Le basket selon Mike D’Antoni ou pourquoi les Rockets pourraient déchirer la prochaine régulière

Le 06 juil. 2016 à 20:52 par Alexandre Martin

Les Rockets sortent d’une saison carrément décevante. Pourtant dotés d’un effectif très solide et complet – articulé autour des deux stars James Harden et Dwight Howard – ils n’ont pu qu’arracher la 8ème place de l’Ouest avant de se faire sortir sèchement dès le premier tour de Playoffs par les Warriors. On attendait clairement mieux de la part d’une équipe ayant atteint les Finales de Conférence l’année précédente dans le sillage d’un Barbu taille MVP. Mais les supporters de Clutch City peuvent d’ores et déjà recommencer à sourire car l’avenir s’annonce beaucoup plus fun. 

Les Fusées ne vont vraisemblablement pas jouer le titre la saison prochaine mais les fans vont voir leur escouade préférée pratiquer un basket tout aussi sympa à regarder que générateur de victoires, du moins en régulière. Car non seulement Daryl Morey s’est bien repris en se débarrassant de J.B. Bickerstaff aussitôt l’élimination actée en post-season, mais en plus, il a eu la bonne inspiration derrière en s’octroyant les services de Mike D’Antoni qui jouait les assistants de luxe auprès de Brett Brown à Philadelphie…

L’Italo-américain est souvent raillé pour le manque de rigueur et d’intensité défensive des équipes qu’il a coachées. C’est un fait, la défense n’est pas son cheval de bataille et Mike D. n’a pas pour habitude d’imposer à ses joueurs un jeu sous le signe des barbelés et des rotations agressives. Il aime quand ça court, quand ça joue vite aussi bien sur panier encaissé, que sur interception ou rebond défensif. Il aime le small ball, le run-and-gun. Il aime quand ça shoote en première intention. Il aime le pick-and-roll. Tiens le pick-and-roll d’ailleurs, parlons-en. Dans la NBA actuelle, plus de la moitié des attaques placées sont jouées sur une base de pick-and-roll. Et les Rockets possèdent en James Harden l’un des meilleurs joueurs sur pick-and-roll (ou pick-and-pop) de la Ligue. Balle en mains, le Barbu est d’une dangerosité sans nom en termes de scoring. Il sait tout faire aussi bien de loin, qu’à mi-distance ou en pénétration. Il fait partie des joueurs les plus malins et compliqués à tenir au niveau des fautes provoquées. Il sait peser sur une défense même quand il n’est pas dans un bon soir au tir. Et n’oublions pas qu’il est également un playmaker fabuleux, un distributeur à la vision excellente et à la technique impeccable.

Depuis son poste 2, Harden vient de jouer 163 des 164 matchs des Rockets sur les deux dernières saisons. En 2014-2015, ce sont 7 passes décisives qu’il a envoyées chaque soir et en 2015-2016, il a augmenté son nombre moyen de caviars offerts à 7,5. Avec la méthode et la philosophie de jeu de Mike D’Antoni, le numéro 13 texan va encore progresser et s’en donner à coeur joie tout au long de l’exercice pour le plus grand plaisir de ses fans et au grand dam des défenses adverses. Car, non seulement le style de D’Antoni lui a permis, par deux fois, de gagner plus de 60 matchs en une saison (seuls Popovich, Kerr et Rivers l’ont fait parmi les coachs actuels) mais il devrait parfaitement convenir à un James Harden au top de sa carrière en termes de niveau. D’autant plus qu’il y a quasiment tout ce qu’il faut dans le roster pour entourer le Barbu et permettre au coach à la moustache (rasée ??) de développer son “système”. Le cinq majeur sera vraisemblablement composé de Patrick Beverley, James Harden, Trevor Ariza, Ryan Anderson et Clint Capela. Imaginez Harden balle en mains, Clint Capela qui vient lui poser un écran pendant que Beverley, Ariza et Anderson se positionnnent et bougent intelligemment. Voilà un tableau qui n’est pas sans nous rappeler les Suns du milieu des années 2000 ou les Knicks du début de saison 2010.  Les Beverley, Ariza et Anderson sont de très bons shooteurs et obligeront la défense à faire des choix difficiles dès que le Barbu fera la moindre différence et il va en faire, soyez-en sûrs ! Venir en aide sur Harden et laisser seul un sniper capable de convertir environ 40% de ses tirs derrière l’arc ? Laisser le gars qui s’occupe d’Harden se débrouiller tout seul au risque de voir le Barbu enfiler les paniers et les lancers-francs comme des perles ? On ne sait pas trop quelle est la meilleure solution mais une chose est sûre : les coachs adverses vont avoir de sacrés maux de crâne en mettant en place leurs systèmes défensifs avant d’affronter les Rockets la saison prochaine car Mike D’Antoni est capable de bien faire prendre conscience à chaque joueur de ce qu’il doit faire pour recevoir de bons ballons, pour obliger la défense adverse à choisir, pour ouvrir des brèches à Harden.

En plus, le banc n’est pas si mal. Il manque d’un vrai autre pivot pour tourner avec Capela mais sinon il est plutôt fourni en joueurs très corrects comme Corey Brewer, Michael Beasley – qui vient de re-signer -, Eric Gordon (nouvel arrivant), Donatas Motiejunas, K.J. Mc Daniels ou encore les jeunes Montrezl Harrell, Sam Dekker et Gary Payton II. Notons également que le recrutement de l’équipe n’est probablement pas fini. Nous verrons comment Mike D’Antoni va organiser ses rotations car il n’a pas la l’habitude de faire beaucoup tourner mais, en tous cas, il a un roster compétitif. Les joueurs sont jeunes et n’auront aucun souci à courir dans tous les sens, à s’éclater en prenant des tirs en première intention. Bien évidemment, la défense risque de laisser un peu à désirer. Ces Rockets vont sûrement encaisser des valises de points même si Beverley, Ariza, Capela, Brewer er McDaniels sont des défenseurs sérieux. En revanche, l’attaque va scorer et l’ambiance va certainement être plutôt au-delà des 110 points par rencontre sur l’exercice 2016-2017 du côté des Fusées ce qui peut permettre de gagner un bon paquet de matchs en saison régulière. Surtout si Mike D’Antoni réussit à bien faire adhérer les joueurs à sa philosophie ce qu’il arrive souvent à faire.

Du coup, non seulement les Rockets vont très certainement faire une bien meilleure saison que la dernière mais il ne serait pas surprenant de les voir revenir dans le haut de la Conférence Ouest avec plus de 50 victoires. Et oui, ça parait osé de balancer un tel chiffre en plein mois de juillet mais si ces Rockets articulés autour de la paire D’Antoni – Harden ne vont clairement pas jouer le titre, ils vont proposer un basket offensif et rapide avec un paquet de matchs gagnés à la clé. Voilà, ça c’est dit…

Source image : nba.com