La lettre de Lonzo Ball à LaVar : une relation unique entre un père et son fils

Le 17 juin 2017 à 09:55 par Bastien Fontanieu

Lonzo Ball
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Parce que la Fête des Pères approche et qu’un sacré daron va bientôt débarquer en NBA, c’est Lonzo Ball qui a pris sa plus belle plume pour écrire à LaVar : une jolie déclaration d’amour, entre un fils et son papa.

Leur relation a créé de nombreux débats sur les plateaux américains, notamment sur le sujet du travail forcé entre un père de famille souhaitant réaliser ses propres rêves et ses enfants qui voulaient peut-être faire autre chose de leur vie. Sauf qu’aujourd’hui, Lonzo est loin de montrer le moindre signe de fatigue en vivant avec son paternel, sachant que ce dernier a été comme ça tout au long de la vie du meneur. C’est donc sur The Players’ Tribune que le phénomène formé à UCLA s’est exprimé longuement, à la fois pour remercier celui qui a eu le plus d’influence dans sa vie, mais aussi pour fermer la gueule de certains. Une lettre pleine d’honnêteté et d’amour venant d’un fils qui réalise ce qu’il va vivre d’ici quelques jours, le point d’exclamation tant attendu après des années passées à bosser. On aime ou on n’aime pas la famille Ball, mais difficile d’en vouloir à un daron qui veut offrir le meilleur à ses trois fistons.

Papa,

Ces derniers mois, tu as beaucoup parlé de moi, probablement davantage que ce que les gens auraient aimé entendre. Du coup, avec la Fête des Pères qui approche, j’ai pensé qu’écrire ceci serait une bonne façon pour moi dire des choses à propos de toi.

Le vrai “toi”, pas celui que les gens voient à la télé. Juste, mon papa.

Une des choses que j’admire le plus chez toi, c’est le fait que tu te fiches de savoir ce que les gens pensent de toi. Ils peuvent avoir l’avis qu’ils veulent te concernant, mais ils n’auront jamais toutes les données en tête. Ils ne te connaissent pas comme je te connais.

Ils n’étaient pas là quand tu as totalement libéré le salon, afin que mes frères et moi puissions avoir suffisamment d’espace pour jouer et juste agir comme des enfants.

Ils n’ont jamais été réveillés par un de tes petit-déjeuners spéciaux, que tu nous as fait chaque jour à moi et mes frères pendant qu’on grandissait.

Et ils n’étaient pas là quand tu t’assurais que je gérais tout le temps ma partie du boulot en classe, et que je terminais le lycée avec plus de 16 de moyenne.

Toi par contre, t’étais là.

Ceci ne va certainement pas surprendre qui que ce soit, mais aussi longtemps que je puisse m’en souvenir, tu as toujours été la personne la plus bruyante dans la salle.

Cela ne changeait rien, si tu coachais mon équipe ou si tu étais assis dans les gradins. J’ai toujours su que tu me regardais de près car je pouvais toujours t’entendre. Et cela a toujours été comme ça, tu n’es pas seulement présent, tu es impliqué.

Quand j’étais au collège, j’ai commencé à rêver de pouvoir intégrer la NBA. Je voulais être meneur de jeu, comme Magic Johnson. Tu as accepté de me montrer comment y arriver. Tu as passé ta vie à entraîner des athlètes, et tu continues à le faire, donc je t’ai fait totalement confiance. Et en retour, tu as fait en sorte que je fasse le boulot nécessaire.

J’ai toujours en tête le programme que tu avais concocté pour moi, je l’aurai certainement toujours.

Lundi, mercredi et vendredi, lever de fonte.

Mardi et jeudi, tractions.

Et puis il y avait la colline. Oh, cette colline.

Chaque jour, quoi qu’il arrive, tu emmenais LiAngelo, LaMelo et moi au coin de la rue où se situait notre maison dans Chino pour monter et descendre cette colline en pleine chaleur, avant de nous ramener à la maison afin de réaliser du gainage.

T’étais toujours avec nous, en donnant le tempo. Tu étais là lors de chaque étape. En nous poussant, en nous encourageant, en refusant d’accepter quoi que ce soit d’autre que le meilleur de nous. Tu ne m’as jamais forcé à faire tout ça. Tu savais que tu n’avais pas besoin de le faire. Tu m’as compris.

Et quand j’avais besoin d’un peu de motivation, tu savais systématiquement sur quels boutons appuyer. Ce n’était jamais en me faisant répéter un exercice ou un truc dans le genre. C’était en me disant quelque chose du genre, “j’espère que t’es conscient que tu ne t’améliores pas.” Et c’est tout ce que j’avais besoin d’entendre pour retourner au boulot.

Quelles que soient les étapes qui vont venir dans ma vie, je me souviendrai toujours de nos déplacements en famille lors des jours de matchs. C’était toi à l’avant, avec Maman, mettant du son à fond et excitant mes frères et moi à l’arrière.

