Russell Westbrook : le baromètre du Thunder, véritable clé de ce Game 5

Alors que la série entre les Spurs et le Thunder arrive à un tournant cette nuit puisque le match 5 qui va se jouer à San Antonio verra le vainqueur prendre un gros avantage pour la suite, un homme pose question et semble finalement détenir les clés d’un affrontement entre deux très grosses équipes. Aussi bizarre que ça puisse paraître, cet homme n’est pas Kawhi Leonard ni LaMarcus Aldridge ou Kevin Durant…

Bien évidemment, ces trois fabuleux joueurs vont peser dans l’issue de la série par leurs performances mais une autre star parait encore plus pouvoir influencer le résultat en fonction de son niveau de jeu. Il s’agit de Russell Westbrook. L’idée n’est pas ici de comparer le meneur du Thunder à son coéquipier KD ou à ses adversaires Kawhi et “LMA” mais plutôt de nous intéresser en profondeur à l’impact des choix du numéro 0 d’OKC que ce soit en cours de match ou pire en toute fin de rencontre…

Il ne s’agit pas non plus de remettre en cause la superbe saison que vient d’effectuer l’ami Russell. En même temps, étant donné qu’il vient d’envoyer 23,5 points à 45,5% au tir accompagnés de 7,8 rebonds, 10,4 passes décisives et 2 interceptions en 34 minutes de moyenne sur les 80 matchs auxquels il a participé, il va être compliqué de dire ou de prétendre que ça ne le fait pas. Pour autant, il y a une donnée qui est immuable quand on regarde jouer le Thunder : cette équipe n’est jamais aussi forte que quand Westbrook s’applique à impliquer tous ses partenaires, quand ses efforts surhumains sont avant tout destinés à faire gagner l’équipe et non à noircir sa feuille de stats. Car si Kevin Durant semble parfaitement connaître son rôle, celui de scorer d’abord, de prendre un paquet de tirs, quelques rebonds et de – pourquoi pas – proposer quelques très bons passages défensifs comme dans le dernier quart du match 4 sur Kawhi Leonard, Westbrook lui, parait parfois un peu perdu dans son basket.

Et quand ce bon Russell ne trouve pas la juste mesure, c’est tout le Thunder qui galère car, Durant ou pas, les hommes de Billy Donovan ne peuvent pas se passer d’un Westbeast productif ET pertinent dans ses choix. En fait, on aurait pu croire que le souci principal de Westbrook était son pourcentage dégueulasse au tir depuis le début de la série contre les Spurs car il en prend trop dans des conditions compliquées. Cependant, le match 4 a montré encore autre chose. Le Thunder a besoin  que Westbrook prenne entre 15 et 20 tirs. Plus il en met, mieux c’est évidemment, mais là n’est pas finalement le point central, surtout quand KD est en feu et que des gars comme Adams et/ou Enes Kanter – Dion Waiters arrivent à apporter leur écot au scoring. Non ce qui compte vraiment dans le jeu de Russell Westbrook pour le Thunder, c’est qu’il réussisse à faire jouer ses coéquipiers du début à la fin de la rencontre, qu’il utilise sa fabuleuse force de pénétration, sa puissance et sa vitesse, pour créer des déséquilibres dans la défense adverse. Des déséquilibres qu’il doit si possible transformer en points – mais plutôt près du cercle – et surtout utiliser pour trouver les gars ouverts pour un tir, un de ses intérieurs roulant vers le cercle.

On l’a vu au match 4 dimanche – et à moindre mesure au match 2 – même s’il n’a shooté qu’à 28% (ce qui est juste horrible), Westbrook a pesé lourd sur la rencontre avec ses 15 passes décisives, ses 7 rebonds et 3 interceptions pour seulement 3 pertes de balle. Westbrook doit mettre son immense mental et ses qualités athlétiques sans équivalent au service de son équipe et non au service de son scoring. Bien sûr, Kevin Durant ne pourra pas toujours planter 40 points ou plus sur la tronche de la meilleure défense de la Ligue, mais ce bon Russell ne va pas non plus avoir une réussite aussi faible à chaque fois, surtout s’il prend soin de créer car cela va lui ouvrir des brèches. En fait, le Westbrook dont le Thunder a besoin doit tourner autour de 20 points avec une bonne grosse dizaine de caviars (et plus si affinités), et pourquoi pas une belle moisson de rebonds et d’interceptions en bonus. Oui, nous parlons bien ici d’un Westbrook qui ferait à peu près en Playoffs ses stats de saison régulière. C’est ce qu’il fait d’ailleurs en moyenne, mais avec des très hauts et des très bas et le constat est sans appel notamment depuis le début de la série contre les Spurs, une équipe tactiquement, techniquement et défensivement très en place : quand Westbrook atteint la dizaine de caviars distribués, le Thunder gagne. Et ce, quelque soit son pourcentage puisqu’il a été tout à fait correct dans le match 2 (11/25) mais horrible donc dans le match 4.

Si “Russ” peut s’appliquer dans ce sens, il ne sera que plus en confiance pour les éventuelles fins de matchs serrées et cela pourrait lui éviter les turnovers ridicules comme en fin de Game 3 récemment contre San Antonio. Et c’est en ça que Russell Westbrook est clairement le vrai baromètre du Thunder, car de la régularité de ses performances dépend la régularité et la qualité des résultats de son escouade. En bon vieux renard, Popovich s’évertue d’ailleurs à faire en sorte que ses joueurs empêchent Westbrook de se sentir bien dans un match. Il sait que c’est beaucoup trop dangereux.

Ce match 5 est une étape de plus – et non des moins importantes – pour ce Thunder à deux têtes. On sait plus ou moins quel genre de match va nous pondre Kevin Durant, en espérant pour OKC que son pourcentage au tir sera le meilleur possible. En revanche, on suivra donc d’un oeil très attentif la performance de Russell Westbrook…

Source image : Twitter / @ErikCraigWeiss