Mateusz Ponitka, l’écorché vif qui pourrait faire de la Pologne l’une des surprises de cet EuroBasket

Le 07 sept. 2022 à 07:00 par Mattis Monier

Mateusz Ponitka
Source image : FIBA

On ne cesse de le répéter, l’EuroBasket regroupe un nombre faramineux de bons joueurs venus des quatre coins du Vieux Continent. Certains d’entre eux sont méconnus du grand public et, pourtant, ils regardent droit dans les yeux les meilleurs éléments de la compétition. C’est le cas de Mateusz Ponitka, l’ailier de la Pologne qui, à l’instar d’Aleksandar Vezenkov, performe à l’échelle internationale sans que son nom ne résonne forcément dans la tête des aficionados de basket. Focus sur un joueur au tempérament fort mais au talent certain.

Né en 1993 à Ostrów Wielkopolski, Mateusz est un pur produit polonais. Hop, petit saut dans le temps et on se retrouve en 2010, lors du championnat du monde U17. Mateusz est présent et il cartonne, plantant 19 points par match. L’espoir polonais finira deuxième meilleur marqueur du tournoi et la Pologne finira par la même occasion deuxième aussi (derrière les ricains), bien emmenée par le jeune Ponitka qui sera élu dans le meilleur cinq du tournoi, en compagnie d’un certain Bradley Beal. Matou est même invité au printemps suivant au prestigieux Nike Hoop Summit dans lequel il marquera 17 puntos. De quoi taper dans l’œil de scouts NBA ? Pas du tout : Il se présente à la Draft en 2015 sans être sélectionné, et sa carrière se fera donc entièrement en Europe.

Ponitka est réputé pour être un joueur sanguin, qui a du mal à garder son calme, et son histoire familiale y est sûrement pour quelque chose. A l’âge de 19 ans, il doit quitter son foyer après que ses parents lui aient posé un ultimatum des plus sévères : “c’est ta meuf ou nous”. Chelou. Mateusz choisit alors “l’amour et la personne qui le soutient depuis toujours”, et Madame est aujourd’hui sa femme Ce conflit a vraisemblablement eu un impact sur sa carrière de basketteur, et plus précisément sur sa carrière avec l’équipe nationale de Pologne, dont il est le capitaine. On préfère vous prévenir, l’histoire n’est pas non plus hyper drôle : Alors que ses parents le renient et que Mateusz trace son histoire, son petit frère, Marcel aurait décidé de prendre parti pour pap et mam, reniant et insultant à son tour Mateusz. Aujourd’hui, les deux frangins ne s’adresseraient même plus la parole. L’ainé déclare :

“J’ai choisi mon propre chemin à 19 ans. Depuis, ma femme et moi étions sans arrêt persécutés par mes parents, et Marcel les a rejoints. […] Quand bien même, quand il avait besoin de moi, j’étais présent, même financièrement. En retour, il continuait à m’insulter et à discréditer mes qualités de basketteur. […] Il n’y pas de possibilité pour que ça s’arrange. Je ne peux pas imaginer jouer avec lui. Si le coach décidait que Marcel est plus utile que moi, je serais heureux de lui laisser ma place.”

Son petit frère est d’ailleurs persuadé que c’est Mateusz, capitaine de la sélection, qui a fait en sorte que son frère ne joue pas dans l’équipe, profitant de son statut. Le problème ? Marcel ne l’accepte pas dans l’effectif et d’après lui, il est incapable de faire en sorte de travailler pour le succès de l’équipe. C’est donc la parole d’un frère contre celle de l’autre (tiens, ça rappelle une histoire récente mais les frère s’appellent plutôt Mathias et Paulo). Pour info, le capitaine polonais s’était également embrouillé récemment et médiatiquement avec Marcin Gortat, taulier du basket polonais, sur des sujets géopolitiques concernant la Russie et l’Ukraine, démontrant également que Mat n’a sa langue dans sa poche pour aucun sujet.

Mais ce garçon de 28 ans, si on doit parler basket parce que c’est quand même le but à la base, n’est pas venu faire de la figuration à l’EuroBasket 2022. Tournant à 12,5 points, 6,5 passes et 5 rebonds, Mateusz se met doucement en route et compte bien amener son équipe très haut dans le tournoi. Comme en 2019, lorsque la Pologne avait atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde. Très bon shooteur derrière l’arc, Ponitka est un 3&D par excellence. Le genre de mec qui plonge sur les ballons et qui tire ton équipe vers le haut. Il fonctionne à l’émotion, et cela lui a joué des tours dans sa vie d’antan. Mais ses coéquipiers assurent que c’est de l’histoire ancienne et ils l’apprécient énormémen, c’est le cas du Franco-Polonais Aaron Cel par exemple :

“C’est notre leader, sur le terrain et en dehors. C’est un joueur incroyable. Avec l’âge, il a appris à être plus calme dans les moments importants. On sait tous qu’il peut battre n’importe qui avec sa vitesse. Il n’a même pas 30 ans et il peut jouer comme un très bon meneur. […] Je me demande encore pourquoi il ne joue pas en NBA.”

Ponitka croit en les chances de sa sélection, et il prêche la sagesse, ce que personne n’aurait pu prédire de sa part il y a quelques années. La Pologne est déjà qualifiée pour les phases finales, avec un bilan de 3 victoires et 1 défaite pour le moment, mais ls ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin, portés par un Mateusz au discours bien corporate, bien leader.

“Je m’en fiche des stats, je m’en fiche des gens qui parlent. Je veux juste gagner. […] On a une bonne équipe, on s’entend bien. Je pense qu’on peut faire quelque chose. On doit juste être humbles et calmes.”

Avant de le retrouver l’année prochaine en Italie dans le club de Reggio Emilia, gardez donc un œil sur Ponitka et la Pologne lors de cet EuroBasket, car ils pourraient bien jouer le rôle de poil à gratter pour n’importe quelle équipe qui les croiserait. A commencer par les Serbes dès demain pour un message supplémentaire à direction de l’Europe des 16 ?

Source texte : FIBA / Eurohoops