Damian Lillard a-t-il définitivement gagné le respect cette saison ?

Le 15 juil. 2016 à 17:44 par Benoît Carlier

En soufflant ses 26 bougies dans sa ville d’adoption à Portland ce 15 juillet 2016, Damian Lillard aura forcément une pensée particulière pour tous ses détracteurs et les personnes qui n’ont pas cru en lui. Malgré tout le chantier effectué depuis son arrivée dans la Grande Ligue, il lui reste encore du boulot avant d’être enfin considéré à sa juste valeur.

Du haut de ses 191 centimètres, le meneur a déjà mis du monde dans sa poche lors de ses quatre premières saisons dans l’élite. Ses dirigeants n’ont d’ailleurs pas hésité à lui proposer le plus gros contrat de l’histoire de la franchise l’été dernier avec un chèque de 120 millions sur 5 ans qui ne fait plus sourire personne à une époque où Chandler Parsons frôle les 100 patates réparties sur quatre saisons. Pourtant, ils étaient encore beaucoup à faire la grimace à l’idée de filer les clés d’une équipe au jeune point guard il y a un an. Sans LaMarcus Aldridge, ni ses trois autres coéquipiers du cinq majeur, la première expérience du gamin d’Oakland en tant que franchise player s’annonçait compliquée. Mais notre birthday boy adore les défis et il s’est amusé à prendre les spécialistes à revers du côté de l’Oregon cette année. Avec un groupe a priori trop faiblard pour espérer quoi que ce soit dans la jungle ultra compétitive de la Conférence Ouest, Damian Lillard a mis un cross à 99,99% des observateurs et des fans en qualifiant Portland pour les Playoffs avec l’aide de ses coéquipiers. Encore plus improbable, c’est à la cinquième place que l’on a retrouvé les successeurs de Clyde Drexler sous la tunique noire et rouge des Pionniers. Mais les soldats du Moda Center ne se sont pas arrêtés là puisqu’ils ont fait chuter des Clippers un peu poisseux pour retrouver Golden State au tour suivant. Cette fois pas de miracle malgré une belle résistance qui a plus dérangé Steve Kerr et ses petits protégés que le score de la série en cinq ne le laisse penser, comme lors de ce soir de février où les Warriors avaient pris l’eau chez leurs voisins du nord avec leur plus lourde défaite de la saison par exemple.

Leader sur le terrain et irréprochable en dehors, “Dame” a surpris bon nombre de langues de vipères par sa capacité à mener un groupe une année durant avec le poids de la pression sur ses épaules. Car outre des statistiques encore en hausse malgré un temps de jeu identique (25,1 points, 6,8 passes et 4 rebonds en 36 minutes), c’est surtout dans son approche du jeu que le numéro 0 en hommage à sa ville natale a franchi une étape cette saison. Alors qu’on pouvait s’attendre à un triste spectacle de soliste esseulé en attaque, Damian Lillard a embrassé son nouveau rôle de leader en essayant d’impliquer tout le monde autour de lui, de C.J. McCollum à Noah Vonleh. Son collègue du backcourt qui a d’ailleurs eu une progression fulgurante aux côtés du All-Star grâce à des responsabilités partagées qui lui ont permis de tripler ses statistiques et de devancer Kemba Walker et Giannis Antetokounmpo au classement récompensant le MIP. Plutôt que de tirer la couverture à lui en soignant ses statistiques individuelles, le 6ème choix de la Draft 2012 a pris son rôle de leader très à cœur en invitant ses nouveaux coéquipiers à le rejoindre du côté de San Diego au beau milieu de l’été pour préparer la saison qui se profilait en amont de l’habituel training camp, preuve de sa réelle implication dans le succès de l’équipe. Un dévouement finalement payant quand on voit la force du collectif des Blazers sur cette campagne 2015-16 avec la révélation d’un Allen Crabbe en sortie de banc par exemple ou le vrai apport d’Ed Davis et Mo Harkless dans la second unit également. La transition depuis le départ de LMA a donc été gérée d’une main de maître par le meneur sans faire de détour par la case lottery pick comme tout le monde l’avait annoncé. Damian Lillard nous a prouvé qu’il avait la carrure pour être à la tête de son équipe et il va falloir que tout le monde se le mette dans le cerveau.

Car c’est bien de reconnaissance dont il est question aujourd’hui. À 26 ans et au bout de quatre saisons complètes en NBA jamais terminées en dessous de 19 points, 5,6 passes et 3,1 rebonds de moyenne, Damian Lillard peine encore à être reconnu comme une superstar de la Grande Ligue. En 2016, malgré son statut de franchise player, il a ainsi – encore – été privé de All-Star Game. La faute à un Kobe Bryant en pré-retraite certes bien sûr, mais aussi à la sélection d’un Klay Thompson devant lui par exemple. Ce choix des coach, s’il n’est pas scandaleux, fait au moins débat même si les Warriors étaient alors en route vers un record historique en saison régulière. Un an plus tôt, il avait déjà dû attendre les forfaits de Kobe et de Blake Griffin avant de se voir invité à la fête à New York. Il y a quelques mois, en février, il a fallu que Dame DOLLA passe un coup de fil à Jerry Colangelo pour être ajouté à la liste des 30 joueurs présélectionnés pour faire partie de la Team USA qui serait envoyée à Rio cet été et dans laquelle il ne faisait d’abord pas partie. Sans vouloir manquer de respect à Mike Conley ou même à John Wall, le patron des Trail Blazers mérite au moins tout autant sa place dans cette nouvelle équipe cheatée. C’est sûrement en ne voyant pas son téléphone sonner à mesure que les point guards déclaraient forfait qu’il a lui même jeté l’éponge pour cette édition 2016 où Kyrie Irving et Kyle Lowry représenteront finalement la nation étoilée à la mène. En tant que compétiteur né, l’une des nouvelles égéries de la marque aux trois bandes n’a donc pas à chercher très loin pour puiser sa motivation alors que les preuves de manque de respect à son égard s’accumulent au rythme des fautes techniques de Draymond Green. Ce soir, il leur portera un toast en se promettant qu’un jour ils reviendront le supplier pour qu’il leur prête ses services.

Le manque d’attractivité de Rip City ainsi que la redoutable concurrence au poste de meneur n’aident certainement pas Damian Lillard à se faufiler tout en haut de l’affiche mais ce n’est pas ce qui le freinera dans son envie de fermer des boîtes à camembert par paquets de douze. Si 26 ans n’ont pas suffi à leur faire comprendre ça, peut-être que la 27ème sera la bonne. Alors comptons sur “Dame” pour repartir au charbon comme il l’a toujours fait, avec l’intime conviction que tous ses efforts finiront par payer un jour. Et quand ce moment arrivera, DL0 saura exactement vers qui se tourner pour partager son gâteau d’anniversaire. Cheers !

Source image : ComCast Sports Net North West