Saison terminée pour les Blazers : une sortie remarquable, pour une équipe formidable

Le 12 mai 2016 à 09:31 par Bastien Fontanieu

Blazers

Après un dernier match perdu à Golden State, sous les assauts de l’intenable Steph, les jeunes soldats de l’Oregon ont dû rendre les armes sur le parquet de l’Oracle Arena. Cependant, il n’y a aucune honte à avoir, bien au contraire : cette troupe a réalisé une campagne exemplaire.

Souvenirs, souvenirs. Souvenirs, souvenirs. D’un mois d’août ensoleillé, l’EuroBasket en préparation dans l’Hexagone, le marché des transferts déjà bien entamé en NBA. Souvenirs d’une époque encore récente, d’une atmosphère encore assez fraîche pour s’en souvenir, dans laquelle la saison des Blazers semblait pointer vers les profondeurs de l’Ouest. LaMarcus Aldridge ? San Antonio. Nicolas Batum ? Charlotte. Robin Lopez et Arron Afflalo ? New York. Wesley Matthews ? Dallas. Orphelin de la quasi-totalité de son ancien cinq majeur, Terry Stotts abordait la saison un peu comme nous -tous-, c’est-à-dire avec enthousiasme mais conscience de son effectif. Tellement de jeunes, tellement de nouveauté, dans cette Conférence Ouest si cruelle, qu’on avait de la peine pour Damian Lillard et son entraîneur, même si le meneur venait de signer une prolongation pharaonique à Portland. Soudainement, alors que le garçon était entouré de soldats d’élite dans son cinq de départ, les coéquipiers du sniper avaient des gueules de remplaçants à l’Est, des cols bleus volontaires certes, mais tellement éloignés du niveau attendu pour s’imposer dans le Top 8, sans même penser au… Top 4 de l’Ouest, qu’ils viennent pourtant de quitter en poussant le champion en titre à devoir se donner jusqu’à la quarante-huitième minute. Et c’est peut-être ça, même très probablement ça puisque Stotts le mentionnait lui-même, qui a fait la réussite de cette équipe. Aucune grosse tête ou caractère de merde, que des lieutenants volontaires, prêts à se défoncer tous les soirs pour tenter de l’emporter sur des détails de jeu. On ne sera peut-être pas l’équipe la plus douée au quotidien, mais personne ne bossera autant que nous : voilà le moto qui fût bombardé par l’entraîneur tous les matins, et qui a permis cette série à la fois serrée et tamponnée par un score lourd.

Car sur le papier, les Warriors ont éliminé Portland sur le même modèle que celui des… Rockets, eux aussi battus 4-1 il y a quelques jours. Mais bien évidemment, sur le terrain, l’écart était bien moins grand. Il y a eu cette prolongation, pleine d’espérance, avec des visiteurs en sueur et un public ressentant la gravité du moment : perdue. Il y a eu ce Game 2 dominé en Californie, avec 40 minutes passées les mains sur le volant et un exploit qui semblait leur tendre les bras : perdu. Enfin, il y a eu ce Game 5, là aussi dirigé en première mi-temps avant de vivre la terrible leçon que les petits reçoivent lorsqu’ils découvrent les joutes du printemps : perdu. La NBA est comme ça, les Warriors le savent mieux que quiconque. Quelle équipe de 2013 avait poussé San Antonio dans ses derniers retranchements, avant de se prendre une leçon par des Spurs plus expérimentés ? Quelle équipe de 2014 avait réalisé une régulière formidable, avant de perdre Andrew Bogut la veille des Playoffs, puis un Game 7 déprimant chez les Clippers ? Des claques dont la marque est encore bien présente, mais qui ont aussi servi à établir le succès des Dubs aujourd’hui. Pour grandir, il faut en chier, voilà la réalité que Portland doit affronter et qu’il faudra digérer lors des prochains jours. Il y a de l’injustice, de la malchance, un peu d’insouciance et beaucoup d’inexpérience. Mais tout ça, il faut le prendre avec sourire et ambition, un peu comme cette saison. Car les équipes qui s’en prennent plein la gueule sont nombreuses, mais quelles sont celles qui rebondissent l’année suivante en ayant retenu les leçons antécédentes ?

C’est là que l’avenir de C.J McCollum et ses coéquipiers sera intéressant à observer, dans le calme de Portland et la sérénité d’un groupe en début de construction. Contractuellement, les cadres sont assurés de revenir puisque seuls quelques pièces comme Gerald Henderson, Chris Kaman (si on peut appeler ça une pièce) et Brian Roberts seront libres d’aller ailleurs s’ils le souhaitent. Meyers Leonard et Mo Harkless devront négocier des prolongations, mais vue l’utilisation du second dans le cinq majeur et l’importance du premier pour aérer le jeu grâce à son adresse longue-distance, il y a fort à parier que ce groupe reviendra avec une structure similaire à celle qu’on vient de quitter. Pour autant, la marge de progression est assez limitée, dans le sens où seuls Lillard et McCollum ont un vrai potentiel All-Star, Damian n’ayant plus grand chose à prouver et C.J montrant cette année que sa place en NBA était bien dans un cinq de départ. Comment faire évoluer cette équipe et apporter des touches intelligemment pensées ? Neil Olshey interviendra sur ce point précis, le General Manager de la franchise réalisant un boulot assez extraordinaire après avoir fait ses preuves chez les Clippers. Mais même si les gros poissons du marché auront du mal à être vraiment intéressés par ces Blazers, une équipe qui s’est souvent construite via la Draft, Terry Stotts ne semble en avoir rien à faire et ses principes seront une nouvelle fois bombardés au quotidien. Travail, effort, intelligence collective et persévérance. Aujourd’hui, de longs mois de repos et de réflexion sur une belle saison seront au menu des soldats de l’Oregon. Mais demain ? Qui sait. On en a vu, des équipes grandir après des claques parentales au printemps…

Il y a quasiment un an, les Bucks vendaient du rêve et abordaient la saison suivante bourrés d’optimisme et de potentiel, après un passage remarqué en Playoffs. La suite, on la connaît tous. Cette fois, c’est à Damian Lillard, ses coéquipiers et son entraîneur de faire un choix : voudront-ils suivre sur les traces d’une superbe campagne 2015-16 et construire dessus, ou décevoir en n’ayant pas retenu les leçons de cette aventure dorée ? L’avenir est à eux, mais le présent est déjà exemplaire. Chapeau bas, à une équipe qui n’aurait jamais dû en arriver là, et qui a déjoué les pronostics en respectant un principe de base : jouer à fond, et jouer ensemble.

Source image : Oregon Live


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