Futur carton : Tom Thibodeau à la réalisation de Défense avec les Loups – Part 1

Le 07 mai 2016 à 18:04 par David Carroz

Pari Tom Thibodeau Minnesota Timberwolves

À peine une nouvelle saison sans Playoffs de bouclée dans le Minnesota que les grandes manœuvres débutaient. Au revoir Sam Mitchell, bonjour Tom Thibodeau, accueilli à bras ouverts et avec un rôle élargi pour éviter de galérer avec le front office comme à Chicago. Une signature rapide qui a été saluée par les observateurs et qui annonce des jours meilleurs à Minneapolis. Mais à quoi faut-il vraiment s’attendre  chez les Wolves ? TrashTalk fait le tour pour vous du scénario et du casting de “Défense avec les Loups, avec “Thibs” à la réalisation.

Un mec aux commandes dont l’année sabbatique a fait encore plus grimper sa cote. Alors qu’on l’avait laissé dans l’Illinois, éliminé en demi-finale de Conférence par les Cavaliers de LeBron James, les critiques fusaient, surtout de la part de la production chicagoane qui expliquait l’échec de sa super-production par un metteur en scène dont les compétences n’étaient pas à la hauteur du talent des acteurs présents. Quelques mois plus tard, l’échec des Bulls souligne encore plus ses qualités de leader et à quel point Gar Forman et John Paxson ont sous-estimé son apport sur les rives du Lac Michigan. Quand on voit ce qu’il a pu réaliser sans son personnage principal Derrick Rose les années précédentes ou même avec lui pour ses grands débuts en tant que numéro un d’une franchise, on a du mal à imaginer qu’on puisse se débarrasser de lui aussi facilement. Mais Glen Taylor ne s’est pas soucié de ce détail. Lui qui pourtant est habitué aux productions familiales et à se tourner vers les gens qu’il connait a cette fois-ci sauté le pas pour viser plus haut. L’occasion était trop belle pour passer à côté.

Avant même que Tom Thibodeau ne commence à mettre en place son puzzle, on connait déjà les grandes lignes du scénario qui va s’écrire dans le Minnesota : de la rigueur, de l’investissement et de la défense. Sur ce dernier domaine, son CV est conséquent. Au cours de ses cinq saisons dans l’Illinois, aucune n’équipe n’a eu une meilleure défense que les Bulls (101,5 points encaissés pour 100 possessions sur cette période). Son job précédent aux Celtics ? Seuls les Spurs (102,6 contre 103) étaient plus hermétiques que les barbelés proposés par ses schémas. Et on peut remonter jusqu’à l’époque où il bétonnait pour les Knicks (quatrième efficacité défensive sur les sept ans écoulés) ou encore les Rockets (troisième sur quatre saisons) pour se dire que la trame du film des Wolves pour les prochaines saisons offrira la part belle à la sueur et au sang chez les adversaires. Tout ce qu’il a mis en place durant ces années a été copié ou repris – surcharger le côté fort, protéger autant la raquette – mais jamais personne n’a su rendre le tout aussi cohérent et aussi solide. En tout cas pas au point de faire passer une équipe qui présentait un bilan tout juste équilibré (les Bulls sortaient d’un exercice à 41-41 en 2010) à une franchise avec le meilleur bilan de la Ligue (52-20 en 2011). Avant qu’elle ne retombe dans l’anonymat ou presque (42-40 cette année) à son départ.

Les Wolves partent peut-être de plus loin, avec la 27ème efficacité défensive en NBA (les Bulls étaient 11ème en 2010), encaissant 110,1 pions pour 100 possessions cette saison. Mais le chantier n’est pas du genre à impressionner le gros bosseur qu’est “Thibs”, surtout quand il sait qu’avec Andrew Wiggins et Karl-Anthony Towns, il dispose déjà de son protecteur de cercle et de son stoppeur extérieur autour desquels construire sa forteresse. De quoi devenir dès la saison prochaine l’une des défenses les plus hermétiques de la Ligue ? Patience tout de même car c’est un groupe bien plus jeune qu’il va devoir façonner à son image. Quand Luol Deng et Joakim Noah avaient déjà 25 piges pour la première de Tom Thibodeau, leurs alter-égos chez les Loups ont encore du duvet puisque Wiggo et KAT auront tout juste le droit de boire de l’alcool lors du prochain réveillon. D’où l’intérêt de proposer un bail long terme à Tom, pour lui laisser le temps de polir ses joueurs et monter en objectif, ambition et pression avec l’expérience qu’ils vont prendre. Tout en restant dans la force de l’âge pour supporter les cadences imposées par le coach, même si cela lui sera probablement reproché. Enfin bon, quand on voit que les Bulls ont eu encore plus de blessés cette saison que lors des années “Thibs” – même en prenant en compte les absences prolongées de Derrick Rose – on peut même se demander s’il a vraiment eu une grosse influence sur les pépins physiques des Taureaux et si ce ne sont pas plutôt les vétérinaires de l’Illinois qui ont eu leur diplôme dans une pochette surprise. Et puis il faut arrêter de penser repos tout le temps, des mecs entre 20 et 25 piges peuvent bien courir 36 minutes par match s’ils ont une bonne hygiène de vie. En 1998, Michael Jordan et ses 34 ans passaient 38,8 minutes par rencontre sur les parquets sans manquer un match et surtout sans que cela ne choque. Chicago allait chercher le titre.

Puisque nous en sommes au rayon des craintes, certains ont peut-être également peur d’avoir les yeux qui saignent devant le spectacle offensif des leurs, entre absence de circulation de balle et joueurs statiques, se rappelant avec nausée les schémas proposés par Tom Thibodeau dans le passé : balle à Derrick et débrouille-toi mon grand ou Joakim Noah en meneur sans mouvement autour de lui. Oui, il y a de quoi faire des cauchemars. Mais il y a aussi de l’espoir de voir du changement. Pendant 5 ans, si les Bulls évoluaient avec un jeu très rudimentaire de ce côté du parquet -surtout après les blessures de Rose, car avant cela ils disposaient de la cinquième efficacité offensive de la Ligue en 2012 – c’est parce qu’ils devaient bricoler avec les absences des uns et des autres. Mais pour sa dernière dans l’Illinois, “Thibs” a propulsé les siens au dixième rang dans ce secteur, soit quinze place de mieux que le coach qui devait changer le visage offensif de la franchise, Fred Hoiberg. Certes, Tom Thibodeau méritait d’être critiqué sur certains points en attaque. Mais tout n’était pas à jeter. Il a ensuite passé un an à observer ce qu’il se faisait en NBA, sorti d’un cadre oppressant, stressant et d’une routine de travail qui pouvait lui mettre des œillères. Durant son année sabbatique, il s’est offert un joli tour des franchises NBA, mi-observateur, mi-conseiller, pour peaufiner encore plus sa connaissance du jeu. Suffisant pour lui donner un nouveau souffle et des idées plus novatrices pour scorer ? Il mérite au moins le bénéfice du doute et gageons qu’il saura nous surprendre avec enfin l’utilisation du shoot à trois points et peut-être même un soupçon de small ball dans son nouveau job. Mais cela nécessitera également des ajustements du côté de l’effectif. Et cette fois-ci, Tom Thibodeau aura les mains libres pour faire son casting, pas de Gar Forman ou de John Paxson pour lui pourrir la vie.

On connait donc – ou plutôt on envisage  clairement – les bases de ce que Tom Thibodeau va chercher à mettre en place à Minneapolis. On a hâte de voir ça, mais avant de se prononcer, rendez-vous demain pour la présentation du casting.

Source image : @TheBigD05