Rockets : un pick and roll de feu, une renaissance programmée

Le 02 sept. 2013 à 16:21 par Alexandre Martin

Au centre de toutes les attentions, à l’origine de beaucoup de rumeurs et à la conclusion de la plus grosse signature d’agent libre cet été, les Houston Rockets ont aujourd’hui réussi à construire un roster qui a fière allure. Un roster qui fait peur, un roster qui fera clairement partie des gros outsiders de la conférence Ouest lors de la saison prochaine. Les Texans ont désormais deux stars dans leur effectif. Deux stars accompagnés d’une multitude de bons role players à tous les postes. De quoi faire un très bon 5 majeur et avoir de la profondeur ainsi que du talent sur le banc.

Ceci étant dit, avoir un groupe de qualité est une chose mais en tirer des résultats en est une toute autre. Kevin McHale va maintenant devoir faire jouer et faire gagner cette équipe. L’ancien intérieur des Celtics a très bien travaillé avec son groupe la saison passée. Ses Rockets ont joué vite, sans réels systèmes en attaque, ils ont remis au goût du jour une sorte de “run and gun” autour d’un James Harden de feu (25,9 points, 5,8 passes décisives, 4,9 rebonds et 1,8 interceptions). Du coup, en misant sur la vitesse, la créativité et les pénétrations de James Harden ainsi que sur la qualité de shoot de quelques joueurs – notamment l’excellent Chandler Parsons mais aussi Francisco Garcia et Carlos Delfino – les Rockets ont réussi à se hisser à la 8ème place de l’Ouest et se sont faits éliminer avec les honneurs, au premier tour de playoffs, par le Thunder.

Un pick n’ roll létal

Avec l’arrivée de Dwight Howard, Houston change de statut. L’ex pivot du Magic et des Lakers va apporter sa présence défensive, ses rebonds, et des points à l’intérieur en attaque. En attaque justement, les Rockets vont pouvoir développer une arme qui pourrait bien s’avérer très compliquée à défendre pour leurs futurs adversaires. Ils vont pouvoir construire une grande majorité de leurs offensives sur une base de pick n’ roll avec James Harden et Dwight Howard dans les rôles principaux.
Vous allez me dire : “Oui bah, en même temps, en NBA, il doit y avoir au moins 80% des équipes qui jouent le pick n’ roll une fois sur deux en attaque”. C’est vrai ! Mais toutes les équipes ne disposent pas non plus du meilleur arrière et du meilleur pivot de la NBA pour animer leur pick n’ roll. Aujourd’hui, Kevin McHale a tout ce qu’il lui faut pour mettre en place l’attaque de ses fusées sur une base de pick n’ roll quasi indéfendable.
En mettant sur le parquet, Harden, Howard et trois joueurs capables de shooter ou, au moins, de bien profiter du spacing offert par cette situation, McHale va poser de gros soucis défensifs à son homologue.

Imaginez un peu : James Harden balle en main en tête de raquette, Dwight Howard qui vient lui proposer un écran, Jeremy Lin (ou Patrick Beverley) dans une aile bien à l’écart, Chandler Parsons et Omri Casspi (qui a remplacé Delfino pendant l’été) chacun dans un corner. Dans cette configuration, le duo Harden – Howard peut faire de grosses différences. Le barbu est un excellent manieur de ballon, il peut shooter à mi-distance ou à 3 points si son défenseur passe derrière l’écran. Il peut aller jusqu’au cercle si son défenseur tente de passer au-dessus de l’écran ou en prenant le pivot adverse de vitesse en cas de swich défensif. Et, s’il part vers l’arceau et qu’une aide vient, Harden possède, au delà de ses qualités physiques et techniques monstrueuses, le QI nécessaire pour faire le bon choix et servir un de ses partenaires qui sera donc ouvert et prêt à shooter.
Dwight Howard, lui, est capable de poser de bons (et gros) écrans, il est très mobile pour sa taille (et son poids) et peut donc filer vers le cercle après avoir posé son écran (en fonction de la situation) et, s’il reçoit le ballon à ce moment, il peut finir par un dunk, un lay-up. Un Howard bien lancé ou qui reçoit le ballon sous le cercle, ce n’est pas facile à arrêter ! D’autant plus que le pivot a certes encore quelques lacunes techniques (lancers francs, pas de shoot à plus de 3 mètres) mais, sans parler de sa puissance hors du commun, il a des mains très correctes au près et a encore une belle marge de progression pour améliorer ses qualités de finisseur.

