Le prospect français Sidy Cissoko va devenir le premier Européen à jouer en G-League Ignite : l’honneur est grand, tout comme son talent

Le 29 juin 2022 à 17:22 par Nicolas Vrignaud

Sidy Cissoko 5 avril 2022
Source image : YouTube

Cocorico ! À peine la Draft 2022 passée qu’on commence déjà à saliver de l’édition 2023. Il y aura bien sûr Victor Wembanyama, mais également Sidy Cissoko. Ce dernier est d’ailleurs au sommet de l’affiche aujourd’hui, puisqu’il sera officiellement le premier Européen à jouer dans l’équipe G-League Ignite la saison prochaine. Cette formation proposée par la NBA et spécialement dédiée aux jeunes prospects visant la Draft est un bon tremplin vers la cour des grands… Mais au fait, c’est qui vraiment Sidy Cissoko ? 

Pour la cuvée 2023 de la Draft NBA, la ligne droite est encore infiniment longue, comme dirait Julien Febreau. En une année, beaucoup de choses peuvent se passer, des blessures aux mauvaises performances. De nos yeux de Français, il est également compliqué d’évoquer cette échéance sans placer dans la phrase le nom de Victor Wembanyama. Le pivot de 18 ans enflamme l’ensemble des scouts NBA, qui n’ont tout simplement jamais vu de prospect avec un tel potentiel. Si les noms des autres Frenchies comptant se présenter l’année prochaine risquent de se décanter durant l’automne et l’hiver, l’un d’entre eux est déjà connu. Il s’agit de Sidy Cissoko, un meneur de 18 ans pour deux mètres tout pile.Hein ? Mais c’est qui ? On ne le connaît pas lui !“. L’histoire du garçon est assez singulière, alors nous avons choisi de rappeler une nouvelle fois notre cher professeur et expert de la Draft – Sebastiano Drafto – pour vous en apprendre un peu plus sur le parcours de Sidy.

🔵🔴 Sidy Cissoko jugará en la NBA G-League Ignite la próxima temporada

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Zorte on, @sidycissoko1! 💪 pic.twitter.com/hDzM5pLujd

— Baskonia (@Baskonia) June 29, 2022

Sebastiano Drafto : Bonjour tout le monde, vous allez bien ? Il paraît que mon dernier passage ici sur la Draft vous a été utile. Alors, Sidy c’est ça ? Reprenons depuis le début. Né dans l’Essonne – en région parisienne – Sidy Cissoko commence le basket très tôt. En même temps, visez la famille de basketteurs : le papa est Yakia Cissoko, membre de l’équipe de basket du Sénégal aux Jeux Olympiques de Moscou en 1980. Le frangin ? Boukhary Cissoko, tout nouveau joueur de Kaysersberg (NM1). Autrement dit le basket c’est dans les gènes chez eux. Enfin, n’empêche que s’il fallait “juste” grandir dans une famille de basketteurs pour être une bête dans le domaine, ça se saurait. Sidy a donc beaucoup bossé pour arriver jusqu’ici.

TT : D’accord, on comprend mieux. Mais comment se fait-il que sa carrière n’ait jusqu’ici pas été si médiatisée s’il est si talentueux ?

SD : Après ses débuts en banlieue parisienne, Sidy fait vite le choix d’aller bosser son jeu à l’étranger. Repéré par le Baskonia, un club situé comme son nom l’indique dans le Pays Basque, la décision est prise de déménager dans les verts pâturages du piémont pyrénéen pour profiter d’une formation de qualité. Ayant traversé toutes les catégories jeunes de l’équipe basée à Vitoria-Gasteiz, il est envoyé cette saison dans le club satellite du Baskonia, Iraurgi SB. La formation première de l’ISB évolue en LEB Oro, la deuxième division espagnole. Vous pensez peut-être que l’adaptation a été compliquée. Que nenni, bande de fieffés gredins. Avec 10,8 points, 3 rebonds et 2,4 passes par match, le jeune francilien impressionne de facilité. Il y a même des matchs qui chatouillent la vingtaine d’unités au compteur, alors comprenez que ça ne rigole pas. Dans le jeu ? Il est bon tireur au large et capable d’être puissant en percussion, pour finir au cercle. Sa vista est également à noter, puisqu’il régale régulièrement ses coéquipiers avec de jolies passes. Défensivement, ses mensurations lui permettent d’être un véritable casse-tête pour les meneurs adverses. C’est cool non ?

