Chicago, la vie en Rose?

Le 23 sept. 2013 à 05:18 par Giovanni Marriette

28/04/2012, le United Center frémit. Première rencontre du 1er tour des Playoffs face aux Sixers: sur un drive anodin, Derrick Rose s’écroule et c’est toute une ville qui s’éteint, 2 millions de cœurs chicagoans qui s’arrêtent de battre. A l’annonce du verdict (rupture des ligaments croisés), Chicago passe d’outsider crédible au titre à simple faire valoir au sein de la déja très balèze Conférence Est… 1 an et demi plus tard, HE’S BACK!!! Après avoir repoussé les limites de la patience dans l’Illinois, le franchise player, MVP 2011, est de retour pour mener les Bulls vers les sommets. Sauf qu’entre temps, Miami et son hydre à 3 tetes est double champion NBA, les pétrodollars ont plus sur Brooklyn et Indiana s’est mué en challenger solide et crédible pour la bague… Les Bulls, avant de pouvoir prétendre au titre NBA, devront déjà s’extirper d’une Conférence Est complètement remaniée. Leur chance est elle déjà passée? D-Rose reviendra t’il encore plus fort? Les Bulls pourront ils enfin détrôner le Heat, au sommet à l’Est depuis 3 ans? On tente d’y voir plus clair…  

Dire que Derrick Rose représente à lui seul les chances de titre des Bulls est un doux euphémisme. La domination du bambin avant sa blessure était telle que tous les spécialistes s’accordaient à dire qu’on tenait là un futur multiple MVP et qu’il n’aurait pas assez de sa mimine droite pour enfiler toutes ses bagouzes … Oui mais voilà, la NBA en est à l’ère des meneurs stars et même si, hormis peut être les Pistons époque Bad Boys avec Isaiah Thomas, aucune équipe titrée ces 20-30  dernières années ne l’a fait en s’articulant essentiellement autour de son point guard, les CP3, Kyrie et dans une moindre mesure Rajon Rondo ont pris d’assaut la ligue et, en plus d’enchainer les doubles-doubles et autres cartons offensifs, semblent aujourd’hui en mesure de porter leur franchises respectives sur le toit du monde. D-Rose fait partie de ce groupe de joueurs dont le sort de leur team dépend. La principale interrogation reste évidemment de savoir si oui ou non, il retrouvera l’explosivité qui avait fait de lui le MVP le plus précoce de l’histoire en 2011. Son histoire ressemble tout de même étrangement à celle d’un autre enfant du pays, contraint de faire l’impasse sur la saison 85-86 en raison d’une fracture au pied. On a quand même connu plus fâcheux comme comparaison… En tout cas, après 18 mois d’absence, sa condition physique sera passée au crible mais pour lui, sans l’ombre d’un doute, il sera frais et dispo pour reprendre la construction là ou il l’avait laissée, c’est ce qu’il a expliqué à nos confrères d’ABS-CBN News:

“Mon jeu ne va pas changer, je jouerai de la même manière qu’avant. Seul mon niveau de confiance sera différent”. “Je suis confiant car j’ai bossé tout l’été. Je fais partie des plus gros bosseurs de la ligue, peut-être même le plus gros de la NBA. La seule différence dans mon jeu sera le fait de savoir m’écarter le plus souvent possible, afin d’étirer au maximum les défenses pour me faciliter la tache à la création”.

Même son de cloche du côté de Coach Thibodeau, tout heureux qu’il est de récupérer son arme de destruction massive:

“Il a produit quelques bons entraînements  La chose la plus importante concernant son jeu, c’est qu’il facilite les choses, il rend les autres meilleurs. C’est la marque d’une superstar, la capacité de rendre les autres meilleurs”.

Concrètement, les Bulls sans D-Rose c’est 45 victoires en saison et une défaite au 2nd tour des playoffs face au futur champion. En somme pas si mal pour une franchise décimée par les blessures au mois de Mai (Hinrich, Deng) et uniquement portés en attaque par la flamme humaine Kriptonate. Beaucoup pour une équipe qu’on disait perdue d’avance face aux Nets, mais qui a su faire preuve d’une solidarité exceptionnelle pour arriver à passer l’écueil jusqu’à faire douter la bête Floridienne le temps d’un match. Sans blessures, avec un Nate Robinson on fire sur la durée et un Booz’ acceptant de défendre et de courir, les Bulls auraient même pus réaliser l’upset de l’année…

