Celtics 2008 – Une épopée inoubliable : Danny Ainge, le cerveau et les bourses

Le 14 sept. 2017 à 17:39 par Alexandre Martin

Danny Ainge - Celtics
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2007-08. Il y a dix ans, les Celtics remportaient leur dernier titre, le 17ème de la franchise. Un titre magnifique pour plein de raisons différentes : la façon dont il s’est mis en place, les légendes qui y ont participé, le staff vert ou encore ce groupe celte qui a fait montre d’un collectif et d’une rage de vaincre hors du commun. Le résultat, nous le connaissons tous : 66 victoires et une bague au bout d’une campagne de Playoffs mythique. Une épopée inoubliable…

Pour entamer cette série d’articles, il nous a paru inévitable de commencer par celui qui est à l’origine de tout cela. Celui qui par son audace et son sens du business a fait en sorte de donner les moyens aux Celtics de faire des miracles sur le terrain : Danny Ainge. 

Danny a le sang vert

Commençons déjà par situer le personnage Danny Ainge dans l’histoire de la grande maison verte. Il a été drafté par Boston en 1981. Il y est resté huit ans en tant que joueur (de 1981 à 1989) et en est devenu une pièce importante, participant à deux titres – le quinzième et le seizième de la franchise – en 1984 et en 1986 dans le sillage de la fabuleuse triplette : Larry Bird – Kevin McHale – Robert Parish. Après avoir arrêté sa carrière de joueur, il va tout de suite devenir le coach des Suns, le dernier club pour lequel il ait joué. Une expérience qu’il arrêtera assez soudainement en 1999 pour disparaître un peu des radars basketballistiques pendant quelques années. Mais en 2003, Paul Gaston – alors propriétaire des Celtics depuis un bail – vend la franchise à un groupe d’investisseurs (Boston Basketball Partners L.L.C.). Les nouveaux propriétaires ne vont même pas laisser le temps à la saison de se finir et aux Celtics de se faire sweeper en demi-finale de Conférence par les Nets pour déplacer Chris Wallace (le GM depuis environ 10 ans) et nommer à sa place Danny Ainge. A l’époque et même s’il décédera en 2006, Red Auerbach est encore bien présent dans l’organisation avec un poste de consultant senior auprès des dirigeants. Un homme – l’un des trois plus importants de l’histoire des Celtics – que Ainge connait bien puisqu’il était le GM quand il était joueur dans le Massachussets. Bref, quand il revient à Boston pour prendre ses nouvelles fonctions, le moins qu’on puisse dire est que l’ami Danny a une bonne idée des habitudes de l’institution dans laquelle il arrive.

D’entrée, il va imposer son style et commencer à monter des échanges dans tous les sens dès qu’il sentira une bonne opportunité. Il est comme ça Danny. Il ne supporte pas quand ça ne bouge pas, il est en permanence à la recherche du bon coup à faire et il ne tergiverse jamais longtemps quand un gros trade se présente. Et les décisions controversées ne lui font pas peur. C’est ainsi que quelques mois seulement après sa nomination et quelques semaines seulement avant le début de la saison 2003-04, au mois d’octobre 2003, il décide d’envoyer le triple All-Star Antoine Walker voir à Dallas si l’herbe est plus verte qu’à Boston. En échange ? Rien de bien folichon avec des gars comme Raef LaFrentz ou Chris Mills mais également un premier tour de draft. Au mois de février suivant, le 19, au soir de la deadline, Ainge continuera son entreprise de renouvellement en profondeur du roster avec plusieurs échanges de dernière minute. Un seul gars est intouchable, un seul : l’incontournable Paul Pierce. Un simple coup d’œil aux lignes de stats de Paulo sur cette période peut vous permettre de comprendre pourquoi. Avril 2004 : après une élimination au premier tour de Playoffs via un sweep offert par les Pacers, Ainge va aller chercher Doc Rivers pour prendre les rênes de l’équipe. Il continue ensuite ses modifications d’effectif à coups d’échanges aussi multiples que volumineux. Ainsi, de l’été 2003 à l’été 2007, pendant les intersaisons ou juste avant les trade deadlines de février, Ainge ne va pas arrêter de faire bouger des joueurs. Sans aucune hésitation, sans états d’âme, toujours dans l’idée de trouver le bon équilibre, de réussir le gros coup.

