Stephen Curry et David Lee donnent la leçon à Miami, victoire impressionnante des Warriors

Le 03 janv. 2014 à 07:45 par Bastien Fontanieu

Les Warriors sont fatigants. Très fatigants. Relous, pénibles, irritants : tous les termes possibles et imaginables nous viennent à l’esprit quand on tente de décrire cette équipe si unique, qui progresse soirs après soirs. En l’emportant sur le parquet de Miami hier pour la deuxième saison consécutive, les Dubs ont montré once again qu’une fois concentrés, la NBA possède très peu d’équipes capables de les arrêter.

Loin du Thunder mené par Westbrook et Durant, des Spurs dont les récentes Finales étaient épiques, des Rockets dont le recrutement estival fût spectaculaire ou des Clippers qui ne cessent de développer leur hype, la franchise d’Oakland continue son petit bonhomme de chemin et énerve beaucoup de monde. Forcément, avec autant de talent, on en vient vite à se gratter le crâne et à faire la grimace : pourquoi ces gamins n’écrasent-ils pas tout sur leur passage ? Et, en cas de victoire, pourquoi arrivent-ils à gagner en jouant ainsi ? C’est ainsi. Les Warriors énervent, souvent. Très souvent. Quand ce n’est pas Andrew Bogut qui fonce s’empaler dans un joueur afin de le faire sortir psychologiquement de son match, ce sont les propos ultra-arrogants de Mark Jackson qui servent de cible afin de justifier quelconque animosité. Quand ce ne sont pas les gimmicks de Stephen Curry après chaque bombe plantée à distance, c’est Kent Bazemore et ses célébrations extrêmes sur le banc de touche qui nous mettent hors de nous. Cette équipe dérange, joue un basket de fou, montre une attitude déplaisante, se donne à fond uniquement quand elle le souhaite, et réussit ses coups uns par uns avec une nonchalance qui donne des envies de meurtres.

Et hier soir, forcément, la machine a décidé de se mettre en marche. Après un début de saison moyennement convaincant, laissant certaines équipes l’emporter sur le fil à la maison ou décidant soudainement de trainer les pieds car ces joueurs pensent pouvoir appuyer sur le bouton ON/OFF quand ils le souhaitent, les troupes de coach Jackson se sont rapidement retrouvées dans le collimateur des analystes qui pensaient voir cette bande de fous-furieux dominer la saison régulière avec concentration et application. Mais il n’en fût rien. Cette équipe des Warriors est unique en son genre, elle ne respecte aucun principe auquel nous avons été habitué, aucun plan de route que nous avons pu consulter jusqu’ici. Et, en effet, elle sait quand appuyer sur ce fameux bouton. Attaquant la rencontre d’hier avec application et sérieux, chaque joueur s’est retrouvé installé dans le siège qui a été construit pour lui et a réalisé la partition parfaite. Une symphonie en splash mineur qui aura rendu fou le Heat ainsi que ses fans, peu habitués à voir une équipe se ramener en ville et dominer une rencontre de la première à la dernière minute. Car, oui, ces Warriors que l’on a vu hier soir et qui referont probablement surface en Mai, ce sont eux qui ont donné la leçon à Miami, du premier au dernier coup de sifflet. Et ce n’était pas une simple histoire de joueur en état de grâce, loin de là.

Variant remarquablement entre jeu placé et spontanéité typique du jeu prôné par Mark Jackson, montrant cette capacité à pouvoir laisser Stephen Curry prendre feu comme de se rassembler quand l’hôte monte la charge et qu’il faut exécuter un système sans le moindre dysfonctionnement, les copains de Klay Thompson ont joué le basket parfait, dont on rêve souvent, et qui donne envie de prendre le cuir pour oublier nos obligations le temps d’un soir. Pour punir le champion en titre à son propre jeu en décidant de garder Andrew Bogut de côté afin de jouer plus petit, les Dubs ont appliqué le pansement Iguodala sur LeBron James (avec Draymond Green également), forçant le King a commettre 8 pertes de balles, rien que ça. Iggy, uniquement intéressé par sa mission d’épuiser LBJ, a du coup permis à Lee de se régaler en attaque. Le All Star a pleinement profité de l’exécution scientifique des systèmes de son équipe pour venir martyriser la faible raquette du Heat, mise en galère par le nombre d’extérieurs engagés par Jackson. En effet, comment venir doubler sur Lee quand vous avez des assassins tels Curry, Thompson, Barnes ou Iggy qui patientent à distance ? La réponse est la suivante : 32 points et 14 rebonds à 13/17 au tir et une balade sous les arceaux. Erik Spoelstra, voyant ainsi ses géants galérer sous les paniers, a alors préféré appliquer davantage d’intensité défensive sur les prises au poste : une bonne blague pour Mark Jackson, qui possèdera alors 3 coups d’avance sur l’échiquier et donnera alors carte blanche à un Stephen Curry qui ne rêve que d’une chose : jouer tous ses adversaires en un-contre-un. Le genre de jeu auquel Babyface est assez doué et culotté, n’est-ce pas ? La réponse : 36 points et 12 passes à 8/15 de loin.

Des chiffres, on en a, plein, et qui reflètent certains aspects du jeu. Des erreurs de la part du Heat, à vouloir jouer trop vite, ou à ne pas se concentrer sur certains fondamentaux nécessaires à l’obtention d’une victoire, on en a un paquet également. Seulement, nous savons surtout ceci : hier soir à Miami, le champion en titre a joué avec un effectif complet, particulièrement concentré, et dont la défense tentait par séquence tout ce qu’elle pouvait pour ralentir le chaos installé par ces visiteurs d’un soir. Le genre d’application qui a tendance à écraser un adversaire, derrière les chants des Seven Nation’s Army repris avec fierté par la chorale de l’American Airlines Arena. Des pooooo-po-po-po-po-poooooo-poooo qui assomment leurs adversaires 99% du temps, sauf hier soir. Ce Jeudi en Floride, LeBron James et Dwyane Wade ont peut-être trouvé leur futur adversaire des Finales NBA : un seau d’eau bien froide pris en pleine gueule, qui rappelle aujourd’hui au Heat le chemin qui l’attend au printemps prochain. La route est pénible, le boulot conséquent, et il faudra compter sur de nombreux adversaires pour venir contester un troisième titre consécutif historique.

La saison est encore longue, et les montagnes russes émotionnelles qui nous attendent seront tout aussi importantes. Mais chaque année, certaines équipes montrent ici et là ce dont elles sont capables quand elles sont concentrées, juste une fois. Une preview des PlayOffs qui peut faire particulièrement peur quand on s’imagine le potentiel de chacune de ces écuries. Le Thunder l’a fait à Golden State, les Pacers l’ont montré à Los Angeles. Houston a donné sa part à San Antonio, et Miami a fait pareil lors de son premier match de la saison. Ainsi, ceux qui ont vu le festival des Warriors hier soir à Miami savent désormais que cette équipe ne sera pas là pour faire figuration en Mai 2014. Elle viendra pour donner des leçons, le genre de leçon que le Heat a reçu a domicile ce Jeudi. Beware.