Playoffs Revival : Bulls et Celtics nous offrent un premier tour dantesque en 2009

Le 15 sept. 2016 à 16:37 par David Carroz

Bulls Celtics Playoffs 2009 Eastern Conference First Round
Source image : Youtube, montage @TheBigD05

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde parfois certaines rencontres que d’un oeil discret. En ce moment, c’est pire car nous ne sommes même pas en pré-saison et nous autres, fans de NBA, nous n’avons pas le moindre bruit de cuir à nous mettre dans l’oreille, pas le moindre crissement de sneakers sur le parquet à déguster. Pour vous aider à tenir dans ces instants difficiles, voici un de nos petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.

En 2009, c’est le premier tour des Playoffs à l’Est qui va livrer l’une des plus belles séries de l’histoire de la NBA. Alors certes, la dramaturgie reste pour un simple accessit en demi-finale de Conférence, mais le duel entre les jeunes Bulls et expérimentés Celtics a accouché d’un monstre : quatre matchs décidés en overtime, sept prolongations sur l’ensemble de la série, cinq rencontres avec moins avec un panier d’écart.

Le contexte – les C’s veulent le back-to-back, les Bulls veulent voir les Playoffs

La réunion de Kevin Garnett, Ray Allen et Paul Pierce à Boston a porté ses fruits dès la première saisons, les Celtics ayant ramené le titre dans le Massachussetts en 2008, soit quelques mois seulement après ce coup de maitre de Danny Ainge. Mais le chemin qui mène au back-to-back est semé d’embuches, comme la blessure de KG dont la participation aux Playoffs est plus que compromise. Pas quoi diminuer les ambitions des hommes verts au moment d’attaquer la post season et de se frotter aux jeunes Bulls du rookie Derrick Rose qui retrouvent les Playoffs grâce à un bilan équilibré (41-41) après une saison sans joute printanière. Côté infirmerie, ils devront pour leur part composer sans Luol Deng. Les expérimentés C’s restent sûrs de leur force, eux qui ont seulement été devancés par les Cavaliers à l’Est (66-16) en remportant 62 succès.

La performance – hustle, muscle and overtime

Game 1 : un Derrick Rose et une victoire historiques – Bulls 105-Celtics 103

Il parait que l’expérience est un atout majeur en Playoffs. Mouais, Derrick Rose n’est pas convaincu, lui qui a égalé pour ses débuts le record de Kareem Abdul-Jabbar avec 36 pions envoyés pour sa première en post-season. Avec en prime 11 caviars, il a également rejoint Chris Paul en tant que seul joueur a entamé sa carrière en Playoffs avec au moins 35 points et 10 passes. Enfin, jamais aucun joueur des Bulls n’avait atteint un tel total au scoring depuis la retraite de Michael Jordan. Bref, de quoi largement lui pardonner d’avoir abandonné ses coéquipiers en fin de prolongation après avoir pris sa sixième faute, pendant que Tyrus Thomas assurait le service en envoyant six des huit points chicagoan durant cette période. De quoi permettre aux Bulls de battre pour la première fois de leur histoire les Celtics en Playoffs, profitant de la détresse au shoot de Ray Allen (1/12, 4 points) et du lancer franc manqué en fin de quatrième quart-temps par Paul Pierce qui aurait pu sceller la rencontre. Un upset pas forcément attendu et qui lance de fort belle manière la série qui s’annonce tout d’un coup indécise. De quoi piquer les C’s dans leur orgueil alors que les Bulls voient leur confiance gonflée.

Game 2 : au tour des shooteurs d’UConn de dégainer – Bulls 115-Celtics 118

Deux jours après son match galère, Ray Allen va rappeler à tout le monde quel joueur il est avec 30 pions et un 6/10 du parking, dont une ogive à 2 secondes de la fin qui plie la rencontre et permet aux Celtics d’empocher la victoire de trois petits points. Un missile en réponse à l’égalisation de Ben Gordon, auteur d’une performance de mammouth avec 42 unités au scoring à 14/24 dont 6/11 de loin, qui a poussé Jésus Shuttlesworth et ses coéquipiers dans leurs derniers retranchements. Insuffisant cependant pour porter les Bulls vers un nouveau succès au Garden lors de ce match qui a tourné en un duel entre les deux anciennes gâchettes de UConn. Une lutte pas seulement du parking, mais aussi physique à l’instar des deux équipes qui ont passé le niveau supérieur en terme d’engagement et qui ne manquent pas d’argument quand il s’agit de sortir les muscles. Direction l’Illinois maintenant où les C’s comptent bien récupérer l’avantage du terrain perdu lors du Game 1.

Game 3 : Derrick Rose reçoit son ROY et une fessée des Celtics – Celtics 107-Bulls 86

Pour ceux qui se demandaient si les Celtics étaient capables de défendre en l’absence de Kevin Garnett et après deux premières rencontres loin d’être convaincantes de ce côté du parquet, les hommes de Doc Rivers ont répondu par l’affirmative, faisant vivre un calvaire à l’attaque des Bulls et à Derrick Rose. Alors qu’il venait de recevoir son trophée de Rookie of The Year devant son public, il a ensuite été éteint par Rajon Rondo qui à l’instar de ses coéquipiers avait mis les barbelés en haussant le ton défensivement et agressivement. Tout l’inverse des Chicagoans, bien loin de leur niveau d’intensité de l’ouverture de la série et qui terminent donc avec les fesses aussi rouge que leur logo, laissant les C’s reprendre le contrôle de la série après une défaite de 21 pions. L’expérience en Playoffs, ça sert, et les Bulls en manquent cruellement.

