8 rebonds et 1,9 contre de moyenne. Il a joué 74 matchs et a été le pilier intérieur de ces Rockets auteur de 65 victoires. Lors du premier tour de Playoffs, on peut l’écrire, Capela a mis Karl-Anthony Towns dans l’embarras à plusieurs reprises et l’a dominé sur la série, en haussant son niveau de jeu (pas comme KAT) et en envoyant 15,8 points (67,2% au tir), 14,2 rebonds et 2 contres par soir sur les cinq matchs face aux Wolves. Et quand on jette un œil à quelques stats un peu moins brutes, on se rend compte que, sur cette série, les Rockets c’est 144 de ratio offensif quand Capela est sur le parquet, et 103 de ratio défensif quand le Suisse garde le cercle. Les Rockets ont un ratio offensif de 116,2 et défensif de 107 en global depuis le début des Playoffs. En clair, quand l’ami Clint est sur le terrain, l’escouade texane attaque beaucoup mieux et elle défend aussi bien mieux. Cela se confirme à la lecture du BPM (Box Plus Minus) du Suisse : +6,4 en moyenne contre les Wolves. Très sérieux.

Très sérieux, Rudy Gobert l’est également. Sur la régulière, le pivot des Bleus n’a pu participer qu’à 56 matchs mais il a tellement pesé depuis son retour que c’en est presque indécent. C’est avec sa tour française que le Jazz a réussi cette deuxième partie de saison incroyable. C’est avec son Rouuuudy que le Jazz a fait très mal au Thunder. Bien évidemment, Donovan Mitchell a été hallucinant et a porté l’attaque des hommes de Quin Snyder mais le pilier défensif parle bien la langue de Molière. En régulière, Gobert c’est 13,5 points (à 62% au tir), 10,7 rebonds et 2,3 contres de moyenne. Ensuite, notre roi Gobert a été déterminant contre Oklahoma City avec 14 points (61,2% au tir), 11,2 rebonds, 1,2 interception et 2 contres de moyenne en 6 matchs. Pour reprendre les mêmes indices qu’avec Capela, on a un ratio offensif de 123 et un défensif de 101 sur cette série pour le Jazz quand Rudy est présent sous les cercles pendant que, dans le même temps, le ratio offensif de l’équipe est de 107,9 et défensif de 103,5. Tiens tiens, nous avons donc un Jazz qui attaque et qui défend bien mieux quand son pivot français est sur le terrain ! Le BPM confirme d’ailleurs avec un sympathique +5,5 pour Rudy Gobert contre le Thunder.

Nous avons donc des stats finalement assez ressemblantes entre ces deux pivots. Gobert est plus long avec ses 2m16 et ses 236 centimètres d’envergure pour “seulement” 2m08 et 225 centimètres d’envergure du côté de Capela. Mais le Suisse est plus mobile, plus rapide et plus à l’aise sur les switch défensifs que ne l’est le Français. Rudy préfère largement jouer des coudes dessous et tenter de contrer tout ce qui bouge. Il est un des intimidateurs les plus craints de NBA, il contre beaucoup mais il oblige encore plus de fois le shooteur à modifier la trajectoire de son tir. Ce n’est pas vraiment quantifiable mais c’est indéniable quand on regarde le Jazz jouer. Clint Capela possède lui l’avantage de la mobilité donc mais aussi et surtout celui d’avoir pour fournisseurs de caviars ce qui se fait de mieux en NBA avec le duo Chris Paul – James Harden. Ricky Rubio c’est très bien, Mitchell peut aussi régaler mais CP3 et le Barbu sont à un autre niveau en termes d’offrandes aux coéquipiers. Il n’empêche que la bataille entre Clint et Rudy pourrait bien être au centre de la série qui débute cette nuit. Qui va dominer au rebond ? Qui va le mieux tenir sa défense ? Qui va le plus peser en attaque ? Qui va le mieux trashtalker (en français s’il vous plait) ?

Une chose est sûre : si les deux pivots se respectent, ils ne vont se faire aucun cadeau et nous allons assister à une lutte passionnante sous les cercles. Chaque rebond va compter, chaque contre sera une victoire, chaque panier un gros plus apporté à son équipe. Oui, ce duel de grands peut être la clé d’une série où les talents extérieurs pullulent !