Bouleversé, Gordon Hayward parle de sa blessure : un père qui refuse de voir ses enfants subir la même chose

Le 03 nov. 2017 à 08:28 par Bastien Fontanieu

Gordon Hayward

Dans une longue et belle interview accordée à Matt Lauer dans le cadre de l’émission “Today” diffusée sur NBC, Gordon Hayward est revenu sur plusieurs éléments forts autour de sa blessure du 17 octobre dernier.

L’ailier ne s’était pas vraiment exprimé devant les caméras, longuement, depuis ce moment choquant. La tentative de alley-oop, la collision en l’air, la réception en catastrophe au sol, le son qui glace le sang, celui d’une cheville qui vient de craquer. Deux semaines après ce véritable trauma, Hayward a pu enfin tout digérer afin de commencer son long parcours du combattant, NBC profitant de l’occasion pour discuter avec l’ailier lors de cette interview. En plus long et plus personnel, Gordon a aussi partagé un long message sur sa page Facebook, qu’on vous conseille d’aller voir et dont on traduira une partie car les mots du joueur sont saisissants. Mais pour le moment, c’est sur ce passage qu’on se posera, un qui a notamment bouleversé l’intéressé. Père de deux enfants (Bernie et Charlie), Hayward a vécu de fortes émotions le soir du 17 octobre car ses parents étaient là, à la Quicken Loans Arena. Un père et une mère forcément heurtés de voir leur fils vivre un tel moment, devant les caméras du monde entier, la peine s’exprimant dans un cadre beaucoup plus intime. Un cadre que Gordon a justement souhaité partager, avec une émotion aussi profonde que compréhensible. Connaissant désormais la douleur d’un tel drame, Hayward a tout de suite pensé à ce que cela ferait de voir les siens subir la même chose, après avoir vu la réaction de ses propres parents. Ci-dessus, en vidéo, la séquence démarre à 3:38 et montre l’envers du décor : l’homme, pas le joueur. Un aspect qu’on oublie souvent, dans le marathon quotidien qu’est la saison NBA.

“En tant que parent, vous ne voulez jamais voir vos enfants vivre ce genre de chose. Et en tant que parent moi-même… c’est comme si vous préfériez prendre la douleur à leur place…

Pardon… 

Et c’est ça qui me rend aussi émotif… car je ne voudrais pas que Bernie ou Charlie vivent ça…

Et je me souviens avoir vu ma mère, et elle pleurait… Et c’était tellement dur. C’est dur de voir vos parents pleurer parce que cela vous rempli d’émotions.”

Il est rare de voir des athlètes s’ouvrir autant et accepter le jugement face à une posture jugée “sensible” par certains, mais ce sont des moments toujours forts, car ceux-ci nous rappellent que les héros qu’on célèbre chaque jour sont avant tout comme nous : des anciens enfants remplis de rêve, des nouveaux adultes motivés, des pères de familles protecteurs, des fils de parents nourris d’espoir et d’anxiété. Le rappel porte également sur la nature globale d’une blessure, et ce qu’elle demande au blessé. Une notion physique, évidente, mais aussi une notion mentale et émotionnelle, souvent zappée. Comme si revenir d’un tel choc ne demandait que trois coups de bistouris venant des meilleurs chirurgiens du monde, ainsi que quelques mois de rééducation. Hélas, non. Et plus d’une fois en NBA, on a pu voir des joueurs subir des déchirements musculaires ou osseux, abordant alors un long parcours et prenant différentes directions. Des cracks comme Russell Westbrook, revenant plus fort que jamais grâce à ce processus émotionnel avalé en un rien de temps, et d’anciens phénomènes comme Derrick Rose, traversant un véritable désert à cause de doutes et d’une pression trop difficile à gérer. Gordon Hayward sait tout cela, l’heure est au relâchement et à l’expression de cette peur, avant d’attaquer la partie plus rationnelle et technique : le physique.

Que la force soit avec lui, dans la tête comme le reste du corps.

Source : NBC News