Profil Draft 2017 : Isaiah Hartenstein, le premier tour kein problem ?

Le 25 mai 2017 à 13:19 par David Carroz

Isaiah Hartenstein
Source image : Youtube

Si Dennis Schröder a pris le leadership du basket allemand, nos voisins teutons ne possèdent pas encore de nouveau Dirk Nowitzki pour autant. Et si cela changeait avec Isaiah Hartenstein, membre des équipes des sélections nationales chez les jeunes et fils d’un ancien basketteur ? Allez, on ferme les yeux et on rêve d’un tir sur une jambe dans quelques années.

Profil

> Âge : 19 ans. Boit de la bière en Allemagne, mais pas aux États-Unis.

> Position : Ailier fort/Pivot. Intérieur quoi.

> Equipe : Zalgiris Kaunas. Paraît qu’on sait jouer au basket en Lituanie. Surtout quand on est coaché par Jasikevicius.

> Taille : 213 centimètres. Mange sur la tête d’un paquet de personnes.

> Poids : 113 kilos. De la bonne viande.

> Envergure : 218 centimètres. Pratique pour faire des câlins.

> Statistiques 2016 : 5,2 points, à 55,4% dont 29,2% du parking, 0,7 passe, 4,1 rebonds et 1 interception et 0,7 contre en 14 minutes

> Comparaison : Dino Radja en mode old school, Donatas Motiejunas pour la new school.

> Prévision TrashTalk : Fin du premier tour.

 

Qualités principales

# Un physique opérationnel pour se frotter à la NBA

En Europe, Isaiah Hartenstein a pu alterner entre poste 4 et poste 5. Un luxe qu’il semble en mesure de poursuivre, au moins d’un point de vue physique. Il faut dire que l’intérieur gaucher indique 2m13 sous la toise et 113 kilogrammes à la pesée, tout en ayant encore de la marge pour prendre du volume. Solide et avec une carrure imposante, il donne l’impression d’être en grande forme ce qui laisse à croire qu’il prend soin de son physique pour rester éviter les kilos en trop. Mais sa silhouette ne doit pas faire oublier que l’Allemand se déplace avec fluidité sur les parquets également capable de regarder le panier de haut lorsqu’il décolle. Cela se traduit entre autres par une capacité à laisser sur place son adversaire sur son premier pas, illustrant également la maîtrise de son corps qui est plus qu’intéressante pour un joueur de son âge et son gabarit. En plus de cette agilité qui devrait lui permettre d’être un défenseur honnête sur pick and roll, il fait preuve de dureté. Un atout important au moment de plonger dans les luttes des raquettes NBA et qui explique en partie ses qualités de rebondeur. Comme il n’a pas peur du contact, il est capable d’avoir du répondant physique aussi au poste, aussi bien offensivement que défensivement.

# Des qualités offensives recherchées chez un intérieur

Ce qui plait clairement les scouts chez Isaiah Hartenstein, c’est sa palette élargie en attaque et le potentiel pour pour progresser en plus dans ce secteur du jeu. Un bon footwork, des feintes variées, la capacité à s’adapter à la défense mais aussi de se retourner des deux côtés – et de finir des deux mains – voilà pour la partie jeu au poste. Comme on a déjà vu qu’il avait la carrure pour se frotter aux autres intérieurs dans ce secteur du jeu, on tient donc une piste pour le voir scorer. Mais il n’y a pas que dos au panier que le joueur de Zalgaris peut marquer. Son jeu face au cercle n’est pas dégueulasse non plus et ses progrès sur catch and shoot sont flagrants, de quoi imaginer qu’à terme il maitrisera la distance NBA pour envoyer des ogives avec régularité. De quoi devenir une arme sur pick and pop, en plus de celle qu’il est déjà sur pick and roll avec son agilité pour plonger au panier et son physique pour poser l’écran.

# Des qualités offensives plus surprenantes pour le baobab allemand

A cet arsenal offensif déjà pas mal développé, Isaiah Hartenstein rajoute des qualités moins fréquentes chez les big men. On pense tout d’abord à son aisance pour faire tourner la gonfle. Vous voyez Greg Monroe un trou noir ? Et bien c’est l’inverse qu’il faut attendre de l’Allemand qui dispose d’une excellente vision du jeu, aussi bien à l’arrêt qu’en mouvement. Autant dire qu’une prise à deux devrait rapidement être sanctionnée par ses soins. Au final, on parle certainement du meilleur passeur de sa génération pour un intérieur, aussi bien dans un registre classique – relance rapide après un rebond – que de manière plus surprenante en étant le porteur de balle sur pick and roll. Il faut dire que le bougre n’est pas maladroit avec la gonfle et qu’il pourrait même crosser quelques adversaires, capable de changer de rythme et de vitesse à l’image d’un ailier, bien loin de l’image d’un vulgaire intérieur aux mains carrées. Des drives qui peuvent lui permettre de gratter des fautes et de squatter la ligne des lancers francs.

