[Draft] Michael Carter-Williams, meneur à contre courant

Le 24 juin 2013 à 08:01 par David Carroz

Meneur de jeu des Orangemen de Syracuse candidats cette année encore au titre NCAA, Michael Carter-Williams est un pari. Comme de nombreux joueurs dans cette draft, il soulève beaucoup de questions, en particulier sur son impact immédiat pour la franchise qui le choisira. Véritable playmaker capable de driver une équipe ou joueur unidimensionnel incapable de rentrer des shoots ? Qu’en est-il de sa marge de progression ? Voici quelques pistes avant son arrivée dans la grande ligue où les meneurs de talents sont nombreux.

 

Son profil

> Âge : 21 ans.

> Position : Meneur

> Provenance : Syracuse.

> Taille : 198 centimètres.

> Poids : 83 kilos.

> Envergure : 204 centimètres.

> Statistiques 2012-2013 : 40 matchs joués, 11,9 points à 39,3% aux tirs, 29,2% à trois points et 69,4% aux lancers francs, 4,9 rebonds, 7,3 passes, 2,8 interceptions et 3,4 pertes de balles, le tout avec un temps de jeu de 35,2 minutes.

> Comparaison NBA : Shaun Livingston ou Kendall Marshall, pour les capacités de créateur et la taille, même si Marshall est un peu plus petit (1,93m)

Ses qualités

Passeur de qualité, il a fini dans le TOP 5 NCAA et premier parmi les inscrits à la draft dans cette catégorie statistique, mais également dans celle des interceptions. Commençons d’ailleurs par l’aspect défensif de son jeu. Carter-Williams apprécie briller dans ce côté du terrain. Ca tombe bien, « defense wins games » en NBA. Bien que son envergure ne soit pas exceptionnelle, sa taille, ses déplacements et un très bon sens de l’anticipation pour couper les trajectoires et les passes font de lui un joueur difficile à éliminer pour les guards adverses. Ces qualités doivent lui permettre de défendre sur plusieurs positions en NBA. Alerte, vif, intense et embêtant, Carter-Williams sait mettre la pression sur le porteur de balle, comme on a pu le voir sur certaines séquences cette saison avec Syracuse. Il devra confirmer son apport défensif au niveau supérieur car les Orangemen jouant une zone 2-3, il faudra qu’il s’adapte à la défense individuelle NBA.

Revenons maintenant sur son jeu offensif. MCW est un joueur très fluide, bon dribbleur, dynamique en transition et capable de créer son propre shoot sur demi terrain. Sa grande connaissance du jeu, sa taille et sa capacité d’adaptation, couplées à son excellente vision lui permettent de distribuer les caviars. En particulier pour les joueurs en post up sur l’aile ou les big men coupant dans la raquette. Il s’agit sûrement de sa principale qualité : sa capacité à mettre ses coéquipiers en position de marquer, c’est-à-dire le rôle classique d’un meneur de jeu, même si la tendance actuelle en NBA est aux PG explosifs et scoreurs. Il faut remarquer d’ailleurs que Kendall Marshall, un joueur avec le même profile de playmaker que lui n’a pas beaucoup eu sa chance la saison dernière…

Son premier pas, sa capacité à changer de rythme et une gamme intéressante d’hesitation move donnent à Carter-Williams la possibilité de finir en lay up ou de créer son shoot. Ses grandes enjambées lui permettaient également de prendre le dessus sur ses défenseurs en NCAA, qui ne pouvaient pas rester devant lui pour le gêner.

Ses défauts

S’il est capable de créer son shoot, son adresse laisse tout de même à désirer. Il n’est clairement pas un scoreur prolifique, et cela provient en grande partie de son pourcentage aux shoots. 39,3% dont 29,2% à 3 points, sans oublier un médiocre 69,4% aux lancers francs… Sa mécanique de shoot n’est pas mauvaise, mais ses tirs ne rentrent pas, du fait d’une sélection de shoot hasardeuse, en particulier à longue distance. Il a également tendance à abuser de flotteurs difficiles plutôt que de finir en lay up. Cette incapacité à faire les bons choix se retrouve aussi dans son nombre élevé de turnovers. Il a tendance à perdre ses moyens sous la pression mais aussi à tenter des passes trop fantaisistes aux pires moments. Enfin, son body language, si cher à nos amis américains, n’est pas fameux lorsque les événements ne prennent pas la tournure espérée. Sa frustration est alors visible, et s’il veut devenir un leader en NBA, il devra corriger cela.

Toujours dans le registre « mauvais choix », il a été impliqué dans une affaire de vol à l’étalage lors de sa première saison à Syracuse.  S’il n’a pas été arrêté, il a tout de même dû payer une amende et cette histoire  pose des questions sur son caractère. Questions que ne manqueront pas de soulever les franchises NBA lors des entretiens de pré draft.

D’autres incertitudes planent sur son physique : va-t-il encore se développer et surtout se renforcer musculairement ? Il n’est pas très solide et cela lui porte préjudice lors des pénétrations en plein trafic, surtout qu’il n’est pas un joueur explosif.

Conclusion : Sa position dans la Draft

Bien que possédant des défauts embarrassants dans sa capacité à scorer, sa taille, sa qualité de passe et ses prouesses défensives font de lui un prospect intéressant pour une équipe de milieu de premier tour. Cela tombe bien, certaines correspondent à son jeu.

Première possibilité, au Thunder, où il pourrait se développer derrière Westbrook. Si Martin quitte OKC, le duo Reggie Jackson – MCW peut proposer une alternative jeune et prometteuse dans le back court de Scott Brooks.

Autre club ? Les Mavs. Bien qu’ils souhaitent échanger leur tour de draft, le roster a des trous à presque tous les postes. Mais Carlisle et Cuban ne sont pas forcément des adeptes de la formation et du développement des jeunes joueurs. Rodrigue Beaubois, si tu nous lis…

Actuellement, il est surtout annoncé à Utah, qui se retrouve sans meneur sous contrat. Il aurait alors une place de titulaire assuré avec des big men à alimenter en bons ballons.

Milwaukee risque également de perdre Jennings et Ellis. Dans ce cas, le poste de meneur sera aussi libre.

Enfin, s’il n’a pas encore été choisi, je ne vois pas les Boston Celtics se passer d’une doublure pareil pour Rajon Rondo. Il sera donc choisi entre la 12ème et la 16ème place.

Quoiqu’il en soit, la plus grande question que ces équipes vont se poser est de savoir s’il saura développer suffisamment son shoot pour obliger les équipes adverses à défendre sur lui. Si c’est le cas, il deviendra un joueur solide en NBA autour duquel une équipe peut construire. Il devra également prouver qu’il peut être un leader pour son équipe match après match s’il veut se voir confier les clés d’une franchise.


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