Profil Draft 2016 : Guerschon Yabusele sort les muscles pour faire sa place en NBA

Le 22 mai 2016 à 12:40 par David Carroz

Deuxième Français présenté sur TrashTalk, deuxième ailier-fort, mais un profil complètement différent. Après Petr Cornelie, c’est au tour de Guerschon Yabusele de passer à la moulinette de la rédaction. Le jeune intérieur de Rouen avait déjà impressionné les scouts à la foire aux rookies dès l’Eurocamp de l’an dernier mais il avait préféré continuer sa formation en Pro A du côté de la Normandie. Et la réussite de sa seconde partie d’exercice l’a conforté dans son choix.

Profil

> Âge : 20 ans. Né un 17 décembre, comme un certain Antoine Rigodeau. Pas bon signe pour une carrière NBA, il lui reste l’Europe pour briller.

> Position : Ailier-fort. Mais genre très fort, avec des gros muscles

> Equipe : Rouen. En France pour ceux qui sont nuls en géographie.

> Taille : 201 centimètres. Pas énorme pour un intérieur.

> Poids : 121 kilos. Et pas beaucoup de graisse.

> Envergure : 213 centimètres. Pour compenser sa taille.

> Statistiques 2016 : 11,5 points à 53,9% dont 42,6% du parking, 6,8 rebonds, 1,1 passe et 1,1 interception en 28,7 minutes

> Comparaison : Kyle O’Quin, Gary Trent, un tank mais pas celui des Sixers.

> Prévision TrashTalk : Début de second tour.

Qualités principales

# Force et explosivité

Ce qui frappe le plus lorsqu’on regarde Guerschon Yabusele avant même de le voir sur un parquet, c’est son physique de déménageur. Dans le genre armoire à glace pour servir de garde du corps, sa reconversion est toute trouvée. Mais en attendant c’est au basket qu’il joue et on espère pour lui qu’il réussira dans cette voie. En tout cas, il a les épaules pour puisqu’on peut d’ores et déjà dire qu’il est armé de ce côté-là pour affronter la NBA. Avec un haut du corps très costaud, il en impose. Et il sait se servir de cette force pour faire sa place dans les raquettes françaises, telle une boule fonçant dans des quilles. Ce qui impressionne le plus quand on voit le torse massif de Guerschon, c’est qu’il s’agit d’une force naturelle qui pourrait faire encore plus peur aux adversaires s’il suit un programme à base de fonte aux US. Kaaris peut ranger son matos, dites lui de notre part. Mais ce côté massif ne doit pas faire oublier qu’il reste mobile et très explosif, avec un gros moteur. Parfait pour courir sur les contre-attaques et se battre au rebond.

# Loin d’être qu’une brute

On l’évoquait déjà un peu au-dessus, mais Guerschon Yabusele est un joueur agile malgré son gabarit et avec des pieds vifs. De quoi vous botter le cul, mais surtout lui permettre de se déplacer avec aisance. Autres membres loin d’être inutiles pour le joueur formé à la Chorale, ses mains. Ben oui, ça sert pour jouer au basket. Et elles aussi sont un de ses points forts puisqu’il dispose d’un joli toucher à proximité du cercle, bien loin de paluches toutes carrées qu’on pourrait attendre en voyant sa carrure. Et oui, Guerschon est loin de n’être qu’une brute, il dispose d’un bagage technique intéressant et d’un QI basket élevé. Un mec intelligent avec un bon sens du jeu, capable de faire sauter ses adversaires avec des petites feintes bien senties. Mais surtout, on peut le voir s’écarter du panier pour envoyer des ogives puisqu’il possède une belle mécanique de tir, avec une trajectoire sympa.

