TrashTalk mène l’enquête : la malédiction chicagoane, entre l’ESB et Michael Jordan

Le 12 déc. 2015 à 17:28 par David Carroz

malédiction chicago

Derrick Rose et ses genoux. Jabari Parker et son ligament parti en vrille. Anthony Davis qui accumule les pépins physiques. L’effectif des Bulls en général souvent décimé ces dernières saisons. Mais aussi Dwyane Wade, qui certes s’offre tout de même une carrière, mais qui a quelques articulations bien usées. La liste des joueurs touchant de près ou de loin l’Illinois, Chicago ou sa franchise, et connaissant des ennuis physiques est trop longue pour qu’il ne s’agisse que d’une coïncidence. Au cours plusieurs mois d’enquête, nous avons tenté de résoudre l’énigme de la malédiction chicagoane, encore plus dévastatrice que celle de Toutankhamon.

Il faut dire que comme vous tous, nous nous posions des questions et le hasard n’était plus une réponse satisfaisante à nos interrogations. Nous sommes donc allés aux Stazunis pour pouvoir observer un tel phénomène et comprendre. Comprendre pourquoi les mecs qui naissent à Windy City et qui se mettent au basket sont aussi fragiles. Comprendre pourquoi les Bulls ont une infirmerie qui a tourné à plein régime. C’est donc tout naturellement dans l’Illinois que nous nous rendons, où nous avons pris rendez-vous avec le médecin en chef des Taureaux, que nous retrouvons dans les locaux du Berto Center. À notre arrivée, il surveille Joakim Noah qui passe entre les mains du kiné pour son genou tout en jetant un œil du Taj Gibson bossant pour renforcer encore plus sa cheville. Derrick Rose lui est avec l’ophtalmo qui lui apprend à reconnaitre les formes. “Une journée calme” nous déclare le Docteur Ojnou, Djamal de son prénom. Nous l’interrogeons alors sur les raisons qui expliquent que les Bulls connaissent autant de pépins physiques. Une simple coïncidence, la faute à pas de chance nous dit-il, sans sembler être convaincu. Après quelques banalités supplémentaires, nous le laissons, sans avoir beaucoup avancé, mais persuadés qu’il y a plus que cela.

malédiction chicago bulls

Un staff médical compétent.
Source : www.sodahead.com

La piste de l’Illinois est pour le moment refermée, nous décidons donc d’enchainer en rendant visite à Jabari Parker, natif de Chicago et toujours voisin car à moins de deux heures de route dans son enclos des Daims de Milwaukee. Surtout, il est l’une des raisons de notre étude, victime lui aussi d’une grave blessure il y a un an environ. Mais à notre arrivée, il est entouré de ses quatre avocats et deux conseillers en communication qui refusent de le laisser répondre. Nous nous contentons là aussi de réponses insignifiantes, entre évocation de la malchance, de fatigue, de pas-de-bol. De quoi nous laisser sur notre faim jusqu’au moment de partir, où Jabari nous fait passer un papier en nous serrant la main. Parlez de l’ESB à KG. Ca tombe bien, on avait prévu de voir Kevin Garnett prochainement, après avoir rendu visite à Gabrielle Union Dwyane Wade en Floride puis Anthony Davis à la Nouvelle-Orléans. Mais l’ESB, de quoi parle-t-il ? L’Empire State Building ? L’Ecole Supérieure du Bois ? L’Entreprise Service Bus ? Impossible de demander au Daguet qui s’éloigne déjà avec sa horde de parasites conseillers. Jamais ils ne laisseront seul leur poulain pour que nous puissions échanger convenablement, mais pour la première fois, nous avons un petit quelque chose auquel nous raccrocher. Un mince espoir.

Une fois posés avec D-Wade au bord de sa piscine, la discussion est cordiale. Nous doutons qu’il puisse nous apprendre grand chose, il faut dire que finalement il n’est pas forcément touché par les ennuis. Oui, il a les genoux qui grincent, mais pour un mec qui a passé autant de temps sur les parquets à agresser les défenses adverses, rien de bien surprenant. Sauf que, en quinze ans de carrière, jamais “Flash” n’a disputé une saison complète. Étrange tout de même.

J’ai toujours senti comme une ombre qui planait au dessus de moi et qui guettait le moindre de mes mouvements, dans l’attente d’un geste maladroit pour entrainer une blessure. C’est pour cela que dès que j’ai l’occasion de me reposer ou que je sens cette pression de l’incident trop forte, je fais une pause pour éviter le moindre souci. KG m’avait prévenu.

Quoi, KG revient sur le tapis ? Alors que nous n’attendions pas grand chose de plus que profiter du soleil et des barbecues à South Beach, voilà que les choses progressent. Dwyane Wade refuse de nous en dire plus, avouant qu’il ne sait pas grand chose, juste qu’un deal passé dans l’Illinois en 1995 serait responsable de la situation et que selon lui, seul “le Big Ticket” connait les détails de l’histoire. Quant à l’ESB, il n’a aucune idée de la signification du sigle.

