Profil Draft 2016 : Dejounte Murray un scoreur-croqueur sous l’aile de J-Crossover

Le 27 mai 2016 à 15:17 par David Carroz

On continue tranquillement notre tour des prospects avec un joueur que Jamal Crawford a pris sous son aile. Il faut dire qu’on prend la direction de l’état de Washington – d’où vient J-Crossover – où évoluent les Huskies d’un certain Dejounte Murray qui présente des similitudes avec son mentor.

Profil

> Âge : 20 ans. Né le 19 septembre, il soufflera ses bougies avec C.J. McCollum et Tyreke Evans.

> Position : Meneur/arrière. Combo guard en fait.

> Equipe : Washington Huskies. Comme Nate Robinson, Brandon Roy, Isaiah Thomas. Ou encore Detlef Schrempf si on remonte plus loin.

> Taille : 195 centimètres. Pas mal du tout pour son profil de combo.

> Poids : 77 kilos. Un poids plume.

> Envergure : 206 centimètres.

> Statistiques 2016 : 16,1 points à 41,6% dont 28,8% du parking, 6 rebonds, 4,5 passes, 1,8  interception et 3,2 balles perdues en 33,5 minutes.

> Comparaison : Jamal Crawford en attaque, Shaun Livingston en défense.

> Prévision TrashTalk : Fin de premier tour, début du second.

Qualités principales

# Quelques atouts physiques

Avec une envergure de plus de 2m pour un arrière, Dejounte dispose d’une belle arme pour la NBA. S’il est certes encore fin, ses épaules sont larges et laissent augurer d’une prise de muscle envisageable pour développer un corps plus en adéquation avec la Grande Ligue. Malgré ce manque de volume, le combo guard des Huskies n’a pas peur du contact qu’il cherche même par moment. Tout comme son allonge, sa taille devrait être un atout, ou du moins ne pas lui poser de problème au milieu des pros, surtout que ses bras lui permettent d’être au-dessus des autres arrières par exemple pour envoyer son flotteur ou des tirs, mais aussi pour distribuer le jeu. Lorsqu’il dispose de suffisamment d’espace, il sait se montrer bondissant, en particulier lorsqu’il s’agit d’être à la conclusion des lobs… Son matos physique doit lui permettre de peser en défense et au rebond. Il peut paraitre néanmoins nonchalant en ce qui concerne la “D”, mais il dispose de bonnes mains qui lui confèrent des qualités d’intercepteur.

# Instinct du scoreur

Si Dejounte Murray n’est pas le shooteur le plus efficace au monde, il sait mettre la balle dans le cercle de différentes façon. Un bon scoreur avec un gros volume de tir, autrement appelé croqueur pour ceux qui veulent voir les choses négativement. Son geste n’est pas pourri, mais son adresse reste moyenne, en particulier lorsqu’il ne prend pas son shoot en rythme. En gros, les pull-ups sont compliqués, même s’il faut constater qu’il maitrise la création de l’espace pour pouvoir les prendre. Meneur avec un style très sauvage qui sent clairement le playground, il joue de façon peu ortodoxe mais il trouve le moyen de réussir des choses venues de nulle part, ce qui le rend difficile à défendre, surtout avec son agressivité, avec ou sans le ballon. Avec son premier pas rapide, il attaque le cercle en partant le plus souvent sur sa gauche, maitrisant les changements de rythme pour tromper l’adversaire, en l’endormant avant de lui mettre cher sur une accélération ou après une feinte. Là encore toujours dans un style très instinctifs avec de nombreux dribbles.

# Potentiel du meneur

Si Dejounte Murray est avant tout un scoreur, il dispose d’une très bonne vision du jeu et d’un véritable instinct qui laissent penser qu’il peut offrir bien plus que croquer en attaque. Il le prouve d’ailleurs en transition où il aime dicter le tempo, mettre les défenseurs à l’amende avant de distribuer. Il est aussi très compétent pour donner la balle lorsqu’il est en mouvement, par exemple pour ressortir la gonfle ou trouver le joueur qui plonge sur une pénétration. S’il progresse dans sa prise de décision, il pourra devenir un meneur chez les grands. Un potentiel sur le long terme, car il est aujourd’hui loin d’être capable de contribuer en NBA.

