NBA Draft 1968 : 21 tours et 212 joueurs draftés, c’est quoi ce délire ?

Le 22 juin 2023 à 09:53 par Antoine Demaegdt

Red Auerbach 20 Juin 2023
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Oui, oui vous avez bien lu. Non, non il n’y a pas d’erreur. La Draft NBA 1968 s’est déroulée en… 21 tours, pour 212 joueurs draftés. Pour comprendre ce bordel sans nom qui nous semble insensé en 2023, il faut rembobiner un demi-siècle en arrière pour se remettre dans l’air du temps. Alors on pose les portables et on éteint les PC, enfin presque.

C’est quoi ce délire ? Il y a pas 2 tours de draft normalement ? Alors oui, mais seulement depuis 1989. Avant cette date, il n’y avait pas de limite de tour puisque les équipes NBA pouvaient… drafter des joueurs à gogo. D’où autant de joueurs draftés en une année. Et d’ailleurs, ce n’est pas la seule fête du tour de draft puisqu’en 1960, il y en avait déjà eu 21. Reste à savoir maintenant pourquoi autant de bambins sont sélectionnés puisque, bien entendu, la plupart ne poseront même pas un orteil en NBA. En effet, sur les 212 joueurs draftés en 68, uniquement 52 passeront au moins une minute sur le parquet d’un match officiel…

Pour comprendre cette foire aux jeunes, il faut rappeler que 1968 est une année charnière pour la NBA puisque les Milwaukee Bucks et les Phoenix Suns font leur entrée dans la Grande Ligue. Alors qui dit Draft d’extension, dit forcément picks à foison, surtout que la ligue n’est composée que de 14 équipes depuis l’arrivée de ces deux dernières franchises : 21 tours ça fait peur, mais c’est à relativiser par rapport à nos 30 franchises d’aujourd’hui, d’autant plus lorsque certaines équipes s’abstiennent de piocher un joueur à certains tours.

Il faut bien comprendre également qu’à l’époque, le basket est en développement, et le niveau technique du sport est donc en pleine ascension. Pas mal de joueurs peuvent avoir un potentiel caché que l’ensemble de la ligue n’aurait pas flairé. Mais bon… au fur et à mesure des années on se rend compte que drafter des colon*nies de vacances entières, ça ne mène pas à grand chose. Ce qui fait que le nombre de tours de draft se réduit fortement au fil des années, avant d’être fixé à 2 en 1989.

Et si l’on se rend compte que drafter des joueurs en masse ne sert pas forcément à grand chose, c’est peut-être aussi parce qu’on commence à pouvoir les scouter avec le progrès technique des moyens de communication. Ah bah oui hein, avec la médiatisation de l’époque sans internet, on ne pouvait pas se farcir les highlights des petits jeunots pour se hyper avant leur Draft. Résultat ? On en prenait un paquet pour les tester sur le tas, sans réelles certitudes préalables.

En fait, si on y réfléchit bien, quoi de plus normal pour une équipe de repartir avec un bus de rookies si elles n’ont jamais pu voir les joueurs avec une balle orange dans les mains ? S’il y a si peu de places pour jouer en NBA, il y a forcément une fosse de gamin qui rêvent d’y entrer. Alors pourquoi s’en priver lorsqu’on a des picks illimités ?