Basket aux Jeux Olympiques – Montréal 1976 : l’URSS lâche l’artillerie lourde, Ouliana Semenova

Le 18 avr. 2024 à 10:24 par Alexandre Taupin

Ouliana Semenova Jeux Olympiques 17 avril 2024
Source image : YouTube

On continue nos flashbacks des Jeux Olympiques en prenant la route de Montréal au Canada. On laisse aujourd’hui les hommes pour focus sur la première édition du basket féminin aux JO, en 1976. Un tournoi marqué par l’écrasante domination de l’URSS et de sa pivot superstar, Ouliana Semenova. 

Si le basket masculin a intégré les disciplines olympiques dès 1936, il aura pourtant fallu attendre 40 ans pour voir les filles rejoindre les garçons lors de la compétition reine de la FIBA. Pour cette grande première, pas de matchs à élimination directe ou de parcours à rallonge puisque seulement six équipes sont présentes au coup d’envoi. Il faudra donc se départager via un simple groupe avec match unique contre chaque adversaire.

Contexte de guerre froide oblige, les yeux sont principalement tournés vers le duel URSS – USA. 4 ans plus tôt, du côté de Munich, les Soviétiques ont mis fin à l’hégémonie américaine chez les garçons, non sans une grosse polémique sur l’arbitrage. Pour ce premier tournoi chez les filles, l’URSS compte bien envoyer un message à la concurrence. Il faut dire que les joueuses au maillot rouge sont intraitables entre les années 60 et 80. Elles remportent notamment 10 EuroBasket à la suite (entre 1968 et 1985) dont une écrasante victoire face à l’Équipe de France en 1970 ! On parle juste du plus gros écart dans l’histoire d’une finale d’un championnat d’Europe : +61 !

Non seulement les filles de l’Est peuvent compter sur un effectif de grande qualité, mais elles ont surtout l’arme ultime : Ouliana Semenova !

Native de Lettonie, la pivot soviétique est une machine de domination. Cette domination, Semenova la doit notamment à sa taille : 2m13 et 58 en pointure de pieds ! Un gigantisme qui est en fait causé par une tumeur à l’hypophyse…

Loin de se morfondre sur elle-même, Ouliana va utiliser cette force à son avantage pour marcher sur le basket européen, tant avec son club de Riga qu’avec la sélection. Ouliana Semenova, un nom que les joueuses de Clermont ont appris à respecter et à murmurer en silence tant l’intérieur a été un cauchemar pour les rêves européens du club français. À quatre reprises, les demoiselles de Clermont vont atteindre la finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions (aujourd’hui EuroLigue) pour perdre face à Ouliana Semenova et son club de Riga. Il faut dire que la coupe aux grandes oreilles est la propriété quasi exclusive du Daugava Riga entre les années 60 et 80 avec pas moins de 18 victoires !

Sur la scène internationale, l’URSS fait aussi le plein de médailles que ce soit à l’EuroBasket (voir plus haut) mais aussi à la Coupe du Monde (1971, 1975). C’est dans ce contexte que débutent les Jeux Olympiques de 1976, où les coéquipières de Semenova sont les grandissimes favorites.

Au Canada, les Soviétiques ne font pas de quartier. 5 matchs, 5 victoires, plus de 30 points d’écart en moyenne sur l’ensemble de la compétition. La Tchécoslovaquie est celle qui résiste le mieux, les États-Unis sont eux balayés avec la manière (112-77). Ouliana Semenova livre une démonstration face aux Américaines avec 32 points et 19 rebonds ! Intouchable, l’URSS décroche l’or olympique sans avoir été inquiété à aucun moment.

4 ans plus tard, rebelote à domicile pour Semonova et sa bande, qui profitent notamment du boycott du rival américain pour tuer tout suspense. Un nouveau triomphe pour celle qui a régné en club comme en sélection. Parfois une stat dit plus de choses que mille mots : Ouliana Semenova n’a jamais perdu en compétition officielle avec l’URSS en 18 années de carrière ! Tout simplement invincible.

Après deux décennies à martyriser toutes les raquettes avec le maillot de Riga, celle qui mit fin à sa carrière internationale en 1986 s’offre un petit tour d’Europe pour boucler la boucle. Une année à Madrid puis dans le championnat de France à Valenciennes plus tard, la grande Semenova tire sa révérence. Un monument du basket féminin range les sneakers avec un palmarès long comme six bras :

  • 15 fois championne d’URSS
  • 11 fois vainqueur de la Coupe d’Europe des Clubs Champions.
  • 2 médailles d’or aux Jeux Olympiques
  • 3 médailles d’or au Championnat du Monde
  • 10 médaille d’or à l’EuroBasket

Symbole ultime de sa Legacy dans le basket féminin, Ouliana Semenova est devenue en 1993 la première femme non américaine à intégrer le Hall of Fame de Springfield.