Game 4 : overtime, le retour – Celtics 118-Bulls 121

Il est écrit que rien ne sera facile pour les C’s. En tout cas, pas battre des Bulls accrocheurs, à l’image de Brad Miller qui se chauffe avec Glen Davis. Ou d’un Ben Gordon qui envoie une ogive pour arracher la seconde prolongation – alors qu’il souffre des ischios et quil va devoir passer par la case IRM – histoire de répondre au shoot du parking de Ray Aleln qui avait déjà permis d’offrir aux fans du United Center de profiter de minutes de spectacle supplémentaires. Ou bien d’un John Salmons, en mode sangsue sur Paul Pierce pour contrer la tentative de “The Trousse” à la fin de la seconde overtime. Ou enfin d’un Derrick Rose, bien meilleur et surtout clutch malgré la défense solide d’un Rajon Rondo auteur de son second triple double de la série. Insuffisant pour Boston, l’envie des bovidés était supérieure. Et même s’il a fallu encore deux prolongations, la victoire est au bout, c’est bien la seule chose qui compte.

Game 5 : overtime, épisode 3 – Bulls 104-Celtics 106

La série avance et l’intensité augmente, laissant l’atmosphère irrespirable. Pas de doute, c’est bien au niveau de l’intensité et de l’engagement que chacune des deux équipes veut mettre son adversaire KO, en témoignent les points nécessaires pour soigner – entre autres – les bobos de Kirk Hinrich ou de Brad Miller. Un intérieur des Bulls malheureux en prolongation, ratant ses deux ultimes lancers francs – le dernier volontairement – alors qu’il aurait pu permettre aux siens d’égaliser. Et oui, c’est encore en overtime que tout s’est joué et où les Celtics ont pris le dessus, portés par un étrange Big Three. Kevin Garnett toujours en tenue de ville et Ray Allen fouled out, Paul Pierce aurait pu se trouver bien démuni. Mais il a trouvé en Kendrick Perkins (16 points, 19 rebonds et 7 contres) et Rajon Rondo tout proche d’un nouveau triple double (28 points, 11 passes, 8 rebonds) un soutien vital lorsqu’il a décidé de prendre la rencontre à son compte. Après la sortie de son artilleur, il s’est fendu de 12 de ses 26 points en 10 minutes, avec des shoots de grande classe.

Game 6 : le match le plus long – Celtics 127-Bulls 128

Pour ceux qui pensaient que la série avait déjà atteint son paroxysme, ils n’avaient en fait rien vu. Si les cinq premières manches ont apporté leur lot de suspens et de performance, que dire que ce sixième match, conclu par les deux actions décisives de Joakim Noah et Derrick Rose après trois prolongations ? Mais avant cela, Ray Allen a envoyé 51 pions dans la musette des hommes de Vinny Del Negro. Les fautes techniques sont tombées facilement, comme entre Rajon Rondo et Kirk Hinrich dès le premier quart-temps. Mais au final, c’est l’interception de Jooks que le Français transformera en dunk de l’autre côté du parquet, avec la sixième faute de Paul Pierce tentant le tout pour le tout pour rattraper sa perte de balle. Puis le contre de D-Rose sur une tentative de RR9 à moins de 8 secondes du terme de cette troisième overtime. Il y aura donc une septième rencontre entre Bulls et Celtics, alors que le record de nombre de prolongations en une série – 7 – et celui du nombre de matchs nécessitant du rab de temps de jeu – 4 – est déjà dans le panier des deux équipes.

Game 7 : les C’s, finalement – Bulls 99-Celtics 109

Cette fois-ci, Boston ne laissera – quasiment – pas les Bulls espérer bien longtemps. Hors de question de se payer une nouvelle prolongation, même à domicile, et prendre le risque d’une élimination qui ferait tâche. Alors les C’s ne trainent pas en route et calent un 29-11 aux Taureaux au deuxième quart-temps, pour prendre définitivement le contrôle du match, de la série, et assurer ainsi leur qualification. Dans la douleur certes. Il aura fallu des performances de haut niveau, du répondant physique et de la grinta. L’agressivité et l’expérience, tout en montrant que l’appétit n’était pas rassasié par le titre de 2008. Et pour cette dernière, un apport du banc qui n’aura pas été fréquent durant l’ensemble des sept matchs, puisque Eddie House envoie un 5/5 au tir pour scorer 16 pions, laissant les Bulls sans solution. Doc Rivers et les siens le savent, tout n’a pas été beau et il faudra faire mieux par la suite. Permettons nous de les contredire, on a trouvé ce duel sublime.

La suite – deux générations, deux destins

Cette lutte pèsera lourd dans les jambes des Celtics qui se feront sortir au tour suivant. Par la suite, ils retrouveront les Finales NBA en 2010 et perdront face aux Lakers, laissant filer l’occasion de remporter un dernier titre avec ce groupe qui semblera perdre son souffle par la suite avec un Big Three vieillissant et malgré l’explosion de Rajon Rondo. Les Bulls chercheront à construire sur cette expérience, même s’il leur faudra attendre l’arrivée de Tom Thibodeau, l’ancien des C’s, pour franchir un palier et faire partie des favoris. Pour rien, puisque LeBron James et les pépins physiques les empêcheront d’atteindre les Finales.