Les déplacements jusqu’au match étaient toujours une fête, mais les retours en voiture après chaque match, et bien… cela dépendait de la façon dont la rencontre s’était déroulée.

Tu ne m’as jamais dit, “super match” et rien d’autre. Dans la victoire comme la défaite, tu as toujours su trouver quelque chose que je pouvais améliorer. Des personnes sont déstabilisées par le ton que tu emploies, mais j’ai toujours su intérioriser ce que tu disais plutôt que de me focaliser sur la façon dont tu disais ces choses. Car quand tu déballes tout, il y a toujours une part de vrai dans ce que tu me dis.

Je n’oublierai jamais le match qu’on a joué contre une équipe venant de New York il y a quelques années. Ils étaient tous plus âgés que nous, on était dépassés en taille à tous les postes. Honnêtement, LaMelo faisait probablement 10 centimètres de moins que tous les joueurs de cette équipe. Il y avait un tel désavantage que je devais défendre sur leur ailier-fort.

C’était le genre de match que la plupart des équipes auraient abordé en sachant qu’elles allaient perdre. Et d’ailleurs, la plupart des équipes seraient probablement satisfaites en maintenant l’écart dans les vingt points.

Mais pas notre famille, non.

On s’est ramenés sur le terrain et on les a baladés. On a fait pleuvoir les trois-points et on a pressé tout-terrain du début à la fin du match. Et on a gagné.

Le retour à la maison était super. Beaucoup de monde me demande si ça me gonfle de te voir parler de moi. Ils voient à quel point je garde la plupart des choses en moi et s’imaginent que j’aimerais te voir agir de la même façon.

Ce qu’ils ne savent pas, c’est que tout ce que tu as dit publiquement je l’ai aussi entendu tout au long de ma vie en privé venant de toi. Et beaucoup de fois, tu as eu raison. Au fil des années, tu as tellement annoncé de choses devenues réelles que voir le contraire était presque devenu improbable. Même ce soir de la Lottery de la Draft, quand les Lakers sont tombés sur le podium, tu as commencé à courir dans la maison en criant, “JE L’AI DIT A TOUT LE MONDE ! J’AI DIT QUE C’EST CE QUI ALLAIT SE PASSER !” C’était à mourir de rire.

Les gens ne le voient peut-être pas, mais je possède le même niveau de confiance en moi que celui que tu as. (Je crois que LaMelo a tout ce qui concerne le blabla.) Et quand j’y pense, la confiance est la chose la plus importante que j’ai pu hériter de toi. La différence, c’est que je l’ai intériorisée. Tout ce que tu m’as dit, je l’ai absorbé pour ensuite l’utiliser sur le terrain. C’est là que je parle.

Le niveau de confiance que tu as en moi me donne un sentiment si fort. Cela m’a aidé à ne jamais me laisser abattre face à un challenge et à rester honnête envers moi-même. Je vais aborder cette nouvelle étape qui est celle de la NBA en sachant que je suis prêt. Et quels que soient les challenges jetés vers moi, je sais que tu seras toujours là pour veiller sur moi.

Il n’y a pas vraiment de manière de te remercier pour ce que tu as fait envers moi. Il y a probablement une voiture ou deux que j’ai en tête, mais je sais qu’une voiture ne fera pas tout. Selon moi, la meilleure façon de te remercier sera de réaliser la vision que tu as toujours eu pour moi. Tu as toujours dit qu’intégrer la NBA était beaucoup plus facile que d’y rester. Je veux prendre cette confiance que tu as posée sur moi et la justifier. Je veux que tu puisses me voir jouer puis t’enfoncer dans ton siège avec un sentiment de satisfaction, en sachant que j’y suis arrivé. Que nous y sommes arrivés.

Je sais que de nombreux enfants n’ont pas la chance d’avoir une figure paternelle dans leur vie. Et c’est un obstacle compliqué à devoir surmonter. Donc quels que soient les avis de qui que ce soit sur toi, je suis incroyablement reconnaissant de t’avoir en tant que père. Si je ne t’avais pas eu comme influence dans ma vie, je ne pense pas que je serais dans cette position aujourd’hui. En fait, je sais que ce ne serait pas le cas.

Tu n’a pas eu la vie la plus facile. Tout ce que tu as obtenu, tu as dû bosser pour l’avoir. Et tu as passé toute ta vie d’adulte à intégrer cette éthique de travail en moi et en mes frères, pour t’assurer qu’on n’affronterais pas les challenges que tu as dû affronter. Je ne vois pas ce qu’on pourrait demander d’autre de la part d’un père.

Merci pour m’avoir appris à jouer ce jeu. Merci pour m’avoir appris à me conduire comme un homme. Et merci pour ne t’être jamais excusé en étant resté toi-même.

Bonne Fête des Pères, Papa. Je t’aime.

— Lonzo Ball

Source : The Players’ Tribune


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