Le paradoxe LeBron James : ce monstre qui galère à gagner comme un vrai champion

Le 13 juin 2016 à 17:37 par Alexandre Martin

LeBron James

Il faut le reconaître, avec le temps, LeBron James est devenu bien plus qu’un immense basketteur. Il est devenu un businessman complet, ayant tout compris des rouages de la NBA et de l’impact des médias sur le sport de haut niveau. Il faut le reconnaître aussi, sa sortie en conférence de presse à propos de son accrochage avec Draymond Green était une petite merveille en termes de communication et de vice dont le but n’était pas juste de se plaindre mais bien de mettre la puce à l’oreille des instances de la Grande Ligue, les poussant ainsi à revoir l’action et à sanctionner le Warrior. 

Car c’est là que LeBron l’a joué fine, en mettant sur la table le dossier d’un gars qui était déjà dans le collimateur d’Adam Silver et de ses sbires. On sent que le King a parfaitement retenu les leçons médiatiques de son départ de Cleveland pour Miami en 2010 suite à une “Décision” envoyée dans la bouche des fans lors d’une émission TV qui deviendra son talon d’Achille, ce petit truc qui fait que beaucoup avaient un goût amer en pensant à lui. On sent qu’il a souffert de cette situation, de ne pas être aimé par TOUS les fans de balle orange alors qu’il était – et est toujours même si certains lui mènent la vie dure – LE meilleur joueur de basket de la planète. Bref, LeBron a appris à ses dépens toutes les subtilités de la vie publique de la star qu’il est. Et en bon élève, intelligent et bosseur, il a mis en pratique ce que son expérience lui a permis d’assimiler. Malheureusement, cela s’est tout de même un peu fait au détriment d’un certain panache.

En 2014, après s’être fait rouster par des Spurs injouables en Finales NBA, James a décidé de ne pas rester à Miami et a profité de sa position d’agent-libre pour quitter la Floride. Un choix tendu étant donné son passif en tant que “déserteur”. Mais un choix savamment orchestré et guidé par un retour au pays qui a donné un vrai sens à ce deuxième départ. Revenir à la maison avec pour objectif de remporter le titre dans sa franchise d’origine, une franchise qui n’a jamais rien gagné, une franchise qu’il avait laissée en plan quatre ans plus tôt et qui n’avait que vogué de galère en galère sans même voir les Playoffs depuis… Un coup parfait d’un point de vue image et qui pourrait faire de King James une véritable légende si jamais il parvient un jour à ramener une bagouze dans l’Ohio. Enfin une véritable légende, LeBron en est déjà une, sans aucun doute. Un vrai champion ? Un vrai tueur au mental d’acier ? Voilà qui est déjà un peu moins sûr. Car si sa pseudo réputation de joueur pas clutch ou de “chokeur” est clairement usurpée tant on ne compte plus le nombre de fois où James a répondu présent dans de grands moments, celle qui consisterait à dire que le roi ne supporte pas qu’on lui résiste ou qu’il ne peut s’empêcher d’utiliser la voie médiatique pour arriver à ses fins au lieu de vraiment tout donner sur le parquet, oui cette réputation pourrait bien lui coller à la peau jusqu’au bout de sa carrière et même encore longtemps après.

C’est moche mais c’est pourtant assez flagrant dans ces Finales. Et l’incident avec Draymond Green en est un exemple de plus. Frustré, LeBron s’est laissé piégé par l’ailier-fort des Warriors. Oui, ce dernier l’a certainement insulté. Oui, ce dernier lui a effleuré les bourses suite à un accrochage dans lequel LeBron est loin d’être tout innocent. Oui, tout cela est vrai mais au lieu de répondre en champion, c’est à dire sur le parquet, James vient de passer par la voie médiatique pour se venger… C’est moche. C’est même décevant de la part d’un joueur qui est censé être un grand compétiteur, un joueur n’ayant peur de personne et possédant un mental à toute épreuve. Ce “coup”, cette déclaration en conférence de presse fut magnifiquement orchestrée. Cela va redonner un peu de suspense à une série qui semblait devoir inexorablement se terminer demain soir dans l’antre des Warriors car, bien évidemment, sans Draymond Green, c’est une toute autre histoire.

Mais justement, c’est bien d’histoire dont il s’agit. Et gagner comme un vrai champion laisse toujours une bien meilleure marque dans les annales d’un sport. LeBron James devrait être remonté à bloc, il devrait faire en sorte de booster ses coéquipiers, les exhorter à tout donner pour battre ces Guerriers venus d’Oakland qui sont en train de leur piquer le titre pour la deuxième année d’affilée. Et non, au lieu de ça, LeBron chouine. LeBron fait de la manipulation d’instances NBA en conférence de presse. C’est moche… Se plaindre n’est pas un truc de champion. Un champion ça souffre en silence, ça rumine chaque défaite et s’en sert pour revenir plus fort à chaque fois. A Miami, LeBron avait Dwyane Wade pour lui montrer la voie du titre. Et s’il a été le meilleur joueur de ce Heat deux fois titré en 2012 et en 2013, on peut se douter que dans les moments difficiles, la présence et le mental de tueur de D-Wade ont été des appuis essentiels pour le King. Aujourd’hui, à Cleveland, il doit assumer ce rôle seul et cette saison 2016-2016 nous montre bien qu’il a du mal. Entre le licenciement de David Blatt, des Playoffs trop faciles à l’Est et des Finales très compliquées, LeBron James ne se comporte pas vraiment comme un champion dans l’adversité.

C’est bien dommage. Cela n’enlève rien au fait que James est un joueur exceptionnel. Un joueur unique, magnifique à voir évoluer, un OVNI de puissance, de technique et de vision de jeu. Un joueur assez inimitable et qui va laisser une trace absolument indélébile sur les parquets de la Grande Ligue. Mais, même si le King et ses Cavs réussissent – par miracle – à retourner ces Finales, cet épisode va contribuer à laisser un petit goût amer, ce petit truc qui peut nous empêcher de l’idolâtrer à 100%. Ce petit truc fait d’un mélange de panache et de goût du défi qu’ont les immenses champions et qui semble faire défaut à LeBron James…

Source image : NBA TV


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