Été 2007, Danny casse tout

Pour autant, les résultats des Celtics restent décevants voire faméliques pendant ces quatre années. Deux saisons ponctuées par des éliminations cinglantes au premier tour des Playoffs puis deux saisons aux nombres de victoires trop faibles pour jouer au-delà de la mi-avril. Et ce qui devait arriver arriva. Malgré tout son amour pour le vert et le fait qu’il est déjà là depuis neuf ans, Paul Pierce veut partir. Il veut jouer dans une équipe plus compétitive. A moins que ses dirigeants ne parviennent à recruter des joueurs de très haut niveau pour enfin accompagner leur ailier comme il se doit, vers des succès en postseason. Il faut dire que Boston vient de ponctuer les quatre premières années de l’ère Danny Ainge par un exercice à 24 victoires. Oui, c’est maigre. Trop maigre. Conscient que sa stratégie ne mène pour l’instant à rien et qu’elle pourrait même coûter à sa franchise son joueur le plus emblématique depuis Larry Bird, ce bon Danny va alors se lancer dans le montage de deux trades monstrueux. Deux trades tout aussi culottés qu’ambitieux. Deux trades qui marquent une véritable cassure entre ces Celtics qui n’arrivent à rien et cette équipe qui va enfin devenir sacrément compétitive. Ainge sort son téléphone et enchaîne les coups de fil. Il commence par appeler du côté de Seattle. Son idée : convaincre les Sonics de lui envoyer Ray Allen. L’arrière va sur ses 32 ans mais il sort tout de même d’une sympathique saison à 26,4 points, 4,5 rebonds et 4,1 passes décisives de moyenne et il a déjà été sept fois All-Star.

Les Sonics discutent mais pas si longtemps finalement. Et le 28 juin 2007, Jeff Green – qui vient d’être drafté en 5ème position – ainsi que Wally Szczerbiak, Delonte West et un tour de draft font le chemin de Boston à Seattle. Ils croisent donc Ray Allen qui file vers le TD Garden accompagné de Glenn Davis. Blockbuster ! Paul Pierce a enfin un compagnon de scoring sur les extérieurs. Le marché des agents-libres n’est même pas encore ouvert que les Celtics ont déjà dégainé lourdement. Ensuite, contre toute attente, Danny va rester calme tout au long du mois de juillet. Il ne va pas s’exciter sur les quelques joueurs libres. Bizarre, bizarre. Mais ce calme n’était en fait qu’une illusion car les Celtes sont sur un deuxième énorme coup. Un coup qui porte des initiales bien connues : KG. Le 31 juillet 2007, l’échange est acté. Kevin Garnett quitte ses Wolves pour Boston. Les Celtics envoient une cargaison de joueurs en échange : Ryan Gomes, Gerald Green, Al Jefferson, Sebastian Telfair et Theo Ratliff sont du voyage avec deux premiers tours de draft. Cela fait beaucoup, le roster est démantelé mais c’est un joueur 10 fois All-Star, MVP en 2004, un monstre qui vient d’être meilleur rebondeur de la Ligue quatre années de suite qui débarque dans le Massachusetts. Un monstre dont la mission sera d’apporter son talent et son énergie bien sûr mais avant tout de devenir le patron défensif d’une escouade verte désormais armée d’un Big Three phénoménal. Le premier Big Three monté de toutes pièces à coups de trades par un General Manager. Un coup de maître de la part de Danny Ainge qui aura également la bonne idée de faire venir un certain Tom Thibodeau en tant qu’associate head-coach en charge principalement des problématiques défensives. On n’en parle que trop peu souvent mais ça aussi, ça va peser très lourd dans les succès à venir. Associer Kevin Garnett et Tom Thibodeau pour gérer une défense… Pololo, rien que de le dire, le lire ou l’écrire, ça fait frémir.

D’ailleurs cette équipe celte sera la meilleure défense de la saison qui suivra. Elle aura aussi le meilleur bilan en régulière passant de 24 à 66 victoires, soit la plus grande progression jamais enregistrée d’une saison à l’autre dans l’histoire NBA. Et la genèse de tout cela reste le flair et la paire de baloches monumentale dont Danny Ainge a fait preuve. Il fallait oser, il n’a pas hésité. Il venait là de réaliser une inter-saison inoubliable, qui marquera à jamais son CV de manager et qui lui permettra, quelques mois plus tard, de voir un 17ème titre venir garnir la galerie de trophées de sa franchise de cœur. 22 ans après le dernier, auquel il avait participé en tant que joueur… Respect.