C’était il y a seulement 10 ans – Bobcats : la construction laborieuse d’une nouvelle franchise

Le 24 juil. 2016 à 20:04 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, c’est au tour des Charlotte Bobcats

Les Bobcats n’existent que depuis la saison 2004-2005, et sont la 30ème franchise de la NBA : et oui, il n’y en avait que 29 auparavant, la conférence Est n’étant composée que de 14 équipes. En 2002, le proprio des Hornets avait décidé de délocaliser les Frelons vers New Orleans, à la suite de contentieux avec la ville de Charlotte à propos du financement de la salle. Cependant, la NBA avait autorisé la création d’une nouvelle équipe en Caroline du Nord immédiatement après. Le temps de régler toute la paperasse, les Bobcats naissent à l’été 2004, et passent par le processus d’expansion Draft :  chacune des 29 franchises peut protéger 8 de leurs joueurs ou restricted free agent, et les Cats peuvent se servir dans le reste de leurs effectifs. Oui ça équivaut un peu à se manger les restes, mais c’est mieux que rien.  Ainsi, ce sont des joueurs de secondes zones plus quelques bons jeunes – parmi lesquels Gerald Wallace et Primoz Brezec – qui débarquent. Les dirigeants s’arrangent également pour échanger leur quatrième choix et leur second tour contre le second choix détenu par les Clippers, en plus de la promesse de sélectionner un des contrats encombrants de l’équipe de L.A. lors de leur expansion draft. C’est Emeka Okafor, champion avec UConn, meilleur joueur du tournoi et membre de Team USA aux J.O. qui débarque en Caroline du Nord

Bilan : 26-56, 13ème à l’Est

Le 5 :  Raymond Felton (rookie) – Brevin Knight – Gerald Wallace –  Emeka Okafor – Primoz Brezec

Le banc : Jumaine Jones – Kareem Rush – Melvin Ely – Bernard Robinson – Matt Caroll – Sean May (rookie)

Le MVP : Gerald Wallace, 15,2 points, 7,5 rebonds, 2,5 interceptions, 2,1 contres

Avec un effectif composé de joueurs de seconde zone, la première saison des Cats est évidemment une bonne saison de tanking comme on les aime, mais plus par faute de talent que par vraie intention. Néanmoins, il y a quelques bonnes choses à en tirer : Gerald Wallace, Primoz Brezec et Brevin Knight montrent qu’ils ont du basket, ou au moins un niveau de titulaire honnête. Ensuite, le pivot rookie Emeka Okafor s’impose déjà comme le patron de l’équipe et gagne le trophée de Rookie of the Year avec 15 points, 11 rebonds, 1,7 contres et une défense déjà bien solide. De plus, même si la franchise ne gagne que 18 matchs, elle remporte le plus important, face aux Hornets de retour dans la ville, 94-93 après prolongation. Et bim les gars, fallait pas partir. Enfin, les Chats Sauvages sélectionnent à la Draft deux membres de l’équipe de North Carolina, championne NCAA : le meneur Raymond Felton en 5ème position, et l’intérieur Sean May en 13ème. Les dirigeants ne s’attendent pas à jouer immédiatement les Playoffs, mais la construction de l’équipe semble déjà sur de bons rails. La saison 2005-2006 est aussi l’occasion pour la franchise de jouer dans son stade tout neuf

La troupe du coach et GM Bernie Bickerstaff se débrouille pas mal pour une toute nouvelle équipe en remportant 10 de leurs 30 premiers matchs sur les deux premiers mois de compétitions. Fin décembre, Emeka Okafor se blesse, suivi par le rookie Sean May, et l’équipe s’embourbe dans le fond de la conférence Est en enchaînant par un joli 1-15 sur le mois de Janvier. Les Cats ne sont pourtant pas si ridicules et finissent la saison à 26 victoires, tout en continuant à développer leurs jeunes : Gerald Wallace s’affirme comme un leader et un défenseur d’élite, tandis que Raymond Felton s’invite dans la All Rookie second team. Le groupe est prometteur, et Michael Jordan s’invite au capital de la franchise : tout semble de bonne augure…

Le moment marquant de la saison : la Draft d’Adam Morrison, star NCAA

Comme pour toute équipe de bas de tableau, les espoirs des fans sont dirigés vers la Draft : cette année là, les Cats sélectionnent en 3ème position.  Ils récupèrent Adam Morrison, qui sort d’une saison exceptionnelle avec Gonzaga. Reconnu pour ses capacités au shoot, l’ailier a fini meilleur marqueur du pays avec 28,1 points par match, dont 5 matchs à plus de 30 points. Il a également été nommé meilleur joueur de l’année aux côtés de J.J. Reddick, et a mené son équipe au Sweet Sixteen de la March Madness. Le junior est diabétique et a surtout un swag négatif à faire s’étouffer Russell Westbrook, mais cela ne semble pas préoccuper les dirigeants. Sa première saison sera en demi-teinte, avec quelques coups d’éclat dont un match à 30 points, mais à côté de ça le shooteur ne tourne qu’à 37% et souffre en défense. En Octobre 2007, il s’explose les ligaments du genou dans un match de présaison et ne jouera plus jamais avec les Bobcats… le début d’une série de mauvais choix pour la franchise de Jordan.

10 ans plus tard, les Bobcats n’existent plus, et personne ne les a pleurés. Les Hornets sont revenus triomphalement à la maison et ont récupéré le palmarès des Cats. Un palmarès d’ailleurs peu glorieux : deux premiers tours de Playoffs en 10 ans, un record de nullité l’année du lock-out avec 7 victoires pour 59 défaites et des choix calamiteux dans la gestion de la franchise. Cependant, depuis la dernière année des Cats, puis avec le retour des Hornets, Michael Jordan a lâché du lest dans son emprise sur l’équipe, qui se porte depuis bien mieux. Après une saison convaincante et une qualification en Playoffs, les Frelons souhaitent s’installer dans le haut de la conférence Est. Avec un jeu construit développé par Steve Clifford et les cadres de l’équipe Kemba Walker et Nicolas Batum sous contrat, la franchise a tout pour, à eux de le prouver désormais.

Source image : nba.com