Les Sixers se voient déjà régner sur l’Est l’an prochain : réalisme ou excès de confiance pour le Process et sa bande ?

Le 28 juil. 2019 à 06:06 par Alexandre Taupin

Sixers
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“On va marcher jusqu’au Finales à l’Est”. Le 11 juillet dernier, James Ennis, fraîchement re-signé par Philadelphie annonçait clairement la couleur pour la saison à venir : les Sixers vont s’amuser à l’Est. Quelques jours plus tard, c’était au tour de Tobias Harris d’afficher sa confiance en affirmant que les Sixers sont au sommet de la Conférence. Manque de respect pour les uns, simple réalisme pour les autres, ces déclarations avaient au moins le mérite de faire parler. On a décidé de faire le point, en toute objectivité (ou non), sur les chances du futur finaliste (ou non) de la Conférence Est.

180 millions sur Tobias Harris, 109 millions sur Al Horford et un contrat de 170 millions pour Ben Simmons à partir de 2020 : les dirigeants n’ont pas fait les choses à moitié cet été au moment de renforcer l’équipe. Exit Jimmy Butler, J.J. Redick ou encore Boban Marjanovic et bienvenue à Josh Richardson, Kyle O’Quinn, Raul Neto, Trey Burke et donc Al Horford pour truster les sommets de la Ligue. Un groupe jeune, prometteur, mais qui présente autant de promesses que d’incertitudes. Et si on creusait un tantinet ? C’est parti !

Honneur aux points forts de ce groupe et c’est peu dire qu’il y en a ! L’an prochain, Brett Brown devrait présenter un cinq composé de Ben Simmons, Josh Richardson, Tobias Harris, Al Horford et Joel Embiid. En bref, trois All-Stars, un quasi All-Star et un parfait joueur de complément qui peut jouer avec ou sans ballon. Premier constat sur cette équipe, défensivement c’est très, très costaud. Certes, la perte de Jimmy Butler est lourde des deux côtés du terrain mais Josh Richardson va aussi apporter dans un style totalement différent. Al Horford était la garantie défensive du côté de Boston l’an dernier et la raquette qu’il forme avec Embiid a de quoi effrayer n’importe quel attaquant assez fou pour s’aventurer dans la peinture. Offensivement parlant, c’est aussi très talentueux et même s’il est clair que Jojo sera la première option, le danger peut venir de n’importe où. Josh Richardson au Heat et Tobias Harris avant son transfert des Clippers avaient tous les deux de grandes responsabilités en attaque où ils devaient souvent mener le jeu de leur équipe. Quant à Ben Simmons, il est encore loin de son potentiel maximum de ce côté du terrain et on attend avec impatience de voir ses progrès au shoot. Niveau QI basket, aucune inquiétude non plus avec un Al Horford qui sera le parfait couteau suisse pour son coach : offensivement, défensivement, le grand Al cimente son équipe et son jeu de passes au poste bas devrait offrir de grands services avec un joueur dominant comme le Process à ses côtés. A côté de ce quintet gagnant, le board a offert à son staff quelques remplaçants capables de faire le taf en l’absence des titulaires : welcome Kyle O’Quinn, Raul Neto, Trey Burke, James Ennis ou encore Mike Scott, les deux derniers prolongeant leur contrat respectif. L’ancien intérieur des Pacers et le meneur passé dans l’Utah vont sûrement être revanchards après une dernière année bien compliquée pour eux et ils joueront leurs futurs dans la Ligue cette saison. Brett Brown va aussi enregistrer le retour à 100% de Zhaire Smith, qui pourrait être le facteur X de ce banc new-look pour l’équipe de Pennsylvanie. Un cinq type de qualité, quelques remplaçants prêts à mettre le bleu de chauffe, tout semble clean du côté de Philly mais, car il y a bien un mais, ce serait trop simple de s’arrêter là.

