Fini le squattage du parking : pour gagner, les Cavaliers doivent remettre les mains dans la merde

Le 25 mai 2016 à 18:43 par Benoît Carlier

Encore invaincus avant de franchir la frontière Nord du pays pour y affronter Toronto, les Cavaliers ont subi la loi des Canadiens à deux reprises à Jurassic Park avec une tendance à s’écarter du panier qui ne leur a pas franchement réussie. La route des Finales passera de nouveau par la peinture pour LeBron et ses copains.

On le sait, Cleveland est peut-être la nouvelle équipe la plus dangereuse du parking en NBA. Les derniers finalistes ont tiré des leçons de leur échec face aux Warriors au point de les copier sur certains aspects du jeu. Du coup, ont a découvert les tendances pyromanes de J.R. Smith, Kyrie Irving et Kevin Love dans ces Playoffs lorsqu’ils ont décidé de brûler successivement les parkings de Detroit et Atlanta. Mais les soldats de l’Ohio n’ont pas qu’un tour dans leur sac et c’est dans un tout autre registre qu’ils s’étaient débarrassés des Raptors de manière assez violente à la Q avec un écart moyen de 25 points sur les deux premiers matchs de la série. En l’absence de Jonas Valanciunas, les Cavaliers ont ainsi privilégié la raquette pour aller chercher des paniers faciles en contre-attaque ou en pénétration pour le plus grand plaisir de Kyrie Irving ou même de LeBron James, bien plus à l’aise dans cet exercice là que derrière l’arc tracé à 7,23 mètres du panier. Pourtant, alors que le pivot lituanien souffre toujours de la cheville et n’a pas pu jouer la moindre minute dans ces Finales de Conférence jusqu’aujourd’hui, les disciples de Tyronn Lue ont inexplicablement commencé à s’écarter du cercle depuis le Game 3 comme l’a justement signalé Brian Windhorst d’ESPN.

Cavs average shot distance in series:

Game 1 — 11.1 (feet)
Game 2 — 11.7
Game 3 — 16.2
Game 4 — 18.7

— Brian Windhorst (@WindhorstESPN) May 24, 2016

Distance moyenne des tirs des Cavs dans cette série :

– Game 1 : 3,4 mètres

– Game 2 : 3,6 mètres

– Game 3 : 4,9 mètres

– Game 4 : 5,7 mètres

Rien d’insurmontable a priori quand on dispose de snipers de la trempe de ceux cités plus haut, voire de Channing Frye qui semble renaître de ses cendres à Cleveland et plus particulièrement dans ces Playoffs où il a retrouvé son ancien vice-président à Phoenix (vous l’avez ?). Sauf que leur adresse du parking n’a pas été doublée avec leur nombre de tentatives (14/41 dans les Game 1 et 2 contre 27/82 les deux matchs suivants) et les Cavs se retrouvent désormais dos-à-dos avec des Raptors opportunistes qui n’ont pas dit leur dernier mot. Bien que les enseignements semblent évidents à tirer à partir de ces quelques chiffres, Tyronn Lue a confirmé qu’il ne changerait pas de stratégie pour le reste de la série au micro de Chris Fedor du Cleveland Plain Dealer.

“Nous avons eu une session film intéressante aujourd’hui qui nous a permis de repérer ce que nous devions faire pour la suite. Nous sommes prêts pour cela. […] S’ils couvrent bien le parquet nous devons choisir la meilleure option. Si un joueur a un tir ouvert il doit le prendre et il doit le mettre. Bien sûr, nous ne voulons pas forcer de tirs à 3-points, ce n’est pas ce que nous essayons de faire. Vous avez pu le constater lors des deux premiers matchs. Nous avons juste pris ce que la défense adverse nous donne et maintenant la défense nous autorise des tirs à 3-points donc ont doit les mettre dedans.”

Sans manquer de respect au successeur de David Blatt, on remarque par exemple que le quadruple MVP n’est jamais meilleur que lorsqu’il est agressif vers le cercle. Maintenant qu’il roule en Kia, LeBron James n’attire pas l’attention sur le parking où il tire à 28,6% depuis le début des Playoffs. Plutôt que de forcer le trait, le King serait donc bien inspiré de se rapprocher un peu comme il l’avait fait lors des deux premières confrontations avec Toronto avec 1 et 2 tirs derrière l’arc pour une efficacité maximum lorsqu’il ne s’écarte pas au large (78% à 18/23). Un exemple qui parle pour tout le reste de son équipe alors que Cleveland tirait à 53/77 dans la raquette (69%) dans ses deux W à domicile. On a vu dans le quatrième quart du Game 4 que les Raptors étaient en difficulté dès que les premiers de la saison régulière à l’Est jouaient small ball. Channing Frye a montré dans cette série qu’il ne fallait pas le laisser tout seul et il a créé des espaces intéressants dans la peinture en attirant Bismack Biyombo loin de son QG lorsqu’il évoluait poste 5. Rien ne sert d’arroser à 3-points, la seule menace est suffisante pour rendre fous les défenseurs et créer des boulevards aux extérieurs des Cavs. Une nuance que Cleveland va devoir retrouver pour éviter de rejoindre les Spurs 2012 dans la liste de ces équipes à ne pas connaître les Finales NBA après avoir commencé la post-saison par dix victoires de rang.

C’est la beauté des Playoffs. À chaque match-up ses ajustements. Tyronn Lue va donc devoir effectuer les siens avec beaucoup de précaution s’il ne veut pas rapidement subir le même sort que David Blatt. Car seul le titre sera beau dans l’Ohio.

Source : ESPN, Cleveland Plain Dealer

Source image : Ken Blaze – USA TODAY Sport


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