Pénurie offensive, orgie défensive : quelles manivelles peut activer Tyronn Lue pour éviter le naufrage ?

Le 07 juin 2016 à 11:50 par Benoît Carlier

Alors que le Game 1 devait servir à prendre la température de cette série pour les Cavaliers, le deuxième acte a déjà plongé tout l’Ohio dans une profonde dépression devant l’absence de solutions proposées face aux champions en titre. Pourtant, Tyronn Lue a encore deux matchs pour trouver quelles manivelles activer s’il ne veut pas rapidement subir le même sort que David Blatt en janvier.

Le nouveau coach des Cavaliers l’avait annoncé après un premier tour de chauffe raté à l’Oracle Arena, le plan de jeu avait été respecté par ses joueurs à qui il allait surtout demander d’accélérer un peu le tempo ce dimanche. 48 minutes de boucherie plus tard, Lue va bien être obligé de revoir un peu sa copie sous peine de subir un sweep qui se profile déjà à l’horizon si rien n’est fait. Car on a bien vu que galoper tout le match n’était pas l’idée du siècle pour battre le small-ball de Warriors qui adorent justement courir dans tous les sens pour trouver le joueur ouvert derrière l’arc. Cleveland n’est pas le Thunder et ça, Tyronn Lue va devoir bien l’intégrer s’il ne veut pas rapidement passer pour un pigeon. En effet, si le rythme ultra-élevé imposé par OKC en Finale de Conférence avait failli permettre l’exploit contre Golden State, Russell Westbrook et ses potes sont autrement plus athlétiques que les Cavs, qui comptent beaucoup plus de grands joueurs moyennement mobiles dans leurs rangs. Demandez à Kevin Love et Channing Frye de cavaler tout le match comme peut le faire un Serge Ibaka et vous allez retrouver des poumons sur le parquet avant la sirène de fin. Mais attention aussi à ne pas tomber dans de l’attaque systématique au poste une fois que le rythme redescend. La défense des Warriors est beaucoup trop active est prévoyante pour se faire dépasser dans un système sans mouvement et on en a eu la preuve en images ce dimanche avec une réussite au tir calamiteuse dans le camp des visiteurs (28/79 à 35,4%). À de trop nombreuses reprises on a vu LeBron sans autre solution que de servir un copain au poste en espérant qu’il sorte vainqueur de son duel avec son vis-à-vis.

Le King, parlons-en. On le disait trop seul pour s’en sortir l’année dernière, mais que se passe-t-il vraiment maintenant qu’il est mieux entouré ? Le numéro 23 se contente de distribuer davantage la gonfle et semble en avoir oublié sa capacité à perforer n’importe quelle défense dès qu’il l’a décidé. Il prenait près de 33 tirs de moyenne lors de l’ultime série en 2015, il tourne pour l’instant à un trop faible 19 tentatives par match depuis deux matchs soit sa moyenne en saison régulière. Il a même terminé le premier quart avec une bulle bien cheum avant d’en passer 19 sur les trois autres périodes. Pourtant d’un strict point de vue mathématique, il a toujours fini parmi les meilleurs pourcentages au tir dans son équipe lors de ces Finales. Sans faire de l’iso LeBron le système par défaut des Cavaliers, Tyronn Lue pourrait donc profiter un peu plus des armes qu’il possède au lieu d’économiser des munitions qui risquent d’être bientôt périmées. Le cyborg doit appuyer là où ça fait mal et punir Golden State à l’intérieur comme il l’avait très bien fait en première mi-temps lors du match 1 car dès qu’il drive et que le train est lancé, il devient tout simplement injouable et repart au minimum avec deux voyages sur la ligne des lancers-francs. Ensuite LBJ pourra se permettre de redistribuer plus facilement vers l’extérieur avec les prises à deux qu’il aura créées pour servir toutes les gâchettes de l’Ohio qui rongent leur frein et ne sont jamais dans de bonnes dispositions pour shooter. Notre Gérard national a donc aussi vu son rendement baisser de plus de moitié dans ces Finales où aucun espace ne lui est laissé par la défense californienne pour le moment. En alignant un LeBron James au poste 4 avec un gros dessous pour enfoncer la raquette ou ressortir sur les snipers ouverts derrière l’arc, Cleveland se donnerait au moins une chance de gagner un match dans un jour d’adresse comme ils ont été fréquents dans ces Playoffs.

Défensivement aussi, il y a bien des choses à redire dans la manière de Tyronn Lue d’aborder cette match-up. Si Stephen Curry et Klay Thompson ont été tenus en dessous des 20 points chacun, ils n’ont pas produit beaucoup de déchets dans ce Game 2 et les apports de Matthew Dellavedova et Iman Shumpert de ce côté du parquet auraient peut-être mérité plus de temps de jeu pour tenter de contenir les deux maboules de la ficelles. On ne compte plus les incompréhensions entre J.R. Smith et son meneur sur les écrans adverses, ni les fois où Kevin Love est sorti trop tard sur un shooteur parce qu’il n’a pas réagi assez vite sur le switch. Et c’est bien la limite du Big Three des Cavs composé de deux piètres défenseurs pour entourer LeBron James. Même constat que les autres benchers pour Timofey Mozgov qui pourrait offrir un vrai point d’appui à l’intérieur en attaque et dissuader un peu Draymond Green de s’aventurer au plus près du cercle comme c’était parfois le cas dimanche. Face à la death lineup des Warriors, LeBron James pourrait ainsi un peu décrocher d’Iggy qui n’est pas la première menace extérieure de Golden State pour venir aider sur le meilleur marqueur des Warriors pour le moment, celui qui porte le même numéro que lui et qui est également le mieux placé pour aller chercher le titre de MVP des Finales jusqu’à maintenant.

Toutes les solutions doivent être envisagées par Tyronn Lue après la gifle reçue lors du Game 2. La joue encore rouge, il va falloir immédiatement rebondir à la Q et cela passera cette fois par des changements inévitables. Les Finales ne sont pas un moment pour expérimenter mais plutôt pour optimiser un effectif censé se connaître sur le bout des doigts. Chaque série à ses hommes clés et ses systèmes de prédilection, les Cavaliers vont rapidement devoir trouver les leurs avant qu’il ne soit trop tard. Alors faites appel à Doc Rivers, à David Copperfield ou à Mac Gyver mais offrez-nous les Finales que l’on mérite. S’il vous plaît. 

Source image : Tom Szczerbowski – USA TODAY Sports


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