Kendall Marshall, fear the bearded deer

Le 22 août 2014 à 11:51 par David Carroz

Kendall Marshall

L’intersaison des Bucks a été fructueuse. La draft de Jabari Parker, la bonne Summer League de Giannis Antetokounmpo, l’embauche de Jason Kidd et le changement de propriétaire, la franchise du Wisconsin n’a pas chômé. Si toutes ces actualités ne les ont pas encore propulsés parmi les favoris de la Conférence Est, elles ont tout de même redonné le sourire aux fans de Milwaukee qui peuvent envisager l’avenir avec plus d’optimisme. Une autre info, a priori anecdotique, pourrait être la bonne surprise de la saison pour les Bucks : le recrutement de Kendall Marshall.

Aux côtés de Jerryd Bayless, l’ancien de North Carolina sera le seul nouveau visage dans l’effectif du Verizon Center au milieu des rookies Jabari Parker, Johnny O’Bryant et Damien Inglis (ces deux derniers ne devraient pas fouler trop régulièrement les parquets l’an prochain, sauf ceux de D-League). Soit deux meneurs récupérés chez les joueurs libres. Si l’ancien des Celtics devrait avoir un rôle similaire à celui qu’il avait à Boston en sortie de banc, que faut-il attendre pour celui qui a été coupé par les Lakers (qui espéraient le refaire signer pour moins cher ensuite, échec) ?

Passée presque inaperçue, cette recrue peut être bien pourtant la meilleure acquisition (avec Jabari, bien sûr) de Milwaukee cet été. Si Brandon Knight n’a pas démérité l’an dernier, il n’a clairement pas la carrure d’un meneur titulaire en NBA. Entouré en 2013-14 de Caron Butler (avant son trade), Ersan Ilyasova ou encore O.J. Mayo, il disposait de joueurs capables de rentrer des shoots lorsqu’ils reçoivent la balle dans de bonnes conditions. Malheureusement, les bilans de l’ailier fort turc (11,2 points à 40,9%, 28% de loin) ou encore de l’ancien de Dallas (11,7 points à 40,7%, 37% à 3 points) ne sont pas brillants. Ont-ils leur part de responsabilité ? Oui. Sont-ils les seuls ? Non.

Brandon Knight

Source : Tom Lynn – Associated Press

Ilyasova et Mayo ne sont certainement pas les meilleurs joueurs du monde, mais ils savent rentrer leurs shoots, ils l’ont prouvé durant leur carrière. Malheureusement pour eux et les Bucks, ils n’ont pas beaucoup vu le ballon à leurs meilleurs spots. Il faut dire qu’avec Knight à la mène, les coéquipiers passent souvent en 2ème ou 3ème choix, quand ils font partie des options envisagées. Normal pour un point guard scoreur, et pas distributeur. Sauf que même s’il apporte 17,9 points (à 42,2%), son niveau ne l’autorise pas à ne donner que 4,9 passes, surtout avec des shooteurs autour de lui. Sans compter qu’il est le joueur des Bucks qui touche le plus la balle et de loin, avec un taux d’usage de 26,8 (taux d’usage : un estimation du pourcentage de chaque possession de balle de son équipe utilisé par le joueur quand il est sur le parquet). Le dernier meneur à avoir atteint un tel score en distribuant moins de 5 assists ? Gilbert Arenas (en jouant plus de 65 matchs dans la saison). Pas la même planète que Brandon Knight.

Pour résumer, le joueur drafté par les Pistons en 2011 n’a pas les épaules pour être meneur titulaire en NBA. Ses caractéristiques seraient bien plus utiles en sortie de banc, en feu follet offensif. Surtout que les Bucks ont donc maintenant un meneur distributeur dans leur roster, Kendall Marshall. Et c’est ce dont Milwaukee a besoin.

En effet, les solutions en attaque seront présentes l’an prochain. O.J. Mayo est toujours dans le Wisconsin, Giannis Antetokounmpo devrait continuer sa progression et Jabari Parker arrive avec son arsenal offensif et son statut de favori au titre de rookie de l’année. Des mecs qui attendent la gonfle dans de bonnes conditions pour allumer le cercle adverse. Et ça, Kendall Marshall sait le faire. Mieux, il aime ça. Donner la balle et faire marquer ses coéquipiers.

Kendall Marshall

Source : Andrew D. Bernstein – Getty Images

Je suis très excité d’être ici. J’aime le jeune noyau qu’ils [les Bucks] ont. Avec les athlètes qu’ils ont cela va être plus probable de joueur vite. Ils ont deux arrières scoreurs [Knight et Bayless] et peut être que je peux leur enlever un peu de pression pour les laisser se concentrer là dessus. – Kendall Marshall.

