Les Los Angeles Clippers : simple génération Top 10 ou véritable contender en 2016 ?

Le 20 août 2015 à 17:47 par Benoît Carlier

Cela fait maintenant quelques années que les Clippers ont remplacé leurs voisins des Lakers dans le haut du classement de la Conférence Ouest. Pourtant, les coéquipiers de Blake Griffin peinent à modifier leur statut et restent pour beaucoup de simples fournisseurs de highlights au quotidien. Le gros recrutement estival des Angelinos laisse entrevoir du mieux, mais suffira-t-il à les faire entrer dans la discussion pour le titre cette saison ?

Progressivement, LAC commence à apparaître dans les petits papiers des pronostiqueurs de Las Vegas comme un potentiel champion NBA. Bien que les résultats de la franchise leurs donnent tort depuis leur arrivée à Los Angeles en 1984, les parieurs comme les fans ont de plus en plus de raisons de croire en la seconde équipe de la deuxième plus grande ville du pays. Cela avait déjà commencé avant l’arrivée du très bruyant Steve Ballmer mais l’ancien ingénieur Microsoft a encore accéléré le mouvement pour faire des Clippers une véritable machine à gagner des dollars des titres, et ce, le plus rapidement possible.

De l’expérience qui doit maintenant porter ses fruits

Comment ne pas se rappeler la désillusion des derniers Playoffs ? Solidement partis pour disputer les premières finales de conférence de leur histoire, les Clippers perdent soudainement leurs moyens à 3-1 dans la série jusqu’à laisser Houston remonter un déficit de 19 points dans les 14 dernières minutes du Game 6 qui se disputait pourtant au Staples Center. L’élimination est d’autant plus déplorable que Chris Paul & co venaient de sortir les Spurs, champions en titre, au terme d’une série très intense dès le premier tour et qu’ils semblaient les seuls capables de gêner Golden State dans sa folle chevauchée vers le titre de conférence. Les Clippers achèvent leur troisième saison consécutive à 56 ou 57 victoires, mais ils doivent maintenant franchir un nouveau cap s’ils veulent rassasier leur propriétaire qui peut vite devenir encombrant dans les médias comme dans les tribunes. Ils n’ont donc d’autre choix que de recruter durant la Free Agency pour passer ce palier supplémentaire au sein d’une conférence qui ne cesse de se renforcer chaque année. C’est là que Doc Rivers entre de nouveau en jeu, en tournant simplement sa casquette de coach à l’envers pour laisser place à celle de Président des Opérations basket de la franchise, qui semblait jusque-là un petit peu trop grande pour son crâne rasé.

Le meilleur recrutement de la ligue ?

Doc Rivers

Doc Rivers a gagné le respect des fans cet été.
Source : http://www.raptorsrepublic.com/

Loin de nous l’idée de dénigrer le travail des GM de San Antonio et Cleveland cet été mais force est de constater que les Clippers sont au moins à placer au même niveau de performance que ces deux autres, avec le panache en plus. En effet, LAC a coché toutes les cases pendant la trêve estivale en gérant de front deux dossiers bien différents avec la même réussite. Il s’agissait pour Doc Rivers le recruteur de convaincre DeAndre Jordan de rester en Californie tout en rafraichissant un banc qui sonnait parfois creux lors des derniers Playoffs. Mission finalement accomplie avec brio. On ne va pas épiloguer sur cette histoire que tout le monde connaît déjà par cœur, mais elle démontre tout de même la force de persuasion et les nouvelles ambitions du Doc pour son équipe. Les Clippers ont frôlé la catastrophe lorsque DeAndre Jordan a donné son accord de principe à Dallas, le fameux ‘promis, commencez sans moi, je vous rejoins dans la soirée’, mais le meilleur tireur de lancers-francs de la franchise restera finalement à Venice Beach pour quatre saisons supplémentaires grâce à un lavage de cerveau de la part de ses anciens ex-coéquipiers dans sa villa de Houston début juillet. Une péripétie qui n’a pas fait rire tout le monde dans le vestiaire du Staples Center mais dont même J.J. Redick se souviendra en rigolant d’ici quelques mois. Là n’est pourtant pas le plus gros coup de Doc Rivers qui a surtout réussi à doubler tous les postes avec des joueurs de qualité. Ainsi, Chris Paul pourra compter sur Pablo Prigioni en plus d’Austin Rivers, Jéjé Rédick aura de la concurrence avec Lance Stephenson qui compte bien relancer sa carrière à Hollywood. Matt Barnes et son look de gangster s’en vont mais Paul Pierce s’est laissé convaincre pour un dernier défi dans la ville qui l’a vu grandir sous les ordres du coach qui lui a déjà offert une bague en 2008 avec Boston et Wes Johnson a juste traversé un couloir pour changer de vestiaire cet été. Enfin, Blake Griffin aura le droit à des cours particuliers de lancer de briques avec Josh Smith qui a tout de même d’autres qualités et DeAndre Jordan sera secondé par l’une des uniques satisfactions dans le clan des Knicks la saison dernière, à savoir Cole Aldrich. Seul le sort de Jamal Crawford reste encore incertain mais le pari de Doc Rivers est déjà gagné, lui qui va pouvoir compter sur un roster a priori beaucoup plus équilibré qu’il y a encore quelques mois.

