Profil draft 2016 : Furkan Korkmaz, le shooteur interdit de salle de muscu par l’Anadolu Efes

Le 09 juin 2016 à 16:32 par David Carroz

Parfois, on a beau n’être qu’un gamin et évoluer loin des USA avec un temps de jeu réduit, cela ne nous empêche pas d’avoir la cote chez l’Oncle Sam. La preuve avec Furkan Korkmaz, jeune turc de 18 ans portant le maillot de l’Anadolu Efes et qui pourrait bien voir son nom appelé par Adam Silver lors du premier quart de la soirée, soit parmi les lottery picks.

Profil

> Âge : 18 ans. Né un 27 juin selon Draft Express, comme Doug West et George McLoud. Désolé, on n’a pas trouvé plus connu. Mais dans la vraie vie il serait plutôt du 24 juillet, ce qui le met en compagnie de Karl Malone. On change de standing.

> Position : arrière. C

> Equipe : Anadolu Efes (Turquie). Premier club turque à avoir envoyer un joueur en NBA avec Mirsad Turkcan en 1999.

> Taille : 2m, autant dire largement suffisant pour le poste 2 en NBA.

> Poids : 84 kilos tout mouillé. Pas fort comme un Turc.

> Envergure : inconnue. Mais il semblerait largement capable de couper son kebab de loin.

> Statistiques 2016 : 4,4 points à 46,8% et 40,8% du parking, 1,3 rebond et 0,6 passe en 11,7 minutes (Euroleague +BSL)

> Comparaison : Gordon Hayward dans le meilleur des cas, mais sans la coupe de Macklemore, Marco Belinelli sans la ressemblance avec Jean Reno ou Nik Stauskas sans conduire le tank des Sixers.

> Prévision TrashTalk : lottery pick, peut-être glissera-t-il jusqu’à la 18ème place mais pas plus.

Qualités principales

#Taille et fluidité

Avec les deux mètres atteints et dépassés, Furkan Korkmaz ne souffrira pas de problème de taille face aux arrières NBA, bien au contraire puisque cette hauteur lui ouvrira même des minutes à l’aile. Surtout que pour sa taille, il dispose d’une bonne fluidité dans ses déplacements. Cela se voit particulièrement en transition car même s’il n’est pas bondissant sur attaque posée, il se déplace avec aisance sur contre-attaque, changeant bien de direction et prenant les bonnes courses poour s’ouvrir le chemin du cercle. Toujours en transition, il peut créer du jeu sur ces séquences. De la création qu’on retrouve sur demi-terrain où sa taille lui permet de dominer son défenseur, ce qui lui ouvre des lignes de passe en voyant par dessus son adversaire. Et bien en entendu, il est au dessus de son homme également lorsqu’il s’agit de prendre un shoot sur son crâne, ce qui lui donne une bonne qualité à mi-distance grâce à cette taille donc et un geste qu’il conclu par un lâcher rapide et avec la balle bien haute.

#Instinct de scoreur

Scorer est dans la nature de Furkan Korkmaz, que ce soit avec ou sans la balle en situation offensive. Il est capable de rentrer des gros shoots, même s’il n’a pas trop eu cette opportunité à l’Enes, laissant ça aux mecs plus expérimentés. Mais cela n’enlève rien au fait que tel Uncle Drew, il peut dire “I get buckets”. Sur catch and shoot par exemple, puisqu’il se prépare bien afin d’être en situation de tir avant de relâcher la balle rapidement dans un geste qui rappelle celui de Stephen Curry, toute proportion gardée. Afin d’être libre, il se déplace très bien sans la balle, pour couper au cercle ou se positionner sur le parking, profitant parfaitement des écrans. Sur pick and roll également il sait utiliser le corps de ses coéquipiers. Avec un petit handle pas dégueu, il est à l’aise pour faire payer les grands adverses sur les switchs à base de crossovers – classiques certes, mais assez efficaces – suivis de stepbacks. Il change de vitesse ou de direction pour tromper l’adversaire et comme il n’a pas besoin de beaucoup d’espace pour envoyer la sauce, il profite de chaque occasion lorsqu’un décalage se crée après un dribble. En isolation aussi, il essaie de changer de rythme pur créer cet espace. Son départ sur son premier appui est plutôt explosif, ce qui lui permet là aussi de s’offrir un peu d’oxygène afin de shooter ou attaquer le cercle. Joueur malin, il use – et abuse par moment – de feintes qui sont suivies d’un pullup ou d’une pénétration.

