Arrêt forcé aux stands pour LeBron James : un vrai avantage pour le Cyborg de 35 ans ?

Le 14 avr. 2020 à 14:33 par Benoît Carlier

LeBron James 14 avril 2020
Source image : Youtube

La NBA est à l’arrêt depuis le 12 mars et le manque se fait de plus en plus ressentir. Le drapeau rouge a été agité par Adam Silver il y a déjà un mois et aucun indice ne laisse pour l’instant entrevoir une date de reprise pour la Grande Ligue. Mais si jamais la saison 2019-20 devait se terminer avec un champion, peut-on vraiment parler d’un avantage pour LeBron James et son vieux moteur ?

17 saisons, 1258 matchs de régulière et 239 de Playoffs, une carrière bien remplie pour le King qui n’avait jamais raté plus de 20 rencontres dans une saison avant l’année dernière. Depuis 2003, l’enfant d’Akron a bien roulé sa bosse entre Cleveland, Miami et Los Angeles. Qu’on le veuille ou non, il est beaucoup plus proche de la fin que du début. Mais le numéro 23 a encore faim et ne rêve que de quatrième bague et même plus avant de raccrocher définitivement les sneakers. Déjà, le daron rêverait de croiser son fiston sur les parquets NBA lors d’une dernière saison qui pourrait vite ressembler à la tournée d’adieu d’une rockstar à l’instar de Michael Jordan à l’époque ou de Kobe Bryant plus récemment. Bronny James n’a que 15 ans et doit donc faire partie de la classe de 2023, ce qui laisse encore la perspective de pouvoir profiter des performances de buffle de son père pendant quatre saisons supplémentaires. Attention cependant à ne pas trop se cramer d’ici-là avec un jeu toujours physique et exigeant qui nécessite une hygiène de vie irréprochable. Oui, il va falloir y aller mollo sur les prochains Taco Tuesdays pour tenir la distance.

Le load-management ? Connait pas !

Pour la première fois de sa carrière, LBJ est passé sous la barre des 35 minutes de moyenne. Petit joueur, il est limité à “seulement” 34,9 minutes par match chez les Lakers cette saison. Un luxe pour celui qui dominait encore la Ligue au nombre de minutes jouées lors de ses deux dernières saisons à Cleveland et qui était utilisé 42,5 minutes par match lors de sa saison sophomore et sa third year. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore remarqué, on a bien affaire à un cyborg. Avant la saison dernière, il n’avait jamais été stoppé par une blessure malgré des actions à risque lorsqu’il arrive pleine balle dans une raquette noire de monde. Et si certains parlent de chance, il faut surtout reconnaître l’assiduité de BronBron à la salle de muscu et son professionnalisme en toutes circonstances. Alors dans ce cas, peut-on parler d’un break aussi inattendu que réparateur pour le quadruple MVP qui va pouvoir recharger les batteries en cette période de confinement ? Une première pour lui en plein mois de mars.

Un petit grain de sable et tout se dérègle

La première réponse nous vient du principal intéressé qui n’a pas l’air ravi de ce changement de calendrier. Comme il l’explique si bien, son corps a été programmé pour être performant du mois d’octobre jusqu’à la moitié du mois de juin et comme tous les appareils auxquels on demande de changer de mode en plein fonctionnement, il y a forcément quelques pièces qui font la gueule. Que ceux qui n’ont jamais arrêté leur machine à laver ou leur lave-vaisselle en marche parce qu’ils avaient oublié le produit nettoyant nous jettent la première pierre. Avec LeBron James, c’est pareil. La mécanique du boss est tellement précise qu’un tout petit grain de sable risque de tout enrayer. Heureusement, il est un peu mieux équipé que Jean-Michel Anonyme et sa barre de traction au-dessus de la porte de la cuisine et peut donc profiter d’une vraie gym de professionnel à la maison pour se maintenir en forme sans sortir de chez lui. Ceux qui le suivent sur les réseaux sociaux ont donc pu constater qu’il n’avait pas trop fondu depuis la mise en pause de la compétition il y a un mois. De toute façon, ce n’était pas celui dont on craignait le plus pour l’hygiène durant ce long séjour forcé à la maison.

Un mauvais timing

Alors où est le problème ? Si une courte sieste peut s’avérer réparatrice, il y a toujours le risque de s’endormir trop longtemps. Ici, c’est exactement la même chose et le vétéran ne veut pas commencer à rouiller avant d’avoir eu le feu vert pour retourner sur les parquets. Et le King n’a pas l’habitude de rester au même endroit plus de deux semaines, lui qui a tout de même enchaîné huit Finales NBA de suite, faut-il le rappeler, entre 2011 et 2018. Privé de Playoffs pour la première fois depuis sa saison sophomore l’année dernière, LeBron James avait repris suffisamment de forces pour terminer sa carrière avec cinq nouvelles saisons se prolongeant jusqu’en juin. D’une certaine manière, le confinement arrive donc avec un an de retard. En plus de ça, ce sont toutes les habitudes de papy qui vont être bouleversées en cas de reprise de la NBA à la fin juin par exemple. Plus on vieillit et plus on s’attache à une routine, ce qui risque donc d’amener à une Erreur 404 Not Found lorsque LeBron se retrouvera à donner une conférence de presse avant le premier match des Finales le 12 août prochain.

Le scénario catastrophe

Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce serait pourtant une bénédiction car cela signifierait que la pandémie s’est ralentie et que Tonton Adam aurait trouvé une solution pour que la saison arrive jusqu’à son terme. Car il existe aussi une autre hypothèse selon laquelle la saison 2019-20 est déjà terminée et ne décernera exceptionnellement aucun titre. Un vrai cauchemar pour les Lakers et LeBron James qui faisaient évidement partie des grands favoris pour rafler la mise cette saison. A 35 piges, le Chosen One n’aura plus beaucoup d’opportunités d’enrichir sa collection de bijoux et cette saison était une occasion en or de marquer un peu plus l’histoire avec un quatrième titre de MVP des Finales dans une troisième franchise différente. Sa carrière n’est pas extensible à l’infini et pas sûr que ces quelques mois de pause lui permettent de repartir pour une saison de plus que ce que son corps lui aurait permis à la base. Le moment idéal pour rappeler aussi que le contrat d’Anthony Davis expirera en 2021 et que aussi productif soit leur duo le mono-sourcil aura peut-être envie de s’émanciper comme Kyrie Irving avant lui plutôt que de supporter un futur Hall of Famer vieillissant dans ses derniers tours de piste. Enfin, on sait à quel point les records comptent pour Bron et une réduction du nombre de matchs aurait un impact direct sur ses chiffres en carrière. On n’en citera qu’un, qui risque de l’animer jusqu’à la fin : il ne se trouve plus qu’à 4300 points de KAJ pour devenir le plus gros scoreur de all-time. Un record qu’il verrait bien se réapproprier mais pour lequel tous les jours vont compter.

Si LeBron ne sera pas certainement celui qui mettra le plus de temps à se remettre dans le rythme en cas de reprise de la saison, cette pause risque d’avoir chamboulé son horloge interne. On surveillera donc le Cyborg pour ne pas rusher son retour et risquer une blessure handicapante pour la suite. A 35 ans, il a encore tellement de projets en NBA que cette suspension le force plus à repenser ses plans qu’elle ne lui fait réellement gagner du temps et de l’énergie. Pas de quoi s’enthousiasmer donc. Allez, courage, le reprise n’a jamais été si proche comme on dit.