Défauts majeurs

# Physique NBA, mais…

Certes Isaiah Hartenstein est plutôt solide et ne passera pas pour une crevette en NBA. Mais pour autant, il n’a rien d’un athlète d’exception comme on peut en trouver dans la Ligue. Il va donc falloir prendre du volume pour s’imposer encore plus physiquement, car les qualités athlétiques ne devraient pas s’améliorer. Surtout pour un mec qui a besoin de prendre appui sur ses deux pieds pour décoller, nécessitant un certain temps pour se lancer. Comme en prime il semble replié sur lui-même et que son allonge n’a rien de phénoménal, on se demande parfois si on a à faire à un vrai big man.

# Un stretch four encore limité

Si l’Allemand semblait destiné à un rôle d’intérieur fuyant, capable d’arroser de loin. Mais quand on voit sa mécanique au shoot qu’il change lorsqu’il est sous pression, on peut avoir quelques doutes sur sa capacité à arroser du parking. S’il a légèrement progressé dans ce domaine, on reste loin du compte, même si rien n’est perdu avec beaucoup de taf pour décoller de son 28,4% en carrière. Un souci qui peut disparaître s’il se retrouve à jouer pivot. Sauf que là aussi des problèmes existent. Manquant parfois de puissance pour finir, il galère en abusant de floaters ou de runners face à des intérieurs physiques. Sans compter qu’il a tendance à rater des layups faciles par manque de concentration, un bémol qu’on retrouve dans d’autres compartiments de son jeu. Ceci est probablement dû à sa jeunesse, comme sa tendance à vouloir trop en faire balle en main, causant ainsi des turnovers en tentant le beau geste plutôt que celui efficace. Il doit donc progresser dans sa prise de décision. Dernier point notable, son jeu face au panier n’est pas le plus développé du monde et on attend plus de sa part dans ce secteur.

# Des soucis de concentration et de défense

Très émotif, Isaiah Hartenstein se laisse un peu emporté par son tempérament, distrait dès que les choses ne tournent pas en sa faveur. Son attitude sur les parquets lui donne un air immature et quelques fois trop sûr de lui. Ce qui semble se confirmer lorsqu’il se laisse aller après des erreurs. Pas sûr que cela soit très apprécié en NBA. Ce qui sera par contre fortement détesté, c’est cette faculté à se déconcentrer et à oublier son joueur en défense, alors que lorsqu’il est focus, il assure parfaitement les rotations de ce côté du terrain. En dehors de cet aspect mental, d’autres points d’interrogation existent sur la manière dont le joueur actuellement coaché par Jasikevicius va assurer. Pas assez long et explosif, peut-il vraiment être un bon protecteur de cercle ? Va-t-il enfin percuter sur le fait qu’il faut sauter en hauteur et non pas baisser les bras ou avancer vers l’adversaire pour défendre ? Parce que ce n’est pas en multipliant les fautes qu’on peut apporter quelque chose à son équipe. Il faudra aussi taffer la défense sur pick and roll car il ne prête pas assez attention à la gonfle ou qu’il laisse son mec poser l’écran tranquillement. Pour finir, il ne dispose pas d’une vitesse latérale assez bonne pour défendre correctement au large, de quoi souffrir face aux stretch four athlétiques qui peuplent la Ligue.

Conclusion

Annoncé comme un crack déjà l’an dernier, Isaiah Hartenstein tarde tout de même à confirmer. Le potentiel est certain, mais celui qui était attendu comme le meilleur – ou l’un des meilleurs – intérieur de sa génération sur le Vieux Continent reste encore un projet sur le long terme, un jouer à façonner. Maintenant, quand on voit le mélange de taille, talent et polyvalence, on se dit que le jeu en vaut la chandelle en se montrant patient et pédagogue. Car s’il va sûrement commencer par jouer des coudes sous les cercles, il pourrait bien développer une panoplie offensive qui lui permettra de sortir d’un rôle d’éboueur pour en plus être une arme offensive, capable de scorer au poste ou du parking. Et dans le pire des cas, s’il ne devient pas l’intérieur fuyant espéré, il y aura toujours de la place pour les pivots grands, solides et agressifs capables de gober des rebonds tout en disposant de quelques moves en attaque.


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