Une alternative intéressante au poste 1 donc. Car rappelons-le, Kendall Marshall tournait à 8,8 assists par match l’an dernier (8,0 points à 40% aux tirs, idem à 3 points). S’il avait joué 4 rencontres supplémentaires, il aurait été classé parmi les meilleurs passeurs de la ligue et aurait fini deuxième, à égalité avec John Wall et Ty Lawson, derrière Chris Paul. Des joueurs qui passent plus de temps que lui sur le parquet. Si on ramène les stats sur 36 minutes, il atteint même le niveau du meneur des Clippers, avec 11 caviars sur une telle durée. Bref, distribuer le jeu, il connait.

Bien entendu, quand un meneur joue pour Mike D’Antoni, ses statistiques doivent être prises avec des pincettes, même Raymond Felton ayant réussi à briller dans les systèmes de “Mr. Pringles”. Mais le pedigree de Kendall Marshall plaide en sa faveur : McDonald’s All-American, meilleur passeur sur une saison de l’histoire de North Carolina, membre de la deuxième équipe AP All-American… Un général sur le parquet à faire rêver les franchises NBA dans une ligue où les purs meneurs ne sont plus légion, avec une vision du jeu rare. Des lacunes au tir, mais ça se travaille, bien mieux que le sens du rythme d’un match ou la capacité à gérer le placement des autres joueurs. De quoi attirer les Suns qui le draftent en 13ème position en 2012.

Jason Kidd Kendall Marshall

Source : Jeffrey Phelps – Associated Press

Deux ans et un paquet d’étapes plus tard, Kendall Marshall se retrouve avec le mentor parfait : Jason Kidd. L’un des meilleurs meneurs de l’histoire de la NBA, qui en plus avait un style de jeu similaire à celui de son nouveau joueur. Tous les deux ont quitté l’université au bout de deux ans, tous les deux ont cet oeil de lynx pour les lignes de passe qui les sépare de leurs contemporains, tous les deux ont un jump shot … pas beau, pour ne pas dire pire. Leurs carrières n’ont pas suivi la même trajectoire une fois arrivés en NBA, puisque Kidd a brillé immédiatement en étant co-Rookie of the Year avec Grant Hill tandis que Marshall foulait le parquet 702 minutes seulement pour sa première année.

Mais maintenant, sous les ordres de Jason Kidd, il a les cartes en main pour progresser, surtout dans une équipe jeune qui veut construire pour les années à venir sans pression du résultat. Les 8,8 passes par matchs peuvent encore être atteintes, et en bossant sur son tir Marshall peut aussi apporter une dizaine de points de moyenne. À J-Kidd d’appuyer sur les points forts de son joueur tout en le faisant travailler sur ses faiblesses. Lui-même a su devenir une menace à 3 points en avançant dans sa carrière, tout n’est pas perdu pour le jeune meneur qui a hâte d’être sous les ordres de son nouveau coach.

Il me comprend. Nous avons tous les deux la mentalité de passer d’abord. C’est un gars que j’ai toujours admiré. – Kendall Marshall.

Milwaukee va vouloir que la balle aille dans la main de ses meilleurs joueurs pour qu’ils puissent scorer, et Kendall Marshall est le meneur idéal pour cela. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, l’ancien point guard des Lakers sait distribuer le ballon sans le monopoliser. Pour preuve, contrairement à son concurrent Brandon Knight, son taux d’usage n’est que de 16,3, soit 10 points de moins que le titulaire de la saison dernière, ce qui est assez exceptionnel. Cinq joueurs ont terminé des saisons en jouant plus de 50 matchs, avec 11 passes de moyenne en 36 minutes de jeu tout en ayant un taux d’usage inférieur à 16,4. Parmi eux, un certain John Stockton. Alors certes, le jeune Kendall est loin de pouvoir prétendre à avoir une telle carrière, mais cela démontre un potentiel qui ne peut pas être ignoré.

Il n’est pas le meneur le plus athlétique, mais son QI basket doit lui permettre de briller dans cette jeune équipe qui ne demande qu’à progresser sous les ordres de Jason Kidd. Le bénéfice éventuel existe pour le groupe aussi bien que pour Kendall Marshall qui se voit offrir là une occasion unique d’étaler son style et son niveau aux yeux de tous. Ou alors de montrer qu’il n’aura jamais le talent nécessaire pour être un meneur titulaire. On parie sur la première option, J-Kidd sûrement aussi.

Source statistiques : www.basketball-reference.com