Direction alors l’Ouest. Alors que nous devions aller voir Anthony Davis, nous reportons à plus tard notre rendez-vous afin de filer dans le Minnesota, là où les réponses à nos questions semblent nous attendre. 1995 nous a dit D-Wade… Bizarre, l’année de la Draft de Kevin Garnett… Peut-il être responsable ? Mais comment ?  Nous le saurons bien assez vite, du moins c’est ce qu’on espère. Le bientôt quadragénaire intérieur des Wolves vient nous accueillir à l’aéroport accompagné de Karl-Anthony Towns. Il ordonne au rookie de porter nos bagages. “Cela fait partie de sa formation”, nous glisse-t-il, alors que nous nous rendons à son domicile. Une fois à bon port, KAT dépose nos affaires et va s’installer dans la cabane au fond de la propriété de Garnett, “histoire de lui rappeler la valeur des choses”, nous fait remarquer le vétéran. Nous ne re-verrons le premier pick de la dernière Draft que le lendemain matin, déblayant la neige dans l’allée. “Il faut dire que le travail est une valeur qui se perd”, dira KG en regardant son padawan en plein labeur.

Kevin garnett, malédiction chicago bulls

“Tu as bien noté tout ce que je voulais pour mon petit déj’ de demain matin ?”
Source : hispanosnba.com

Mais revenons-en à notre enquête, la raison pour laquelle nous sommes ici. Au courant de nos recherches, averti également par Wade, Kevin Garnett a tout prévu. Devant nous, des coupures de presse datant de 1995. Mais aucune d’elles n’évoque l’arrivée dans la Ligue du futur Hall of Famer. Non, toutes parlent du retour de Michael Jordan. Puis, quelques unes de 1996, sur la saison historique des Bulls et d’autres sur… la maladie de la vache folle, Encéphalopathie Spongiforme Bovine. L’ESB ! Mais quel lien entre tout cela ?

Je ne sais pas grand chose. Juste que si Michael Jordan a repris le basket, cela n’a pas été naturel. Il a été forcé la raison de son retour a entrainé toutes les complications que l’on connait : tout ce qui touche Chicago et les Bulls de près ou de loin – dont la race bovine par extension lugubre – est touché par une forme de malédiction. La maladie de la vache folle est un exemple, le premier à s’être manifesté.

Pas naturel ?  Mais de quoi parle-t-il ? Et c’est quoi le le rapport avec Creutzfeldt-Jakob ? On reste un peu sur le cul, doutant un peu de la santé mentale de ce bon vieux KG. Pourtant, il nous parait lucide lorsqu’il parle, et même conscient de nos doutes.

Je sais que cela peut sembler loufoque, mais si vous parvenez à savoir comment Jerry Krause – car je suis persuadé qu’il est le responsable – a réussi à convaincre MJ de revenir, vous aurez la clef du mystère. Moi, ce mec je ne l’ai jamais senti, et j’ai même préféré me tenir éloigné de lui. J’ai prévenu aussi les gens que je pouvais. Pourquoi Dwyane Wade n’est pas allé aux Bulls en 2010, même si Krause n’était plus dans le coin ? Pas parce que LeBron James avait prévenu de faire bronzer ses fesses à South Beach, mais parce qu’il avait peur de la malédiction dans l’Illinois, c’est tout.

En effet, on peut dire que Garnett ne porte pas Jerry Krause dans son coeur, puisqu’il avait pas mal balancé au sujet de l’ancien GM des Bulls lorsque ce dernier tentait de faire venir des agents libres dans la reconstruction post-Jordan, déclarant que le traitement infligé à MJ justement, mais aussi Scottie Pippen illustrait du manque de considération du bonhomme pour ses joueurs.  Mais de là à être responsable d’une malédiction, faut pas pousser mémé dans les orties. Malheureusement, il nous faudra nous contenter de ces indications et continuer à creuser de notre côté pour enfin percer ce mystère. Nous abandonnons donc définitivement l’idée d’aller rendre visite à Anthony Davis, même si KG nous propose de nous faire porter jusqu’en Louisiane par Karl-Anthony Towns, histoire de lui forger un peu le caractère. Nous refusons poliment, même si l’idée nous amusait assez. Maintenant, il nous faut retourner là où tout à commencer, Chicago, Illinois, pour rencontrer Jerry Krause ou du moins comprendre ce qu’il a pu faire. Mais plutôt que d’aller à la confrontation direct avec cet enfoiré l’homme qui a mis fin à la période Jordan aux Bulls après avoir bâti les succès chicagoans, nous allons fouiner parmi ses anciens assistants, plus facile, et surtout plus agréable que se cogner un face à face avec un mec qui bouffe un Pierre Ménès sur tartine de Charles Barkley tous les matins. On active notre réseau, et c’est vers son ancienne secrétaire que nous nous tournons. Rapidement, nous réussissons à la contacter. Elle ne souhaite pas nous rencontrer par peur de représailles, mais elle nous fait parvenir un nom : “Professeur Baba.” Un mec que Krause rencontrait une fois par semaine les trois mois précédant le retour de Jordan et qui disparaitra de l’agenda du GM après l’été 1995…