une concurrence féroce

Pour rééditer une telle performance, les Bulls devront cette fois vaincre un nouveau venu dans la catégorie fermée des “empilages de stars”(Brooklyn) et si J-Kidd accepte de donner le biberon à Deron Williams, que Joe Johnson sort de sa crise de puberté et si les anciens C’s acceptent leur nouveau job sans faire de révolution, ça risque de piquer les yeux….  Même constat pour les Pacers, à un cheveu de dégager le Heat en finale de Conf’ la saison passée et qui, en plus d’avoir conservés tout leur effectif, récupèrent Danny Granger, Luis Scola, CJ Watson et Chris Copeland excusez du peu…. En rajoutant les places fortes habituelles et une poignée de franchises aux dents longues et bien décidées à aller titiller les PO (Cleveland, Detroit voire Washington), c’est une Conférence Est aux allures de coupe gorge que s’apprêtent à retrouver D-Rose et sa clic.

un effectif peu remanié

Meneurs/Arrières:

Si le MVP 2011 retrouve ses cannes de feu et qu’il martyrise de nouveau les défenses avec ses drives surpuissants et acrobatiques , si son corps tient le choc,  alors OK tout va bien mon capitaine, les lignes arrières compléteront à merveille le roster des Bulls. Kirk Hinrich a (re)prouvé qu’il faisait partie du haut du panier en gérant la saison passée la mène de la franchise. Joueur sobre, pot de colle efficace en défense et capable à tout moment de faire péter les défenses adverses grâce à ses shoots derrière la ligne, l’interrogation viendra là aussi de la santé d’un joueur de 32 ans qui a peut être laissé trop de jus en route… Marco Belinelli parti rejoindre l’arc en ciel international des Spurs et Nate Robinson estampillé Nugget, Coach Thibodeau priera toute la saison pour que ses tauliers ne squattent pas l’infirmerie puisque les deux snipers atomiques sus-nommés n’ont pas (ou mal) étés remplacés. Ce sont en effet les obscurs role players Daquean Cook et Marquis Teague qui se contenteront des miettes laissées par un joueur qui émargeait quand même à plus de 42 minutes de moyennes en 2011.

Ailiers:

Dans les ailes, on suivra avec attention Jimmy Butler qui a prouvé pendant les Playoffs qu’ il pouvait largement prétendre à un poste de starter, avec en premier lieu une présence défensives de fou furieux, mais aussi un talent offensif qu’il a dû développer en urgence pour pallier aux nombreuses absences la saison passée. Sans le costume de pompier de service qu’il a dû endosser trop longtemps, responsabilisé sur des missions plus courtes, il devrait exploser complètement cette saison dans un style qui nous rappelle un certain Bruce B, passé par le Texas il y a quelques années… Pour porter l’équipe, les Bulls pourront encore cette année compter sur Luol Deng, renfort  incommensurable des deux côtés du terrain quand ses pouces, ses hanches, ses poignets, veulent bien le laisser tranquille (on ne félicite décidément pas les toubibs de Chicago) . A 100% de ses moyens il peut stopper quasiment tous les postes 3 de la ligue et possède une palette offensive (shoot à 3 points, post up, 1 contre 1) que peu de joueurs peuvent prétendre avoir. Avec le British guy présent toute la saison, Chicago peut clairement viser encore plus haut. Seule addition notable au roster (en oubliant D-Rose), l’impassible Mike Dunleavy Jr apporte son sérieux et son adresse extérieure. Une rotation solide pour un joueur qui méritait de rejoindre une grosse écurie.

Intérieurs:

Dans la raquette, on ne change pas une équipe qui cogne et qui aboie et le quatuor Noah, Boozer, Gibson et Mohamed défendront encore l’arceau rouge et blanc cette saison. Si Jooks devrait profiter de son été loin des Bleu pour entamer sa saison tambour battant et prendre encore un peu plus de place dans la hiérarchie des meilleurs pivots NBA, Boozer à récemment prouvé à Paris qu’il était affuté physiquement et que, faute d ‘enfin vouloir défendre, il sera encore là pour apporter ses 17/18 pions journaliers. Gibson et Mohamed seront encore au rendez-vous pour le sale boulot, à savoir du Bump, du brin et encore du brin.

En somme, si l’addition d’un MVP à une équipe demi finaliste de Conférence devrait en toute logique accoucher d’une Dream-team quasi invincible, l’évolution de la Conférence, la santé des cadres de l’équipe et un recrutement peut être insuffisant peuvent toutefois jeter une part d’ombre sur le statut de favori d’une équipe qui devrait néanmoins faire aussi bien, voir mieux que la saison passée. Alors rendez-vous le 29 octobre face à Miami pour un sacré baptême du feu…..