L’affaire Tom Thibodeau : et si les Bulls étaient en fait gangrenés par un management odieux ?

Le 29 mai 2015 à 13:23 par Bastien Fontanieu

Tom Thibodeau

La planète NBA n’a pas été dramatiquement secouée par l’exclusion de Tom Thibodeau ce mercredi, un divorce qui était attendu et annoncé par de nombreux fans. Seulement, certains n’ont peut-être pas pris en compte un élément extrêmement important : les grosses têtes de Chicago…

Les saisons passent, les joueurs vont et viennent, mais les Bulls n’arrivent toujours pas à se qualifier pour les Finales. Un manque de résultats concrets qui a notamment coûté le job de Thibs, comme la franchise l’a annoncé cette semaine. C’est comme ça en NBA, quand les premières gouttes de transpiration apparaissent le chef d’orchestre mange en premier. Pourtant, si on regarde l’évolution de la franchise et de chaque joueur, comment en vouloir à l’entraîneur ? Certes réputé pour sa gestion borderline du temps de jeu de ses poulains, certes médicalement répertorié dans la catégorie des sado-maso sportifs, Tom était une des voix les plus respectées et redoutées du circuit, notamment pour cette capacité à vouloir remporter chaque match, chaque entraînement, chaque session vidéo, chaque débat. Un entêtement qui ne collait pas/plus avec le duo le plus puissant de la Windy City : Jerry Reinsdorf et Gar Forman. On garde John Paxson de côté, ses déclarations ayant été plutôt solides jusqu’ici. Respectivement propriétaire et General Manager, les deux hommes ont décidé de renvoyer Thibodeau, et sportivement parlant cela semblait être une des plus sages décisions à prendre. Avec un groupe qui n’écoute plus et une défense abandonnée après des années passées sous le même modèle, il est évident que la franchise avait besoin de sang neuf. D’un nouveau visage, d’une nouvelle voix à écouter tout en prenant le même risque que les Warriors l’an passé avec Steve Kerr.

Mais de là à s’y prendre de cette façon ? Wow. Pour commencer, il y a eu l’annonce de la franchise sur son site, elle qui a fait froncer les premiers sourcils à cause des termes utilisés (version originale ici) : pour résumer, Jerry Reinsdorf n’a pas attendu cinq paragraphes avant de dessiner Thibodeau comme un quinqua psychorigide et renfermé sur lui-même, refusant de partager les décisions avec ses supérieurs. Merci pour le coup de pub, sans oublier le petit bisou de 6 ou 7 mots afin de tamponner ces quelques années de redressement. Si on en était restés là, les robinets auraient pu être coupés et tout le monde aurait rangé ses flingues. Sauf que selon Dan Berstein de CBSChicago, une deuxième couche aurait été rajoutée, par les joueurs cette fois. Selon une source, trois membres du cinq majeur (!) auraient tabassé verbalement leur ex-entraîneur le jour de sa sortie, en affirmant qu’ils auraient évité de rester dans le coin pour bosser cet été s’il était encore là. La première réaction, quasiment naturelle pour chaque fan qui se respecte, est de tenter de savoir qui a pu tenir de tels propos. Mais il faudrait peut-être revenir sur cette affirmation et changer l’angle de réflexion : comment peut-on balancer de telles crasses pendant que le type fait ses valises ? Pour obtenir ce type d’information, la source est forcément interne à la franchise, ce qui rajoute encore un peu d’excréments sur l’image extrêmement propre du management local.

On se souvient de Luol Deng et ses graves soucis de santé en 2013, le staff médical jouant au Docteur Maboul pendant que le joueur perdait plusieurs kilos et envisageait une potentielle fin de carrière. Pendant ce temps-là ? Le management annoncera que l’Anglais avait ‘des migraines’, ciblant ainsi l’athlète plutôt que le staff des Bulls qui avait tout simplement foiré son opération. Connu comme étant des nice guys de la NBA, portant rarement un mauvais mot envers qui que ce soit, Luol avait fini par laisser son agent avouer que le management avait craqué sur sa situation médicale comme contractuelle. De plus, qui ne se souvient pas de la série Wait for the Rose, cet énorme succès télévisé qui consistait à attendre le retour de Derrick chaque jour, Forman et ses sbires préférant maintenir le suspens pour encaisser les dollars plutôt que de signaler un feu rouge immédiat ? Encore un dossier géré de main de maître par la clique des gros cerveaux de Chicago, eux qui ont créé des liens particulièrement hostiles avec leurs fans. Pourtant, les rookies draftés sont bons (Derrick, Noah, Taj, Mirotic, Butler) et les additions appréciées chaque année (Gasol, Dunleavy, Hinrich), les progrès de chacun sont notables et en octobre les Bulls figurent régulièrement parmi les équipes les plus redoutées. Mais à qui reviennent les fleurs ? Certainement pas à Thibodeau, apparemment pointé du doigt par certains de ses ex-joueurs, quand ces derniers oublient un peu trop rapidement l’impact du dictateur sur leur carrière… Leur frustration est une chose, la diffuser publiquement en est une autre : on se demande vraiment de quel coin de la franchise vient cette fameuse source.

 Cet été, le dossier de Jimmy Butler sera prioritaire et le choix du nouveau coach également. Quand on voit les Warriors l’an passé, on se dit que tout est possible avec un aussi bel effectif et un entraîneur qui peut créer le déclic. Mais quand on zoome sur le management des Bulls, difficile d’avoir de l’espoir : Forman et Reinsdorf, le genre de duo qui pourra laisser l’arrière partir pour quelques dollars, tout en le salissant publiquement. Elle est belle, la direction à Chicago…

Source image : Zimbio