Le Professeur Baba, en pleine consultation. Source : medium-voyant-amady.cmonsite.fr

Le Professeur Baba, en pleine consultation.
Source : medium-voyant-amady.cmonsite.fr

Armés de notre courage, nous appelons le professeur en question. Rendez-vous est pris le jour même. À partir de là, tout va s’enchainer très vite. La médecine pratiquée par notre professeur n’est que peu conventionnelle, et dès qu’on lui parle de Jerry Krause, il lâche le morceau.

Votre cher ami le monsieur Jerry Krause fût un des mes patients il y a de cela plusieurs années, et cela durant de nombreuses lunes. J’ose affirmer sans trop m’avancer que sa satisfaction quant à mon travail n’a eu d’égal que les succès de son équipe, dont je suis le responsable, que dis-je, le bâtisseur. Il est venu quémander mon aide en fin d’année 1994, ne sachant plus vers qui se tourner. J’ai été un peu le phare dans sa nuit, alors qu’il ne savait plus comment se remettre du départ impromptu de son altesse Michael Jordan. L’accord entre monsieur Krause et moi-même votre humble serviteur était clair. Je devais faire entendre raison à son ancienne étoile pour qu’elle revienne briller de mille feux. Il était aussi désespéré que l’antilope blessée qui voit fondre sur elle un groupe de lionnes affamées. Grâce à mes connaissances, je pouvais être ce sauveur qui pose un bandage sur sa patte, tout en éloignant la horde de prédateur prête à lui bondir dessus. Mais pour cela, outres les espèces sonnantes et trébuchantes nécessaires à l’accomplissement de mon labeur, il a dû me fournir un bovin, en guise de sacrifice pour que je puisse m’assurer des bonnes grâces des divinités. Après avoir tenté un coup d’esbroufe en me proposant Will Perdue, ce qui, soit dit en passant, aurait pu faire capoter notre accord qui serait devenu caduque, c’est accompagné d’un magnifique spécimen de vache qu’il m’a retrouvé. C’est ainsi que la bête fût mise au bûcher après quelques rituels, comme la vêtir du maillot de l’être désiré pour qu’il vous revienne. Comme vous pouvez le constater, Michael Jordan est bien revenu jouer à Chicago. Mais il y avait le revers de la médaille : à son nouveau départ, cent ans de malheur attendaient la franchise, mais également tous les joueurs de basketball de l’agglomération. Les vaches quant à elles ne sont que des dommages collatéraux car je n’avais pas mesurer l’impact de mon sort. Heureusement, j’ai sacrifié quelques volailles pour mettre fin à ce souci de maladie de la vache folle, et tout a pu rentrer dans l’ordre. Mais pas pour les amoureux de la balle orange de l’Illinois qui devront encore attendre un peu avant  de retrouver les sommets. Mais comme on dit chez nous, à force de patience et de saindoux, l’éléphant sodomise le pou.

Wouhaou ! Et pour le meurtre de J.F.K., des informations à nous fournir ? C’est donc belle et bien une malédiction qui est la cause des tourments des Bulls, bien plus que la malchance, l’alignement des planète, l’ancienne gestion des minutes par Tom Thibodeau ou encore un staff médical moisi. Si Jahlil Okafor préfère se battre que jouer au basket, cela vient des incantations du Professeur Baba. Si Jabari Parker et Derrick Rose partagent des genoux en mousse en plus de la même ville d’origine, c’est encore lui. Si Anthony Davis refuse d’épiler son sourcil, toujours lui. Le tout sur demande de Jerry Krause. Mais bon, comme c’était pour faire revenir Michael Jordan, on va fermer les yeux et continuer à mettre cela sur la faute à pas de chance.

Voilà, nous avons enfin le fin mot de l’histoire sur les raisons des pépins physiques des plus grands issus de Chicago comme Pat Beverley, Iman Shumpert, la cause de la non carrière de Luke Harangody, l’explication aux pétages de plombs de Jahlil Okafor mais surtout la justification aux déboires des Bulls, en particulier Derrick Rose qui cumule naissance à Windy City et carrière dans la franchise de l’Illinois. La question se pose maintenant pour les Trail Blazers, mais la réponse est plus simple : l’adéquation parfaite entre des choix de Draft pourris et la construction du Moda Center sur un cimetière indien, cumulée à la volonté d’être une ville de bobos écolos. Ça ne pardonne pas.

Source image : montage @TheBigD05 pour TrashTalk