Profil Draft 2015 : nĭ hâo Emmanuel Mudiay, le mystère de Guangdong

Le 21 juin 2015 à 20:18 par Benoît Carlier

Annoncé comme l’un des meilleurs prospects de sa génération, Manu Mudiay avait préféré s’exiler en Chine pour faire plaisir à son banquier s’ouvrir à de nouveaux horizons avant de faire le grand saut. Un an plus tard, son véritable niveau reste une énigme mais Adam Silver ne devrait pas tarder à appeler le jeune homme de 19 ans sur l’estrade du Barclays Center le 25 juin prochain.

> Âge : 19 ans. Né le même jour que Wally Szczerbiak, Corey Brewer et Mason Plumlee.

> Position : Meneur.

> Equipe : Guangdong Southern Tigers. Remplacé par un certain Will Bynum au moment de sa blessure.

> Taille : 196 centimètres. Coucou Anthony Morrow, en plus d’un petit air de famille.

> Poids : 91 kilos. Coucou Russell Westbrook, en plus d’une certaine ressemblance dans le jeu.

> Envergure : 204 centimètres. Parfait pour placer des 3-6 sur contre-attaque.

> Statistiques 2015 : 18 points, 6,2 rebonds, 5,9 passes et 1,6 interception à 47,8 % au tir, le tout en 31,5 minutes.

> Comparaison : John Wall.

> Prévision TrashTalk : Entre la 3ème position de Sam Hinkie et le 7ème choix détenu par les Nuggets.

Qualités principales

# Il est tombé dans le chaudron quand il était petit

Il n’a eu aucun mal à s’imposer en CBA, la ligue professionnelle chinoise, à seulement 18 ans. Construit dans le même moule que Russell Westbrook, il allie tout ce dont un point guard moderne a besoin pour briller en NBA. Long, rapide, agile et très athlétique, finir dans le trafic n’est pas un problème pour lui et la contre-attaque est son royaume. Son premier pas est dévastateur pour son adversaire et il sait lire les pick-and-roll de la Bibliothèque verte. Le type de mec qui peut réveiller une salle de 20.000 paresseux sur un seul poster et changer le momentum. Comme tous les joueurs explosifs, il devra écouter son corps s’il ne veut pas devenir le chouchou de l’infirmerie. Sa cheville droite a déjà dégusté cette saison, espérons que ce soit la dernière fois.

# Vision du jeu : il pourrait piloter Air Force One s’il le voulait

C’est ce qui le différencie vraiment du marsupial d’OKC et le rapproche davantage d’un John Wall par exemple. Entouré de vétérans et de joueurs plus expérimentés que lui durant cette année de découverte dans l’Empire du Milieu, Mudiay a appris à partager les responsabilités et la gonfle. Un plus quand les lettres « PG » sont inscrites sur un CV, mais pas une obligation quand on regarde la NBA d’aujourd’hui. Ce goût pour le caviar sera un vrai plus pour s’intégrer au sein de sa franchise et témoigne d’une certaine maturité pour son âge. On en connaît d’autres qui, lorsqu’ils lancent un 3 contre 1 en contre-attaque, font mine d’avoir une vision périphérique aussi bonne que Gilbert Montagné… N’est-ce pas Russ ?

# Potentiel défensif, à condition d’avoir envie

Avec sa taille et ses cannes à pêche qui lui servent de bras, Emmanuel a le profil pour devenir un joueur polyvalent aussi décisif en attaque qu’en défense à condition de s’en donner les moyens. Capable de garder les postes 1 et 2, il fonctionne encore trop à l’envie et doit devenir plus régulier dans l’effort de son propre côté du terrain. Sa rapidité lui permet déjà de couper régulièrement les lignes de passes pour s’offrir un panier spectaculaire en transition mais il peut aller bien plus loin dans le D game.

Défauts majeurs

# Passe trop de temps en salle de muscu, pas assez à shooter

On a pu le voir lors de son workout, le garçon préfère marteler le cercle que s’écarter pour lui envoyer des bisous à distance. C’est le défaut numéro 1 que Manu va devoir corriger pour devenir une référence à son poste : le tir extérieur. Ça a tendance à tomber dedans une fois dans le rythme, mais il manque de régularité dans son jump shot, notamment au niveau du timing puisqu’il déclenche parfois un peu tard. Sa blessure n’a pas dû l’aider à progresser dans ce secteur-là mais il va devoir travailler cet aspect de son jeu s’il veut être pris au sérieux par les défenseurs. Enfin, son pourcentage aux lancer-francs est indigne d’un joueur de son talent (57,4%) et il devrait plus s’inspirer de Stephen Curry que de Rajon Rondo sur la ligne.

# Une part d’inconnu

En décidant de partir pour Guangdong plutôt que de rejoindre les bancs de SMU à qui il avait pourtant donné un accord de principe pendant l’été, Emmanuel Mudiay a choisi d’emprunter une voie inhabituelle pour un prospect américain. On se rappelle que Brandon Jennings avait choisi l’Europe pour se développer, mais ils restent des exceptions dans le système actuel. Outre le fait qu’il ait permis à des scouts NBA de visiter un pays qu’ils ne connaissaient pas forcément, il a obligatoirement compliqué leur travail en rejoignant une ligue peu connue, rendant difficile toute tentative de comparaison avec ses comparses évoluant en NCAA notamment. Sa blessure à la cheville entre décembre 2014 et mars 2015 a aussi soulevé des interrogations parmi les franchises intéressées qui n’ont pas eu véritablement l’occasion d’observer le meneur sur la durée, mais son comportement et le fait qu’il soit resté en Chine pour finalement disputer les deux derniers matches de la saison avec ses coéquipiers est prometteur et démontre un certain professionnalisme malgré son jeune âge.

Conclusion

Mudiay s’est éloigné des sentiers battus pour tracer sa propre route sur la terre d’adoption de Stephon Marbury. Si son talent est indéniable, le manque d’information à son sujet et sa différence en font aussi un choix plus risqué pour les franchises qui disposent des premiers choix. Sa décision de ne réaliser des workouts que pour les Lakers, les Sixers et New York qui disposent respectivement des picks 2, 3 et 4 paraît donc osée et pourrait se retourner contre lui le soir de la Draft…

Source image : http://www.interbasket.net/