Kings from the Queens : Ron Artest, ses multiples noms, ses multiples personnalités, ses multiples carrières

Le 21 juil. 2021 à 19:47 par Giovanni Marriette

Ron Artest 5 juillet 2021
Source image : YouTube

Dans le cadre de la sortie de la deuxième série spin-off de l’univers power « Power book III : raising Kanan » le 18 juillet 2021, sur la plateforme de notre partenaire Starzplay, TrashTalk s’est également lancé dans une petite série. Une série d’articles sur des basketteurs qui ont réussi une belle carrière en NBA après avoir, comme Kanan Stark le héros ou comme 50 Cent le producteur de la série, grandi dans le Queens à New York. Leurs fortunes sont diverses mais leurs histoires sont passionnantes. Deuxième épisode aujourd’hui : Roy Hibbert. 

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Ron Artest, c’est ce mec que tu ne sais pas… comment appeler. Par quel prénom l’appeler. Ca commence bien. Ron Artest pendant longtemps, puis Metta World Peace, sobriquet aussi original que bien trouvé, puis The Panda’s Friend, là on on touche au sublime, puis enfin Metta Sandiford-Artest, histoire de rendre hommage au nom de sa femme (la musicienne Maya Ford), histoire de boucler la boucle. Mais avant de se faire un nom (plein de noms) en NBA et sur la planète basket, Ron-Ron voit donc le jour dans le Queens, peut-être pour ça qu’il choisira en 2005 de rejoindre les Sacramento… Kings, ou pas. Le Queens donc, là où le petit Ronald Williams Artest (oui, encore une particule) nait le 13 novembre 1979. Quartier de Queensbridge pour être précis, le même que les illustres Mobb Deep ou NAS, au milieu de centaines de HLM regroupant logements sociaux et toute la vie s’y rapportant. La proximité certes, la vie quoi, mais aussi la grande promiscuité, le trafic de drogue, bref le côté moins pailleté de la vie de cité. Côté sport ? Ronald Williams s’essaie tout d’abord au baseball puis au football américain, avant de virer balle orange grâce à une relation avec le basket née de ces longues heures passées sur les playgrounds de Queensbridge. Université de St. John’s, pendant deux ans, là où il côtoiera d’ailleurs l’illustre (non) Erick Barkley, le seul de ses collègues universitaires qui goutera – très brièvement – à la NBA, et la Draft de 1999, une draft qui voit un autre rejeton du Queens rejoindre la NBA (Lamar Odom), mais qui voit surtout les Bulls sélectionner Elton Brand avec leur premier choix et… Ron Artest avec le seizième. Allez, que l’aventure commence.

Pêle-mêle ? Pfiou, que de choses à dire. Une carrière aux multiples facettes on vous en parlait, avec tout d’abord cette réputation de défenseur elite dès sa sortie d’école, réputation très vite confirmée, et une place de titulaire dans la foulée dans une franchise en totale reconstruction depuis le départ – le vrai – de Michael Jordan and co. Deux saisons et demi très denses dans l’Illinois puis ce trade le 19 février 2002, trade grâce auquel il fait le cours trajet jusqu’à l’Indiana avec Brad Miller et Ron Mercer, croisant à la gare les arrières Jalen Rose et Travis Best qui faisaient eux le voyage inverse. Avec les Pacers tout s’accélère. Ronnie n’est plus un défenseur de renom, il est LE défenseur, le meilleur de la Ligue en 2004. Mais 2004 marque également le tournant de sa carrière, celui qui le fait passer dans la rubrique faits divers, celui qui finira de se faire toucher tous les fils présents dans son cerveau. Notre ami est alors l’un des joueurs les plus à la mode dans la Grande Ligue, tourne à plus de 24 pions de moyenne tout en restant le gardien du temple, mais à la suite d’un beef avec Ben Wallace dans une rencontre à Detroit, Ron se ramasse un gobelet de bière sur la tronche (les Eco-Cup c’est bien, les lancer sur les gens c’est mal), grimpe dans les tribunes pour se faire justice lui-même, et s’en suit alors la plus grosse générale de l’histoire. Les suspensions pleuvent, Artest se prend 73 matchs sans basket et sans salaire, la NBA ne sera plus jamais la même et la carrière du natif du Queens non plus.

Ron Artest est devenu l’ennemi public n°1, dans une NBA qui se veut toujours plus policée. All-Star en 2004, Ron ne le sera plus mais sa carrière n’est pas pour autant terminée, elle devient alors, tout simplement, celle d’un joueur-troubadour, dont on attend autant l’impact sur le terrain que les frasques à la moindre perte de connexion. Les Kings profitent tout de même de son expérience pour aller jusqu’en Playoffs, on vous jure que cette phrase existe, et après deux ans et demi passés en Californie Ron-Ron continue son tour du pays et débarque cette fois-ci à Houston. Son apport est toujours aussi intense mais toujours aussi rattaché à ses coups de sang, cette fois-ci c’est sûr on ne le changera pas, mais ce côté Harvey Dent n’effraie pas… les Lakers, qui décident en 2009 de faire confiance à la bête, désireux de muscler un peu leur jeu like a Robert in 1998. Deux ans plus tard ? La naissance de son premier autre moi, Metta World Peace. Metta ? Un terme bouddhiste évoquant l’amour bienveillant, l’amitié, la gentillesse, la bonne volonté, la camaraderie, la bonne entente, l’harmonie, la douceur et la non-violence. World Peace ? Fallait prendre angliche en LV1. Pour récapituler, on a donc en 2011 l’un des plus gros bad boy ever en NBA, épicentre humain de la plus grosse salade de phalanges de l’histoire de la Grande Ligue et connu pour ses agressions à mains non armées sur les parquets… qui décide qu’il faudra désormais l’appeler Paix dans le monde. Deux saisons de plus le niveau du gars a baissé, et après environ 300 matchs avec les Angelinos, une commotion cérébrale pour James Harden et un titre en 2010, Ron-Metta-Panda-Ford verra sa carrière s’éteindre petit à petit, sans même que l’on ait eu le temps d’analyser vraiment toutes ses folies.

S’en suivront quelques tentatives de dernières saisons à New York, pour boucler la boucle, ou Los Angeles, encore, et le 7 août 2014, Metta World Peace deviendra cette fois-ci… The Panda’s Friend suite à sa signature chez les Blue Whales de Sichuan, faut-il vraiment commenter ce choix. Un an plus tard ce génie des temps modernes s’exilera en Italie du côté de Cantu et s’y fera remarquer notamment au cours d’un match lors duquel il prendra cinq fautes en 110 …secondes. Puis ce fameux dernier retour avec les Lakers, retour aux sources également en 2018 puisqu’il décidera de récupérer son nom initial, Ronald William Artest, pour terminer dans l’anonymat sa carrière NBA et se concentrer par la suite sur la BIG3 League.

Metta Sandiford Artest a donc réussi l’exploit depuis vingt ans de porter quatre noms différents, de devenir champion NBA et meilleur défenseur de la Ligue, tout en étant la tête d’affiche de la plus grosse baston jamais vue dans le sport professionnel de haut niveau aux Etats-Unis. Est-ce que Malice At the Palace a conditionné les quinze dernières années de la vie de celui que l’on ne sait même plus comment appeler ? C’est très possible. Mais ce que l’on sait aussi, c’est que sans ce brawl de 2004, le natif du Queens nous aurait probablement inventé d’autres sottises pour faire de sa carrière une carrière unique.