# De la défense

De l’autre côté du parquet, Guerschon Yabusele propose également quelques argument qui jouent en sa faveur. Avec son sens du jeu déjà évoqué en attaque, on retrouve une caractéristique similaire en défense et une facilité à anticiper. Quand on comprend bien ce qui se passe sur un parquet, c’est toujours un plus. Ce qui lui permet d’être un bon intercepteur, que ce soit en déviant la balle ou même en la piquant des mains de ses adversaires sans faire faute, secteur dans lequel sa vivacité et son allonge sont de précieux atouts. Sur pick and roll également, ces caractéristiques physiques lui permettent d’être un bon défenseur.

 

Défauts majeurs

# L’important c’est pas la taille, mais ça compte quand même

Les adolescents se consolent souvent en se disant que l’important c’est pas la taille, c’est le goût, mais en NBA, être grand peut se présenter comme un atout. En mesurant 2m03 avec les chaussures, c’est-à-dire plutôt 2 mètres, Guerschon Yabusele a plus la hauteur d’un ailier que d’un intérieur, même si son allonge compense un peu ce déficit de verticalité. Malheureusement, il n’a pas le dribble ni encore le shoot – même s’il se débrouille bien – pour évoluer poste 3. Il va donc lutter face aux brutes des raquettes NBA en galérant pour défendre sur des mecs qui lui prendront régulièrement plus de huit centimètres. D’un point de vue physique, notons aussi que si le torse est impressionnant, les jambes le sont moins et le Frenchy gagnerait à se tonifier au niveau des membres inférieurs.

# Trop d’agressivité

Avec son physique, Guerschon Yabusele, on l’imagine bien dans un combat de pitbulls. Surtout qu’il donne tout sur le parquet. Sauf que si se battre c’est bien, éviter de faire des fautes c’est mieux. Le Français doit contrôler son agressivité pour éviter de pénaliser son équipe et savoir canaliser son gros esprit de compétition. Dans le jeu en général il doit se montrer plus calme pour être plus productif. Par exemple en prenant le temps d’analyser la situation au lieu de forcer des tirs, surtout vu son QI basket. Une forme de précipitation et d’impatience qu’on retrouve lorsqu’il joue le poseur d’écran sur pick and roll où il ne reste pas suffisamment longtemps en place et glisse trop vite vers le panier. Il faut apprendre à poser des screens bien plus sévère.

# Work in progress

A 20 piges et seulement une saison en Pro A, Guerschon Yabusele reste un projet sur le long terme avec beaucoup de taf à accomplir pour atteindre son potentiel. Quoi de plus normal, mais cela pourrait lui valoir de glisser un peu le soir de la Draft si les franchises cherchent un joueur capable de contribuer rapidement. Parmi les axes de travail, on notera une plus grande régularité pour scorer. Cela passera par plus d’efficacité, même si son adresse est déjà en phase d’amélioration. Pour cela, il peut encore progresser sur sa mécanique de shoot, en particulier pour être plus fluide et mieux relâcher la balle en fin de geste. Largement à sa portée quand on voit déjà le taf effectué. Des résultats vus au lancer-franc, même si on attend toujours mieux. L’exigence du très haut niveau s’il veut jouer en NBA. En tant que scoreur, il n’est pas super à l’aise pour prendre des tirs lorsqu’il est serré de près et son jeu au poste demande des progrès, même s’il n’est pas manchot sous le cercle. Enfin, son jeu de passe est médiocre et il est hésitant dans sa prise de décisions.

 

Conclusion

L’armoire à glace made in France possède de beaux atouts et une marge de progression intéressante pour titiller la curiosité des franchises NBA. Mais le mieux pour lui serait d’être drafté tout en restant en Europe pour polir encore son jeu ou alors faire son trou en D-League, Axel Toupane style, dans une équipe qui observera ses progrès et fera appel à lui par moments pour prendre la température. Il a besoin de temps de jeu pour se développer. Un projet sur le long terme car encore très brut, mais si une équipe en fin de premier tour ou début de second n’est pas pressée pour profiter des ses talents, le jeu en vaut la chandelle.

Source image : rouenmetrobasket.com