Défauts majeurs

# Prise de décision

On vient de l’évoquer, mais ce n’est pas demain la veille que Dejounte Murray pourra se voir confier la mène d’une franchise. Il a tendance à jouer avec des oeillères et à foncer dans le tas, perdant ainsi de nombreux ballons, surtout en transition car il manque de ressenti. En gros, il aime scorer d’abord, marquer ensuite, puis mettre des paniers. Ce qui fait qu’il se concentre moins sur la passe et réalise de mauvais choix, ne donnant pas le ballon dans le rythme ou là où il est attendu par ses coéquipiers. Il a besoin de se calmer car il a vite l’air perdu balle en main, surtout sous la pression. Une prise à deux et c’est la panique. Il peut aussi facilement se mettre en mode bouillie de basket en faisant n’importe quoi et en se lançant des des drives casse-croûte. Il faut dire qu’il active le mode All-Star en cherchant à faire le geste flashy, pas celui qui est juste, ce qui donne vite beaucoup de caca. Il force des shoots improbables et tente des choses qui n’ont rien à faire sur un parquet, ce qui pourrait lui valoir des passages réguliers au Shaqtin’ A Fool, non pas pour des circus shots, mais du circus basket.

# Lanceur de briques du parking

Vouloir scorer, c’est bien. Ce qui est mieux reste de maitriser les options pour y parvenir. Comme le tir par exemple, en particulier du parking. Ce n’est pas le point fort de Dejounte Murray, loin de là. Si sa mécanique n’est pas cassée son shoot reste peu fiable et limité. Il faut dire que dès le départ, il ne prend pas une bonne position et ne prend pas le temps de bien poser ses pieds pour partir avec un équilibre correct. Cela se sent moins sur catch and shoot, même s’il ne vend pas du rêve non plus. Au final, les défenses le traitent comme le premier Rajon Rondo venu, sans la capacité à distribuer le jeu. C’est-à-dire qu’elles l’attendent pour le cueillir s’il tente de pénétrer, sans se soucier d’une éventuelle sanction sur un tir de loin.

# Finition dans le traffic

Il n’y a pas que derrière l’arc que Dejounte Murray peut se retrouver en galère. On l’a vu, il est encore un peu léger et même s’il n’a pas peur du contact, il ne l’absorbe pas non plus sans broncher quand il se mange un défenseur. Par conséquent, il n’est pas assez costaud pour manger un pain et conclure quand même. Il possède donc qu’un moyen 44% de réussite au cercle, mais on attend des progrès à mesure qu’il prendra du muscle. Sur demi-terrain, il semble manquer d’explosivité et a parfois du mal à s’élever dans le traffic. Il galère même quand il s’agit d’être au duel face à un adversaire qui lui impose de la hauteur et de la longueur de bras.

# Consistence en défense

Passons maintenant de l’autre côté du parquet. Avec le matos physique dont il dispose – et qui devrait s’enrichir de plus de muscles dans quelques années – Dejounte Murray pourrait être au minimum un défenseur honnête. Sauf qu’il s’en tamponne complètement et fait preuve d’une désinvolture que James Harden ne renierait pas. Quand il doit rester face à son adversaire, il parait cloué au sol, avec un posture totalement je m’en foutiste. Il ne coulisse pas, ne vois pas l’intérêt de stopper son joueur, quand il ne l’oublie pas après s’être endormi. Comme cela ne semble pas l’intéresser, il relâche rapidement sa position et abandonne dès qu’il semble être pris. Bref, la défense ça lui en touche une sans faire bouger l’autre.

Conclusion

Si Dejounte Murray dispose d’un potentiel offensif qui pourrait ravir dans le futur une franchise en sortie de banc, il devra tout de même apprendre à se sortir les doigts pour peser aussi un minimum en défense. Il faudra aussi mûrir dans le jeu et comprendre qu’une meneur, ça distribue le jeu. On parle donc d’un mec qui est un projet sur le long terme et qui pourrait bien goûter la D-League après avoir été drafté, histoire de se développer physiquement et mentalement.

Source image : Leon Bennett/Getty Images