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Le casse-tête sera bien réel pour les coachs adverses. Comment défendre quand Harden a la balle en main et que Dwight monte pour lui faire un écran ?  Tenter de tenir le barbu iroquois en un contre un pour ne pas laisser Howard tout seul ? On vous souhaite bien du courage !  Swicher ou passer sous l’écran en prenant le risque de voir Harden ouvert pour un shoot ? L’ami James vous remercie par avance… Laisser Howard seul ? Bah oui ! Un gros dunk du Dwightounet, ça faisait longtemps ! Venir en aide et libérer un corner ? Chandler Parsons vous passe le bonjour depuis l’arc et vous remercie pour ce beau 3 points… Messieurs les coachs, choisissez votre poison !

Vers la renaissance de Superman et de Houston

Si l’arrière barbu et son pivot aux larges épaules développent une bonne entente, qu’ils arrivent à se comprendre et à se trouver dans ces situations de pick n’ roll, le duo peut devenir un cauchemar pour les défenses. Oui, l’entente entre ces deux stars et surtout l’envie de Dwight Howard de jouer (et de s’appliquer) en pick n’ roll seront les clés en attaque pour Houston. Car, je me souviens d’une interview de Steve Nash, juste après le départ d’Howard pour le Texas, dans laquelle le double MVP expliquait que D12 ne lui avait pas semblé vouloir jouer le pick n’ roll…
Pourtant, jouer en pick n’ roll avec Steve Nash, il y a pire comme punition ! Bon, il faut quand même reconnaître que le contexte n’était pas forcément idéal aux Lakers. Entre les blessures, Kobe Bryant qui est plus un joueur d’isolation aujourd’hui et l’atmosphère tendue qui devait régner dans le vestiaire, Howard a quelques excuses même s’il n’a clairement pas non plus montré toute la meilleure volonté et a très mal communiqué dans les médias.
Là, en revanche, avec James Harden et sa clique de snipers, le pivot va pouvoir (et devoir) retrouver le goût du jeu rapide, des écrans, des alley-oops… Houston compte beaucoup sur lui aussi en attaque à la différence des Lakers qui attendait surtout d’Howard une grosse présence défensive mais qui n’avait pas l’intention de changer beaucoup en attaque (Kobe oblige !).

Howard n’aura pas non plus toutes les clés de l’attaque à Houston car James Harden a aujourd’hui un statut de star et un bagage offensif qui font de lui un incontournable dans le Texas. Mais Harden n’est pas Kobe, Harden sera certainement plus enclin à partager la balle en attaque si l’alchimie se fait. Une excellente situation pour Dwight Howard : moins de pression, une équipe plus jeune qui va compter sur lui des deux côtés du terrain. Nous pourrions bien assister à une sorte de renaissance, au retour du Superman des années Magic, voire même mieux, la renaissance d’un Houston sur fond de pivot dominant…
D’autant plus qu’avec Kevin McHale et Hakeem Olajuwon, Dwight Howard va bénéficier des conseils de ce qui s’est fait de mieux en NBA en matière de techniciens au poste bas. Il va donc pouvoir travailler, à l’année, avec les meilleurs. Il va pouvoir se servir de leur savoir, de leur expérience pour faire progresser son jeu dos au panier, ses moves au poste bas pour ainsi apporter des solutions à son équipe sur demi-terrain (hors pick n’ roll).

Voilà ce que Houston propose à Dwight Howard aujourd’hui. Du jeu rapide adapté à ses qualités athlétiques, et en plus d’une équipe jeune avec moins de poids à supporter qu’au Lakers, un coach et son assistant qui connaissent sur le bout des doigts le poste de pivot et ses subtilités. Pour couronner le tout, sur le parquet, les Rockets ont les moyens de varier les styles. Il peuvent passer d’une raquette très solide en associant Howard à Omer Asik pour avoir du répondant face à certaines paires d’intérieurs très physiques. Ils peuvent aussi jouer avec un vrai 4 comme Greg Smith ou Terrence Jones voire Donatas Motiejunas ou carrément s’orienter vers un small ball avec Howard en seul big man et un joueur comme Chandler Parsons au poste 4. Une option souvent utilisée l’an passé, notamment en playoffs. Une option de jeu dans laquelle Parsons s’en est très bien sorti et a pu marquer pas mal de points en profitant des espaces que lui laisse son adversaire direct.

Ces Rockets, qui ont été la risée de la NBA à l’été 2012, ont donc bel et bien, aujourd’hui, les moyens de s’installer en haut de la Conférence Ouest. Daryl Morey, le GM texan, peut se féliciter d’avoir parfaitement mené sa fusée sa barque et d’avoir réussi, en l’espace d’un an, à faire venir deux joueurs stars autour desquels il a bâti un roster solide des deux côtés du terrain. Un roster qui va s’atteler à intégrer Dwight Howard pour se lancer à l’attaque de cette jungle qu’est la conférence Ouest.