Un groupe construit pour gagner

Il ne semble pas manquer grand chose à cette équipe pour devenir l’un des plus sérieux candidats au titre l’année prochaine mais la concurrence sera encore rude pour les protégés de Steve Ballmer. D’autant que les Clippers n’accueilleront pas que des cerveaux à partir de leur camp d’entraînement au mois de septembre. Lance Stephenson a du talent plein les mains mais il reste sur une expérience décevante à Charlotte. Rien ne garantit qu’il trouve son compte à L.A., du moins sur les terrains de basket car il semble déjà avoir trouvé le chemin des studios d’enregistrement. Idem pour Josh Smith qui en avait déjà gros sur la patate au moment d’accepter un contrat minimum mais qui semble prêt à réaliser des sacrifices pour enfiler une bague en fin de saison. On vous rassure, l’ancien meilleur pote de Dwight Howard touchera également 5,4 millions de dollars de la part de Detroit qui l’a gentiment libéré lors des dernières fêtes de Noël mais il faudra quand même surveiller le taux de satisfaction de l’intérieur pour ne pas le faire regretter d’avoir tourné le dos à Houston ou à l’asile de Sacramento et à son pote Rudy Gay cet été. L’alchimie du groupe dépendra en grande partie de l’implication de ces deux électrons libres, mais pas seulement. Même si Chris Paul était de la partie de cartes texane le 8 juillet dernier, le meneur n’est pas fan des handshakes de DJ et a failli provoquer la perte d’une pièce majeure du dispositif des Clippers cet été.

En plus de ses devoirs traditionnels de coach, Doc Rivers aura donc plus que jamais un rôle de nourrice la saison prochaine pour jongler avec tous les égos de son effectif, quitte à rendre jaloux son rejeton en développant de vrais affinités avec ses autres joueurs. Il en va de la réussite de l’équipe. Car d’un point de vue strictement sportif, Los Angeles n’aura rien à envier aux autres franchises. Chris Paul est toujours l’un des meilleurs point guards de la ligue, Blake Griffin a encore atteint une autre dimension en Playoffs et est quasiment devenu inarrêtable offensivement depuis qu’il maîtrise ce tir à mi-distance et DeAndre Jordan a enfin trouvé son équilibre entre alley-oop et présence dissuasive en défense. La « D », un secteur qui faisait justement défaut aux Clippers jusqu’ici et dans lequel il va falloir impliquer tout le monde pour espérer établir un nouveau record de franchise sur une saison mais surtout pour survivre au printemps. On peut compter sur le vétéran et ancien leader emblématique des Celtics pour faire passer le message à ses coéquipiers alors qu’il rêve d’ajouter une dernière ligne à son palmarès avant d’être laissé sur le bord de la route. On peut aussi faire confiance aux différents role players du groupe qui disposent désormais de l’expérience nécessaire pour accompagner efficacement les joueurs majeurs vers les sommets et ajouter leur pierre à l’édifice.

S’il est évident que l’on aura amplement le temps de se familiariser avec les nouvelles tenues des Clippers rien qu’en observant les Top 10 des meilleures actions de la ligue au quotidien, ces derniers pourraient également nous accompagner jusqu’au mois de juin si tant est que l’intégration des nouveaux se passe bien et que Doc Rivers parvienne à satisfaire les attentes personnelles de tous. Des problèmes auxquels seront également confrontés les Cavaliers et les Spurs, autres grands favoris pour la saison à venir. Finalement, seuls les Warriors joueront encore la carte de la continuité avec un effectif presque inchangé par rapport au roster champion en 2015. Voilà qui nous promet déjà des derbys californiens électriques en saison régulière avant une éventuelle revanche une fois le printemps venu. Ça ne va pas rigoler en haut de la Pacific Division cette année…

Source image : Wally Skalij – Los Angeles Times


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