Les statistiques qui mentent : Kevin Durant n’a pas assumé ses propos, dernier match moyen…

Le 01 juin 2014 à 06:49 par Bastien Fontanieu

31 points, 14 rebonds, 2 passes, 1 interception et 3 contres. Quand on regarde ce genre de collection, difficile de venir critiquer le propriétaire d’une telle ligne statistique n’est-ce pas ? Cela tombe bien, on va s’en occuper.

Kevin Durant avait annoncé, il l’avait dit. Ce Game 6 était le match de la saison, celui dos au mur où il devait mener sa troupe jusqu’au bout, jusqu’à un Game 7 à San Antonio afin d’y créer une possible surprise. Le genre de scénario dont raffolent les meilleurs joueurs, les leaders, les MVP tout simplement. Malheureusement, c’est dans un match particulièrement intense et serré que le Thunder s’est incliné 112 à 107 et a dû mettre un terme à sa saison, à cause de nombreux problèmes collectifs comme individuels. Scott Brooks qui impose des switchs défensifs à vomir, Tim Duncan qui en profite pour jouer Derek Fisher ou Reggie Jackson au poste, Russell Westbrook qui perd des ballons cruciaux en fin de 4ème quart, le banc du Thunder qui n’offre que 5 points sur toute la rencontre : il est facile de pouvoir pointer du doigt tels ou tels aspects de la rencontre afin d’expliquer le ticket gratuit pour 3 mois de vacances dont les joueurs d’OKC hériteront à leur réveil.

Seulement, le rôle de sauveur, d’homme ultra-important pour une équipe, ce rôle de MVP et visage d’une franchise, c’est celui qui permet de recevoir les fleurs en premier comme de devoir accepter les pierres qui sont lancées. Et quand Kevin Durant atomise les Clippers lors du Game 6 des demi-finales de Conférence Ouest, on balance un joli bouquet avec plein de tulipes, de félicitations, de pétunias et de please do it again. Normal ! C’est la récompense d’efforts concentrés, appliqués, en antenne nationale et quand on l’attend le plus possible. Hier soir justement, on l’attendait. On le voulait dominant, inarrêtable, physique, agressif, puissant, vocal. Ce qu’il a déjà montré tout simplement. Au lieu de ça ? On aura eu ces montagnes russes, les mêmes qu’il nous a offert tout au long de ses PlayOffs. Des actions exceptionnelles comme ce contre sur Danny Green ou le panier pour prendre l’avantage à 30 secondes de la fin, suivis par des moments flagrants de faiblesse psychologique.

Un killer instinct disparu, aux oubliettes, on se croyait presque dans un Game 2 du premier tour. Russell Westbrook écope de sa 4ème faute personnelle dans le troisième quart ? L’équipe revient logiquement entre les mains de Durant… mais l’avantage des Spurs explose. Danny Green en défense individuelle sur lui à l’aile, et en isolation ? On ne vous parle pas de Pippen là, pourtant le troisième quart est dominé par le sniper texan. Faute de KD sur Danny à trois points, mauvaise prise de position au poste (coucou Chris Paul), balles perdues à foison et leadership vocal aussi bruyant que celui de Matt Bonner. Comment est-ce possible ? Comment imaginer qu’une telle collection de statistiques, sur une cheville en plus puisqu’il la tourne bien comme il faut en fin de match, soit critiquable ? C’est tout le paradoxe de cette saison proposée par Kevin Durant. Celle qui l’aura vu dérouler tout au long de la saison régulière, avant de montrer une schizophrénie troublante en PlayOffs : un soir exceptionnel, le suivant dans le doute. Un MVP dont les qualités techniques sont irréprochables, mais dont l’approche du jeu et le leadership restent inquiétants. Peut-être que le cadre n’est pas le bon, peut-être que le rôle n’est pas le bon. Ce qu’on sait dans tous les cas, c’est qu’il faut vite que cela change, afin d’éviter un nouveau match important aussi perturbant, à la fois statistiquement impeccable et collectivement troublant.

Finalement, la mini-guerre avec Russell Westbrook ne fait peut-être que commencer. Quand on compare les deux hommes hier soir comme tout au long de ces PlayOffs, une évidence éclate : le Thunder n’a pas vraiment choisi son homme fort. Et quand en fin de rencontre il fallait prendre le match à son compte, la réalité a frappé les fans d’OKC en pleine face. Si Kevin Durant ne veut pas être rapidement étiqueté comme étant le nouveau LeBron version Cleveland, il faudra bosser comme un dingue cet été. Mais pas à la salle, non. Devant son miroir. Car c’est bien dans la tête que le MVP de la saison actuelle doit progresser, et prendre quelques conseils d’un certain Tim Duncan qui a pris le match en main quand Parker était blessé… Des belles statistiques hier soir, oui. Mais pour pas grand chose au final.

Source image : NBA League Pass


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