Archives TrashTalk : comme Kobe, Tim Duncan a lui aussi pris la plume pour écrire à son “jeune lui”…

Le 01 août 2016 à 18:41 par Giovanni Marriette

Le tout jeune retraité Kobe Bryant nous a gratifié il y a quelques jours de sa plus belle encre pour nous offrir ceci. Une lettre écrite de ses propres mains, à destination de son jeune “lui”. Rien à voir ici avec un quelconque big up à Sigmund Freud, tout simplement l’envie de prendre la plume histoire de faire comprendre aux plus jeunes les sacrifices et les choix à faire pour arriver au résultat final que l’on connait. Une façon aussi de nourrir un égocentrisme certain, mais qui fait partie intégrante du personnage depuis toujours. Cadeau du jour made in TrashTalk, on a retrouvé cette nuit au grenier la lettre de Tim Duncan à son jeune “lui”. Pas le même délire évidemment mais le besoin apparent, pour lui aussi, de s’épancher et d’envoyer un message à ses descendants.

Message d’une importance capitale, la lettre ci-dessous est issue de l’imagination sans faille de son rédacteur, qui n’est évidemment en aucun cas Tim Duncan.

Mon cher moi de 17 ans,

Si je prends mon encrier en ce jour de juillet, c’est tout d’abord car on m’y a contraint. Tu sais, comme moi, la passion qui m’anime quand on me demande de me placer sous les projecteurs, mais on m’a promis de me laisser en paix si je m’y collais. Alors je m’y colle.

Voilà 19 saisons que j’arpente les parquets de ma grande carcasse. Une carrière débutée au gré des conseils d’un certain David, que je me plaisais à appeler… David car j’ai toujours été quelqu’un d’imprévisible. Le meilleur des apprentissages vois-tu, car le fantastique joueur qu’il fût était également un personnage à part, de ceux qui te font aimer le sport de haut niveau et comprendre son fonctionnement. De ceux qui t’aident à comprendre que si certains sont présents chaque matin dans les “highlights” sur “youtube” -deux mots inconnus à mon bataillon-, d’autres travaillent sans relâche dans l’ombre pour s’approprier des gestes (des moves comme disent les jeunes), une identité de joueur et plus globalement une façon d’être en tant que professionnel.

Une identité que tu te devras d’adopter si tant est que tu souhaites un jour avoir ne serait-ce qu’une once de palmarès sans pour autant être tombé au bon endroit au bon moment. Car ce bon endroit et ce bon moment, c’est toi-même qui devra le construire. Avec les pièces que l’on t’offrira bien-sûr, mais ces pièces tu devras les façonner à ton image, à l’image que tu souhaites véhiculer au travers de ton sport et de ta personnalité, sur et en dehors du terrain. Car le terrain est une chose, mais l’approche que tu en feras en est une autre, peut-être même plus importante. Avoir ce désir de progresser encore et toujours, sans pour autant changer ta vision des choses, sans pour autant te laisser avaler par les modes ou les changements d’ères que tu traverseras peut-être.

Tes adversaires se compteront par centaines, mais jamais tu ne devras t’écarter de ta ligne de conduite, celle qui devra t’obliger à exécuter les systèmes écrits pour toi, en t’aidant parfois de la technique que tu auras acquise, mais en t’aidant surtout de cette fameuse ligne que jamais tu ne devras dépasser. Tes coéquipiers se compteront par dizaines, mais jamais tu ne devras faire croire à quiconque qu’il est arrivé au bout du chemin. Car ce chemin ne se termine jamais, du moins tant que tu n’auras pas rangé tes chaussures au placard pour de bon. J’y ai d’ailleurs longuement pensé à ce jour où j’ai annoncé discrètement que c’était la fin. Nombreux sont ceux qui ont tenté de me faire changer d’avis, mais je ne pouvais raisonnablement plus évoluer au sein d’un monde que je ne maitrisais plus. J’aurais pu pousser un an ou deux, histoire de servir de guide aux plus jeunes. Sauf que le monde où tout est trop dur pour mes vielles articulations ne pouvait décemment pas exister pour moi. J’ai quand même mon honneur. Et puis j’ai suffisamment confiance en les personnes à la tête de ma franchise pour m’obliger à devoir jouer les mentors où quelque chose qui y ressemble une saison de plus.

Cher moi de 17 ans j’ai tout gagné dans ma vie vois-tu. Mais je n’ai rien volé. Et si je n’ai point paradé c’est tout simplement que ces succès furent pour moi le fruit d’un travail à poursuivre sans jamais me croire arrivé à destination. Cette destination est malgré tout arrivée et c’est pour cela que j’avais besoin de t’en parler aujourd’hui. Se battre continuellement, s’entraîner chaque jour, étudier ses adversaires et même ses coéquipiers, viser la planche, sourire le moins possible, ne jamais en faire trop, voilà ce qui fera de toi mon digne successeur.

Et Dieu sait que j’ai hâte que tout ça arrive. Car de cette manière les gens arrêteront peut-être de scander mon nom à tort. Car je suis loin d’être une légende vois-tu. Juste un homme qui voulait faire son boulot et à qui on veut faire croire qu’il était plus doué que les autres. Mais je n’ai fait que bosser. Je te jure, je n’ai fait que ça.

Cordialement et sportivement, veuillez agréer l’expression de mes salutations distinguées, de mes sentiments les meilleurs et de mes plus plates excuses si jamais je n’ai pas été assez poli.

Tim D.

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