#Qualités de playmaker

Furkan Korkmaz est un joueur plutôt intelligent et rusé, ce qui lui permet également, du moins en Turquie, d’évoluer meneur par séquences. En transition, il utilise sa fluidité et ses déplacement pour ouvrir des lignes de passes et ainsi créer du jeu, sachant quand lâcher la gonfle. Ce constat vaut aussi sur pick and roll où son timing pour distribuer la balle au grand qui plonge est de bonne qualité. Comme déjà évoqué, le premier pas du Turc lui permet de casser la défense adverse en créant de l’espace, et il n’hésite pas ensuite à ressortir le ballon de manière créative. Sa compréhension du jeu et son instinct pour les passes se retrouvent aussi en défense puisqu’il sait couper les lignes pour intercepter la balle sur les transmissions adverses. Il profite de son allonge pour être bon sur interception, mais de manière générale, sa défense doit progresser.

#Expérience pour son âge

Alors qu’il n’aura pas encore soufflé ses 19 bougies le soir de la Draft, Furkan Korkmaz a déjà dans les pattes 38 matchs d’Euroligue et près du double en championnat de Turquie. Autant dire qu’il dispose d’une certaine expérience du monde professionnel et que contrairement à la majorité de ses collègues de cuvée, il s’est déjà frotté à des bonhommes et pas suelement à des gamins du même âge que lui. De quoi lui donner plus de maturité, surtout qu’il faisait également partie de la sélection ottomane lors de l’Euro 2015. Motivé pour jouer en NBA, il parle déjà bien l’Anglais, dernière preuve de son envie. Humble et bosseur, il est bien entouré et connait le prix à payer pour réussir.

Défauts majeurs

#Défensivement très moyen

Si Furkan Korkmaz sait mettre le ballon dans un panier, c’est plus difficile pour empêcher son adversaire de le faire. Il faut dire qu’avec son manque de muscle, il galère sérieusement pour contenir les pénétrations. Et comme il ne compense pas cette lacune physique par une maitrise technique ou un investissement de tous les instants, il se fait vite marcher dessus. Son souci de volume – qui n’empire pas mais ne s’améliore pas non plus – va être un véritable handicap en NBA car il va se trouver très juste physiquement. Bonjour le gars qui manche son post up à la moindre occasion et qui recule à chaque coup de fesse. Il doit clairement passer par la salle de muscu, mais aussi aller en cours pour apprendre les fondamentaux en défense. Sa position et son attitude ne sont pas adaptées puisqu’il ne se baisse pas assez et qu’il laisse régulièrement des boulevards à son adversaire. Ce qui est d’autant plus visible qu’il ne montre aucun effort. Il manque de dureté et de concentration et l’intensité est rarement au rendez-vous. Entre les oublis sur les rotations et les absences quand il s’agit de suivre son joueur loin du ballon, il annonce déjà la couleur pour concurrencer James Harden.

#Créer face à des gamins ok, mais en NBA ?

Si Furkan Korkmaz a le profil d’un scoreur en Europe, qu’en sera-t-il en NBA ? La grande crainte est que son déficit physique et athlétique fasse de lui un joueur unidimensionnel, uniquement là comme shooteur longue distance. Ce n’est déjà pas mal me direz-vous, mais cela fera baisser sa cote. D’ailleurs la question qui se pose est de savoir si face à des mecs plus balèzes il dispose de suffisamment de matos pour être efficace, car il sera bien plus gêné lorsqu’il souhaitera prendre un pullup. S’il est fluide, il manque de dynamisme et d’explosivité et il n’est pas le mec le plus rapide balle en main. D’ailleurs il peut même se perdre par moment dans ses dribbles, ce qui le ralentit encore plus. Des lacunes qui couplées à son déficit de muscle font qu’il ne provoque pas beaucoup de fautes. Il faut dire qu’il craint le contact et qu’il manque de dureté, préférant miser sur son toucher et ses feintes. Comme lorsqu’il balance un flotteur au lieu d’aller conclure au cercle. Enfin, si on l’a vu évoluer meneur sur certaines séquences avec l’Efes, sa vision du jeu ou plutôt ses choix de passes peuvent parfois surprendre. Être créatif c’est bien, mais bizarre c’est problématique. Surtout quand on balance la gonfle en priant pour qu’elle arrive dans les bonnes mains après avoir quitté trop rapidement ses appuis. S’il veut vraiment faire son trou, il doit bosser pour devenir un bien meilleur playmaker et apporter ainsi une corde de plus à son arc.

Conclusion

Avec son profil de joueur qui pourrait très bien rester s’aguerrir une année de plus en Europe, on imagine bien une franchise disposant de plusieurs picks miser sur lui histoire d’avoir déjà un vrai rookie pour la saison prochaine, et un projet sur le plus long terme avec Furkan Korkmaz. Mais étant donné le manque de vrai talent de shooteur parmi les prospects de la cuvée, le Turc attirera du monde pour apporter ses qualité à dégainer derrière l’arc recherchée dans la Ligue. Allez, avec un un passage par la salle de muscu et de la bonne volonté, on tient peut-être un futur titulaire NBA dans les anénes à venir, ou un remplaçant de qualité.

Source image : pelicandebrief.com


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