DeMar DeRozan à Chicago : toujours plus de talent chez les Bulls, mais il va falloir s’organiser pour éviter la corrida

Le 01 oct. 2021 à 12:15 par Paul Boiteau

DeRozan bulls
Source : YouTube - fubo Sports

Chicago a réalisé un très joli coup cet été avec l’arrivée de DeMar DeRozan. Avec un joueur expérimenté et calibre All-Star qui débarque dans une équipe ambitieuse, les Bulls doivent passer un cap. Mais attention, le fit n’est pas si évident pour les Taureaux. Et il va falloir organiser tout ça pour que ça ne soit pas la foire, sans mauvais jeu de mots. 

C’est l’un des très bons coups de la dernière Free Agency. Le sign and trade de DeMar DeRozan à Chicago prouve que les Bulls veulent passer un cap. Une intersaison prometteuse avec également les arrivées de Lonzo Ball et Alex Caruso, et les cornes des Taureaux recommencent à faire – un peu – peur. L’ancienne légende de Toronto débarque dans l’Illinois après trois saisons à San Antonio avec un statut d’ancien All-Star. S’il ne le fut pas sous le maillot des Spurs, DeMar a tout de même tourné à 21,6 points, 5,3 rebonds et 6,2 passes sous les ordres de Gregg Popovich, il arrive donc à Chicago avec un certain standing et y rejoint deux autres All-Stars, Zach LaVine, élu l’an dernier après sa saison de feu, et Nikola Vucevic, désormais trois fois étoilés. Le talent est donc bien présent, mais il faut maintenant réfléchir comment organiser le jeu et comment nourrir ces trois joueurs.

Le cinq majeur semble se diriger vers un bail du genre Lonzo Ball en meneur, Zach LaVine et DeMar DeRozan en poste 2-3, Patrick Williams en 4 et Nikola Vucevic en pivot. Parmi ces cinq joueurs, quatre au moins ont besoin d’avoir le ballon dans les mains pour briller. Pour Lonzo, Zach, DeMar et Niko, on connaît surtout leurs capacités à avoir la balle en main et créer pour eux ou pour les autres. L’organisation de l’attaque sera donc primordiale. D’abord, y aura-t-il une première option offensive et si oui, qui sera-t-elle ? Vucevic, comme il l’était à Orlando ? LaVine, car il est un peu “l’ancien de la bande” et qu’il sort d’une saison incroyable ? DeRozan, car c’est le joueur le plus expérimenté et qui a déjà porté une équipe en Playoffs ? Toutes ces raisons se valent, mais pour Billy Donovan il va falloir faire un choix. Quand on sait qu’il avait parfois du mal à s’imposer entre KD et Russ à OKC, on espère pour les Bulls qu’il saura cette fois-ci établir une hiérarchie claire dans cet effectif des Bulls.

Ensuite, un autre souci identifié de ce cinq majeur est le manque de spacing. DeMar DeRozan, avec les Spurs, a changé un peu de style de jeu. Passé beaucoup plus dans la création, il ne prenait ainsi… plus aucun shoot à 3-points. 0,7 tir du parking pris par match en  trois ans chez les Spurs, le tout pour 22% de réussite. Comment dire… Dans la NBA d’aujourd’hui, il va donc falloir des shooteurs autour si tu veux performer. Certes, Lonzo progresse au shoot, mais ce n’est clairement pas son point fort. De même, Zach a bien progressé pour tourner à plus de 41% depuis le parking du United Center la saison passée mais, problème, il prenait la majorité de ses shoots sur des pull-ups persos, pas vraiment des catch and shoots, pas vraiment montre d’un vrai délire collectif donc. Patrick Williams peut tirer à 3, mais ce n’est pas non plus une garantie. Et enfin, Vucevic prend ses 3 aussi, mais surtout dans une situation de pick and pop. Le Vooch ne va pas attendre dans le corner que l’on crée pour lui, et vous comprenez donc pourquoi cette question du shoot peut devenir problématique chez les Bulls, car les Taureaux vont pourtant avoir besoin de mecs qui restent planqués derrière la clôture.

De même, pour le côté distribution et facilitation du jeu, DeRozan va être un vrai plus au sein de l’équipe de Billy Donovan, tout comme Lonzo Ball qui va apporter avec son jeu sur pick and roll en porteur de balle. Les écrans de Vucevic ou Pat Wil seront parfaits, mais il faudra du mouvement autour. Et lorsque Zach aura la balle en main, que feront Lonzo et DeMar de leurs journées ? C’est ici que le rôle du coach sera essentiel pour trouver la bonne alchimie et une combinaison gagnante. Comment Zach et DeMar, deux arrières au profil assez similaire, vont-ils réussir à se compléter ? Comment ces deux scoreurs vont s’inscrire dans un collectif des Bulls qui posait déjà problème la saison dernière ? L’association entre les deux donne donc un sentiment mitigé, sentiment à la fois d’excitation mais aussi de doute sur leur complémentarité. Toutefois, cette compatibilité n’inquiète pas du tout le principal intéressé comme il l’a rappelé lors de conférence de presse de présentation durant l’été.

DeMar DeRozan: “It’s basketball. Lot of people I see criticizing, talking about ‘fit this, fit that’ have probably never even played basketball… for me, if everybody is on the same page mentality and wants to win, it don’t matter about a fit.”

📰 | @SamSmithHoops

— Chicago Bulls (@chicagobulls) August 14, 2021

C’est le basket. Il y a beaucoup de gens que je vois critiquer, parler du “fit” alors qu’ils n’ont probablement jamais joué au basket ... Pour moi, si tout le monde est sur la même longueur d’onde et veut gagner, le fit importe peu.” DeMar DeRozan au sujet de sa complémentarité dans l’équipe des Bulls.

Si DeMar DeRozan ne se fait pas de doute quant à la réussite des Bulls à travers l’envie de gagner, les questions et interrogations peuvent être posées. Niveau mentalité, aucun souci, Chicago a retrouvé des joueurs compétitifs qui savent comment gagner, les ambitions sont donc légitimes. Après, on attend encore de voir l’organisation sur le terrain. Les Bulls pourront s’en sortir au talent, mais pour vraiment passer un cap, et pourquoi pas faire une petite aventure en Playoffs il faudra montrer autre chose. DeRozan devra trouver son rôle et sa place dans cet effectif avec très peu de vécu collectif. La présence de Billy Donovan sur le banc ne nous rassure pas non plus, puisque Bill n’a que trop rarement montré une véritable maîtrise d’un roster avec une identité et un plan de jeu défini.

DeMar DeRozan va découvrir sa troisième franchise en carrière et débarque à Chicago avec un effectif plutôt prometteur sur le papier. Reste à ce que chacun trouve sa place, pour que ce joyeux bordel ne finisse pas en une corrida funèbre. 

Source texte : basketball reference, nba.com