L’avenir des Cavs : une bombe à retardement, dont l’été semble être la date d’explosion…

Le 12 mars 2016 à 19:21 par David Carroz

Après la mise en bouche l’an dernier qui avait abouti à une Finale NBA malgré la blessure rapide de Kevin Love en Playoffs, on attendait les Cavs au sommet. Mais au lieu de confirmer et de progresser pour se rapprocher du premier titre dans l’Ohio de King James, c’est un beau bordel qui semble agiter la franchise de Cleveland, à tel point que la question de l’explosion du groupe actuel se pose.

Aujourd’hui, alors qu’on a du mal à imaginer les Cleveland Cavaliers capables de battre les Warriors ou les Spurs, on se demande même d’ailleurs si l’équipe aura la chance d’affronter la meilleure équipe à l’Ouest puisque Toronto pousse fort derrière. De là à voir les Raptors finalistes à la place des Cavs ? On n’en est pas encore là, mais la suprématie déclarée en début de saison ne se confirme pas dans les faits, même si LeBron James et compagnie restent en tête et disposeront de plus d’expérience au moment de la post-season. Il vaudrait mieux que cela soit suffisant pour que LBJ atteigne pour la sixième fois consécutive la dernière marche de la saison, sans quoi la déflagration serait encore plus importante. Car cette explosion, à moins d’un retournement de situation digne d’une bonne vieille série Z, aura bien lieu dans l’Ohio. Les signes avant-coureurs sont trop nombreux, la terre tremble et le volcan ne demande qu’à cracher sa lave et ses flammes.

Depuis plusieurs semaines -voire même depuis le début de la saison- l’agacement de LeBron James est perceptible. Son body language ne trompe pas, il n’est pas satisfait du déroulement des choses, et cela ne date pas d’hier. Dès novembre, il a tiré le signal d’alarme, les Cavs n’ayant pas assez faim à son avis et se contentant de s’appuyer sur leurs acquis de l’exercice précédent. Tout l’été, les fans et Kyrie Irving se sont plus à crier haut et fort qu’avec un effectif au complet, les Cleveland Cavaliers seraient venus à bout des Golden State Warriors en finale. Un dédain qui n’a pas été apprécié en Californie, les Dubs ne tolérant que moyennement que leur titre soit remis en cause de la sorte. Et alors que les Cavs auraient dû revenir avec la bave aux lèvres pour aller chercher une revanche, ce sont finalement les champions qui sont arrivés au taquet pour prouver que leur succès n’était pas usurpé, pendant que dans l’Ohio on se la coulait douce, puisqu’un rythme de sénateur est suffisant pour assurer l’essentiel à l’Est. Et comme, de toute façon, un paquet de mecs dans l’effectif semble persuadé que Cleveland est au-dessus des autres… voilà une attitude que King James a donc pointé du doigt. Si certaines améliorations ont été aperçues, elle n’ont jamais tenu sur la durée et même le remplacement de David Blatt par Tyronn Lue n’a pas mis fin aux mauvaises habitudes des Cavaliers : de l’irrégularité dans l’envie et l’engagement, et une ligne directrice pas toujours claire dans le style de jeu à appliquer. Bien entendu, une fois les Playoffs arrivés, tout est remis à 0. Mais les mauvaises manies ont la vie dure, et ce n’est pas une fois les matchs couperets lancés qu’il faut commencer à les chasser.

Il y a donc fort à parier qu’une fois de plus, le Larry O’Brien ne fasse pas étape dans l’Ohio à la fin de l’année, et que les Cavs vont devoir songer au modèle qui devra être le leur pour que cela change. Qui doit rester, qui doit partir ? Quelle est le style de jeu prôné ? Ces deux réflexions sont liées et vont par conséquent causer du mouvement. Bien entendu, LeBron James ne va pas bouger. Certes, il en a la possibilité en refusant l’option sur sa dernière année de contrat -ce qu’il fera- pour signer ailleurs. Cette option est exclue, même si un petit trip pour s’entrainer à Miami avec Dwyane Wade a attisé les rumeurs. Non, LBJ va certainement continuer à signer des contrats de type 1+1 jusqu’à la fin de sa carrière, ce qui est bien plus intéressant financièrement pour lui. Pour ce qui est de la cohésion d’équipe et la sécurité/stabilité d’un effectif, c’est un autre débat. C’est donc vers les autres prétendues stars que nos regards se tournent. Mais aussi celui de LeBron, pas tendre avec ses coéquipiers. L’an dernier, on l’a vu twitter sur l’intégration de Kevin Love. Et sa dernière série de gazouillis énigmatiques pourrait bien être un tacle à l’encontre de Kyrie Irving, qui symbolise particulièrement les maux des Cavs : du talent, mais aussi des lacunes évidentes et un mental loin d’être à toute épreuve lorsqu’il s’agit d’en faire plus et de hausser son niveau de jeu en défense. Sans compter les rumeurs récentes d’un mal être chez Uncle Drew qui ne se plairait pas dans l’Ohio, surtout avec la pression mise par son aîné.