En effet, si cette équipe est carrément sympa sur le papier (et sur 2K) et même en termes de talent, elle semble aussi un peu montée à la va-vite. Quid du cinq de départ ? Tobias Harris de retour au poste 3 alors que le fit en 4 lui va beaucoup mieux, Al Horford qui va devoir jouer 4 alors qu’il a majoritairement joué 5 toute sa carrière, autant de choix qui risquent de nous faire grimacer au bout de quelques matchs. Entendons nous bien, Al Horford a les skills pour jouer ailier-fort, il l’a déjà fait à Boston par séquences. Il peut s’écarter du cercle, son shoot à mi-distance est très propre et il peut même dégainer de loin quand l’envie lui prend mais ça fait deux big men dans le cinq et le grand Al pourra-t-il aller chercher des ailiers ou des stretchs four pendant 35 minutes dans le corner ? C’est pas gagné. De même, Tobias Harris a longtemps joué 3, que ce soit à Orlando ou à Detroit mais c’est bien en tant qu’ailier-fort qu’il serait le plus efficace, surtout avec Embiid en pivot. Le Camerounais justement sera la première option en attaque. Facile, vous direz-nous mais ensuite ? Il reste une possession à jouer, Embiid est out pour six fautes, vous êtes à -1, à qui filer la gonfle ? Ben Simmons, Tobias Harris, Al Horford ? Quelle hiérarchie établir dans ce groupe entre les joueurs qui ont prouvé sur la durée mais qui ont moins de hype et les jeunes loups survitaminés qui n’ont que deux ou trois saisons dans les jambes ? Chacun devra comprendre son rôle et accepter de mettre son égo de côté au profit de l’équipe et c’est pas toujours gagné du côté de Philly. Le géant de Yaoundé, par exemple, doit abandonner son rêve de planter à longue distance et régner dans la peinture pour forcer les prises à deux et libérer un shooteur extérieur, un J.J. Redick par exemple. Un rôle qui devrait être repris par Tobias Harris, de plus en plus efficace dans ce domaine (40% sur les deux dernières saisons) mais derrière lui c’est loin d’être fourni, hormis Mike Scott.

Et le banc alors ? Oui, il est rempli de joueurs qui vont vouloir se montrer ou confirmer leur bonne saison passée. Mike Scott sera encore précieux, notamment pour le spacing, James Ennis apporte son énergie en sortie de banc comme l’an passée et puis.. plus aucune certitude. Zhaire Smith peut clairement être la bonne trouvaille de cette équipe mais il y a un monde entre débuter dans une équipe aux objectifs honnêtes et une équipe qui vise ouvertement la finale voire la gagne. Dans le meilleur des mondes, Trey Burke serait la première option du banc et il en est tout à fait capable. Il est irrégulier mais peut, certains soirs, sortir 25 pions en sortie de banc. Par contre, si ça ne matche pas, la second unit de Philly ne fera pas suer grand monde en attaque. Kyle O’Quinn est clairement un éboueur et Raul Neto enchaîne blessures et performances moyennes, sans compter qu’il va remplacer l’un des chouchous du Wells Fargo Center. Il y a l’option de faire passer Horford en sixième homme mais Elton Brand a-t-il vraiment offert 109 millions à un joueur du banc ? Enfin, et les fans des Sixers en sont bien conscients, le coaching staff. Quid de Brett Brown et de ses tactiques pas toujours lumineuses ? Si on peut reconnaître à l’ancien assistant de Pop’ sa psychologie et sa gestion de groupe, le jeu des Sixers a malheureusement tendance à être aussi brillant que pitoyable. Malgré sa défaite d’une courte paluche contre Kawhi et les siens, le coach se sait menacé et il va devoir mettre en place un nouveau plan de jeu en incorporant deux nouveaux joueurs dans son cinq et un banc assez largement modifié. Il faudra bien s’accrocher à son siège si les deux premiers mois se passent mal.

Les Sixers se voient-ils trop beaux ? Seul l’avenir nous le dira mais à voir les forces et les faiblesses de ce groupe, il y a un sentiment de manque qui nous vient. Ce groupe est-il plus complémentaire que les Bucks ? Pas dit. Peuvent-ils se permettre de regarder les Raptors, les Pacers, les Celtics ou les Nets de haut ? On ne leur recommande pas. Renforcés à coup de millions cet été, ils n’ont pas eu le salary cap pour s’offrir un peu de modestie et cela pourrait leur jouer des tours lorsque les matchs se joueront avec le couteau entre les dents. Ils sont prévenus. 

Roster Sixers

  • Meneurs : Ben Simmons – Trey Burke – Raul Neto – Shake Milton
  • Arrières : Josh Richardson – Zhaire Smith – Matisse Thybulle – Furkan Korkmaz – Marial Shayok
  • Ailiers : Tobias Harris – James Ennis
  • Ailier-forts : Al Horford – Mike Scott – Jonah Bolden
  • Pivots : Joel Embiid – Kyle O’Quinn – Norvel Pelle