TT : Merci pour cet éclairage. C’est vrai qu’en y repensant, nous avions déjà parlé de Sidy Cissoko lorsqu’il avait été invité au Hoop Summit 2022. Pourquoi avoir fait le choix de la G-League Ignite et non pas celui de rester en Europe, qui plus est dans un prestigieux club comme Baskonia ? Et puis d’abord, c’est quoi la G-League Ignite ?

SD : Hé, vous posez beaucoup de questions en même temps. Je vais d’abord répondre à la seconde, pour que vous compreniez bien. En quelques mots, la G-League Ignite est un programme lancé par la NBA en 2020 pour former certains des meilleurs prospects de chaque génération. L’objectif de ces jeunes ? Être choisi lors de la Draft à la fin de la saison. Vous vous en douterez, ce programme ne choisit pas ses membres à chaque angle de rue. Pour y parvenir, il faut être considéré comme l’un des meilleurs joueurs de sa classe d’âge. L’équipe vous propose aussi un salaire, ce qui en fait la principale différence avec le fait de jouer pour une université. Bien sûr, pas question non plus d’abandonner complètement l’école pour des jeunes d’à peine 19 ans. Un partenariat existe avec l’université de l’Arizona pour fournir des cours aux jeunes intégrés dans le programme. Tout est bien calculé voyez-vous. Et cela permet à ces jeunots de jouer contre des pros, certains faisant même la navette avec la NBA.

Concernant le choix de Sidy de finir sa formation basket aux États-Unis, c’est d’abord stratégique. Avant tout, saluons la nouveauté : Sidy est le premier Européen à être sélectionné pour intégrer cette formation. Quel meilleur symbole que celui-ci pour attester du travail rigoureux fourni par le jeune homme ? Il va pouvoir désormais se préparer au jeu NBA en y étant presque confronté de l’intérieur à travers son antichambre. Pour un jeune ayant été éduqué dans le plus pur style européen en matière de balle orange, avouez que cela sera bien utile. En plus, l’équipe Ignite est aussi composée de vétérans ayant foulé des parquets de la Grande Ligue dans leur carrière et qui pourront conseiller Sidy et l’aider à le faire progresser. Pour les scouts NBA, il est également bien plus facile de se rendre à une rencontre de G-League plutôt que de traverser l’océan pour aller dans le Pays Basque. En plus, le piment d’Espelette ne passe pas à la douane, paraît-il.

TT : Vous avez une tâche sur votre polo.

SD : Ah oui, c’est le riz curry de ce midi… Excusez-moi. Bon sang, ça part jamais ce truc.

TT : Dernière question avant de vous laisser reprendre votre travail. Est-ce que la G-League Ignite est un programme qui a fait ses preuves jusqu’ici ?

SD : Ahaha. J’attendais cette question. Figurez-vous que oui, les prospects passés par l’équipe Ignite ont souvent réussi à se frayer un chemin en NBA. Depuis deux ans et donc le lancement de ce projet, pas moins de six joueurs passés par ce mode de formation ont entendu leur nom résonner dans le Barclays Center de Brooklyn. Qui sont-ils ? Jalen Green, Jonathan Kuminga, Isaiah Todd en 2021, Dyson Daniels, MarJon Beauchamp et Jaden Hardy en 2022. Tous ont été sélectionnés avant la quarantième position. La preuve que ce programme est plutôt efficace.

TT : Merci pour ces informations, Monsieur Drafto.

SD : Tout le plaisir est pour moi. Dites, ne connaîtriez-vous pas un bon détachant pour linge blanc ?

Encore une affaire rondement menée par le professeur Sebastiano Drafto. Pour ce qui est de Sidy Cissoko, l’honneur est grand puisqu’il ouvre la porte de la G-League Ignite aux Européens. À lui de prouver maintenant que cette sélection n’est pas une erreur mais de notre côté, nous ne sommes pas inquiets. 

Source texte : Pro Ballers


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