De là à le voir partir ? Il n’est toujours pas le candidat numéro au départ, car Kevin Love tient encore la corde. Il suffit de voir les bonnes prestations des Cavs en son absence avec un LeBron James régulièrement positionné poste 4 pour s’imaginer que le futur victorieux à Cleveland ne se conjugue pas avec la présence de l’ancien Loup. Sans lui, les Cleveland Cavaliers peuvent aligner un cinq small ball plus dans la tendance et qui peut rappeler ce que LBJ connaissait au Heat. En rajoutant ainsi Shumpert parmi les titulaires, les Cavs font d’une pierre deux coups en gagnant en vitesse et en cohérence tout en masquant mieux les difficultés défensives de Kyrie Irving.

Sauf que refiler Kevin Live ne sera pas une partie de plaisir. Certes il peut tourner en double-double sans souci dans une équipe qui joue pour lui, mais a-t-il les épaules d’un franchise player ? Il en a déjà le salaire, et bien qu’il ne colle pas à la direction que semblent vouloir prendre les Cleveland Cavaliers, rien n’assure que la contrepartie soit d’un niveau équivalent. Car même en étant le vilain petit canard qui ne se sent pas à sa place, Kevin Love reste un mec costaud en NBA. Mais pas à 20 millions la saison quand on cherche à jouer small ball et qu’on possède un autre intérieur payé 15 millions par an. Et là, on touche du doigt un problème que les Cavs vont rencontrer au moment de restructurer leur effectif. La masse salariale déjà sur la table pour l’an prochain atteint les 85 millions de dollars, pour seulement six joueurs sous contrat, et cela en considérant que LeBron active son option. Si ce n’est pas le cas, qu’il opt-out et qu’il décide de se gaver encore plus, on sera déjà dans le rouge avec un roster incomplet. Cleveland n’aura donc aucune marge de manœuvre pour signer des agents-libres. C’est ballot quand on souhaite se renforcer et quand le prestige de LeBron ne suffit pas pour attirer les joueurs, comme on l’a vu avec Joe Johnson qui a préféré aller au Heat. D’où la nécessité de chambouler l’effectif, et peu de Cavs ont de la valeur sur le marché en dehors du Big Three – éventuellement Iman Shumpert. Gérard ? Une bonne affaire à son salaire, on ne voit pas comment les Cleveland Cavaliers pourraient s’améliorer au même prix.

Il va donc falloir ruser car les besoins sont grands. Des défenseurs, des shooteurs -de préférence les mêmes joueurs, c’est mieux- et aussi des patrons dans le vestiaire. Il y a peu, les Cavs ont subi les moqueries des observateurs lorsque l’on a appris que certains considéraient que le départ de Kendrick Perkins était une cause des difficultés cette saison. Sans lui, il n’y a plus ce mec qui s’intéresse au bien être de tous, capable de prendre la défense de ses coéquipiers. Un mec prêt à se battre pour les siens, à l’instar d’un Udonis Haslem pour se raccrocher au passé de LeBron James. Car si le King est un leader sur les parquets, un exemple à l’entrainement, il a besoin d’un garde du corps. Comme tous les grands joueurs d’ailleurs. Essayez de toucher à Curry aux Warriors, et vous ferez moins les malins quand Draymond et Bogut vous tomberont sur la tronche.

Pour réussir dans cette mission de reconstruction, ou plutôt de réajustement, le front office va avoir du pain sur la planche. Pour une fois, il faudra que David Griffin prenne ses responsabilités et suive une ligne directrice qui semble être la bonne pour la franchise. Car cet échec des Cavs, c’est le sien pour avoir laissé LeBron James décider de tout. Pas la peine de jouer la comédie style «Non, je n’ai rien demandé à LeBron.» Le mec mène le show depuis son retour et son pouvoir dépasse celui d’un simple joueur. Alors certes, il est normal de le consulter. Il a son mot à dire, son avis à donner. Mais il n’est que joueur, pas coach ni GM. Consultation ne signifie pas décision, et aussi talentueux soit BronBron sur le terrain, s’il existe des mecs en coulisses pour construire une équipe c’est qu’il y a une raison. Son abus de pouvoir devient néfaste et il oublie qu’au Heat, c’est grâce au travail de Pat Riley qu’il était si bien entouré. Ou alors au contraire, il s’en souvient bien, mais ne veut pas que sa réussite à Cleveland soit le fruit d’une autre personne que lui…

Situation compliquée donc dans l’Ohio, avant un été qui risque d’être chaud. Très chaud même, quand on voit la température plusieurs mois à l’avance. Première étape ? Voir ce qui se passera en Playoffs, surtout au mois de juin. Ensuite… attachons nos ceintures.

Source image : USA Today