Stephen Curry et les Finales : mais où est passé le MVP unanime ?

Le 15 juin 2016 à 20:56 par Alexandre Martin

Cela fait deux années consécutives que Stephen Curry plane sur la NBA en saison régulière, qu’il est élu MVP sans aucune contestation possible voire carrément à l’unanimité. Cela fait deux années que l’assassin à tête d’enfant envoie du lourd pendant les premiers tours des Playoffs mais a plus ou moins de mal à se distinguer en Finales, à peser comme il le fait si bien tout le reste du temps. Et là, depuis un peu moins de deux semaines, c’est tellement flagrant que la question se pose : le fils de Dell a-t-il un souci avec les Finales ? 

L’an dernier, après une régulière majestueuse, Steph Curry a envoyé des Playoffs superbes au sein de Warriors qui ont tout écrasé sur leur passage jusqu’en Finales. Ce sont plus de 29 points à 46% au tir dont presque 44% derrière l’arc ainsi que 5 rebonds, plus de 6 caviars et 2 interceptions qui ont garni la ligne de stats du monsieur lors des trois premiers tours. Ensuite, face aux Cavs, on a beaucoup parlé du gros boulot de Matthew Dellavedova en défense sur lui, on a critiqué son soit-disant manque d’impact mais peut-être de manière un peu trop virulente compte tenu du fait qu’il a tout de même bien pesé sur la victoire ultime des Warriors. Alors évidemment, c’est Andre Iguodala qui s’est retrouvé avec le trophée de MVP des Finales mais franchement, aucune voix pour Curry ? Pas super sérieux ce vote (comme souvent d’ailleurs avec la NBA). LeBron James – même vaincu – méritait cette récompense plus qu’Iggy alors un Curry en 26 points, 6 passes décisives, 5 rebonds et 1,8 interceptions le tout avec des pourcentages plus que décents au tir… Oui, il n’a pas donné la sensation d’impacter le jeu autant que d’habitude lors de ces Finales 2015 mais bonjour le niveau du gars mine de rien !

Pour autant, ce premier épisode de Finales – certes remportées mais non récompensées du titre de MVP car un peu moins dominées que le reste de la saison – est resté dans les mémoires. Certainement d’ailleurs dans celle de l’ami Stephen puisqu’il est revenu pour l’exercice 2015-2016 avec l’envie, la détermination et la faim d’un gars qui n’aurait rien gagné depuis sa naissance. Le souci c’est que cette année, le papa de Riley est en train de nous gratifier de Finales indignes d’un MVP qui plus est unanime. Pourtant, il a tout écrabouillé en régulière : meilleur marqueur (30,1 points), il est entré dans le club du 50/40/90 tout en pulvérisant son propre record de 3-points rentrés sur une saison (402) et pendant que Golden State devenait l’équipe ayant réussi la plus prolifique saison en termes de victoires (73) dans l’histoire NBA. Ces gars ont juste détrôné les Bulls de Michael Jordan et Curry a été l’élément principal de cette réussite. Et sur les premiers tours de Playoffs, malgré une blessure au genou et un match où il n’a joué que 18 minutes, ce bon Steph nous a envoyé 26,7 points (45,8% au tir, 40,7% depuis le parking) avec 6 passes décisives, 6 rebonds et presque 2 interceptions. Solide ! On se demandait si sa fragilité physique n’allait pas lui jouer un vilain tour mais le gars a fait le boulot et plutôt très bien.

C’est en Finales que tout s’est sérieusement gâté. Au moment le plus important de la saison, quand tous les yeux ne sont plus braqués que sur deux équipes, Stephen Curry n’arrive pas à jouer à son niveau. Sur les deux premiers matchs, nous étions restés calmes sur le sujet car, il faut le reconnaître, les Warriors n’ont pas vraiment eu besoin de lui tant ils ont dominé des Cavs à la ramasse. Curry a mal joué dans le Game 1 parce qu’il a été très bien défendu – ce qui est d’ailleurs une constante dans ces Finales -, il n’a pas mis ses tirs et a passé 35 minutes sur le parquet pour seulement 11 points dans une victoire de 15 unités pour Golden State. Un mauvais match du MVP mais sans aucune conséquences pour les siens donc pas très utile de s’y attarder. Dans le Game 2, il n’a foulé le parquet que 24 minutes tant les hommes de Steve Kerr n’ont pas laissé respirer ceux de Tyronn Lue. Mais ensuite, il est devenu flagrant que Stephen Curry se fait dominer par Kyrie Irving dans cette série pour la bague. Premièrement parce que Tonton Drew vient d’envoyer trois superbes matchs dont le dernier qui vient tout simplement d’une autre planète en termes offensifs et deuxièmement, parce que mis à part un match 4 énorme sur le parquet des Cavs (38 points à 7/13 de loin ainsi que 6 caviars et 5 rebonds), Curry ne pèse pas.

Son body language n’est pas celui d’un conquérant. Son regard est trop souvent dans le vide. Il force trop de tirs qui ne rentrent pas, il n’arrive pas du tout à tenir son vis-à-vis… Est-il encore un peu blessé ? Il n’est vraisemblablement pas à 100% mais il n’en parle pas et il a bien raison car, à ce niveau des Playoffs, les petits bobos sont fréquents pour la plupart des joueurs. Et cela n’excuse en rien son manque d’impact sur ces Finales. Heureusement pour lui, il bénéficie du collectif fabuleux des Guerriers, d’un Klay Thompson solide, d’un banc très présent et d’un Draymond Green monstrueux. D’ailleurs quand ce bon D-Ray se fait suspendre, on voit bien que cela déséquilibre totalement les Warriors alors qu’ils sont capables d’enfiler deux victoires de suite (les deux premiers matchs) avec un Curry médiocre. Oui, clairement, le jeu produit par Stephen Curry lors de ces Finales n’est pas à la hauteur du MVP qu’il est. Loin de là…

Maintenant que cette petite salve bien venimeuse est sortie, n’oublions pas que la série n’est pas finie, que Curry reste un joueur exceptionnel qui peut tuer les Cavs à lui tout seul lors du match 6, demain, à Cleveland. Il peut mais même s’il le fait, il se pourrait fortement qu’il ne soit pas MVP de ces Finales – coucou Draymond – et ce, pour la deuxième année d’affilée donc. Voilà qui ferait tâche pour le meneur des Warriors. Mais après tout, cela nous rappelle qu’il est bel et bien qu’un humain avec ses forces impressionnantes mais aussi des faiblesses frustrantes…

Source image : twitter /@NBA