[Billet] L’Histoire s’écrit sous nos yeux

Le 19 juin 2013 à 13:00 par Kevin

Plus qu’une simple rencontre de basket, nous avons assisté hier à un grand moment de sport, peut-être même plus. Que l’on soit fan du Heat, des Spurs ou totalement neutre, notre passion commune a pris le pas sur le reste cette nuit. Et un sentiment général prédomine : le choc. Ce n’est pas une notion péjorative non, il s’agit là plutôt d’un sentiment global d’admiration envers ces champions. Il manquait à cette belle finale, un match de légende, une rencontre serrée avec son lot de rebondissements et d’actions improbables. Ce Game 6 a magnifiquement rempli ce rôle. A tel point que cette finale est déjà passée à la postérité. Oui, nous avons assisté hier à l’une des plus belles rencontres de basket depuis des années. Et moi je suis encore sous le choc. Pas vous ?  

Une intensité rare

L’opposition est belle. Chacun récite sa partition avec une habilité déconcertante. Les deux équipes se connaissant par cœur, on assiste à un spectacle de haute-voltige, il suffit d’aller faire un tour sur les réseaux sociaux pour réaliser que nous assistons à quelque chose de grand. Le match passe à une allure folle, et l’heure de la mi-temps a déjà sonné. L’odeur de la rencontre de légende se fait sentir. Les chiffres de Tim Duncan à mi-parcours donnent le ton, mais le meilleur reste à venir.

Les Spurs s’envolent vers le titre, sans être brillants mais grâce à leur application, ils se détachent. Mon cœur qui balance plus du côté Texan que Floridien s’emballe et mon (léger) penchant patriote me fait trembler d’émotions, quand j’imagine Tony Parker soulever son quatrième trophée de Champions NBA. Impensable il y a 15 ans. L’histoire de cette belle équipe des Spurs, symbole de valeurs et d’authenticité, s’écrit sous mes yeux. A l’orée du dernier acte de cette dramaturgie, les Texans se sont envolés. Naïf, je pense que la rencontre est jouée. Bien mal m’en a pris.

The “no-headband” game

Décrié, moqué voire humilié, LeBron James ne se défile pas. Pourtant, ses trois premiers actes étaient bien en deçà de ce qu’on attend de lui. La peur du shoot au ventre, le King auto-proclamé distribue les ballons, mais quand il pose son regard vers le panier, il en perd son basket. Réfléchit-il trop ? A ce moment, j’ai beau être davantage pour les Spurs, je suis frustré de ne pas voir celui que je considère comme étant le réel LeBron James. J’ai le match 6 face à Boston en tête où il était une machine impossible à arrêter. Il avait tué le match de son talent. C’était beau, et historique. Mais LeBron n’est jamais là où on l’attend, et une nouvelle fois, il va nous faire mentir.

Le quadruple MVP perd son bandeau, cela peut paraître anecdotique, mais le symbole du match légendaire est là. LeBron James est métamorphosé. Je prends peur, je sens que le momentum est en train de changer de camp. Mais d’un autre côté, je suis heureux, j’admire cet homme, ses doutes et ses peurs couplés à sa volonté farouche de ne jamais lâcher. A lui seul, il ramène le Heat dans le sillage des Spurs. C’est à peine croyable tant il était au bord de la rupture quelques minutes plus tôt.

Je subis ce que je vois, je vis chacune des actions comme un soulagement ou un poignard qu’on me planterait dans le dos. Chaque perte de balle de Manu Ginobili me donne des sueurs froides, chaque pénétration de LeBron James me provoque des frissons. Et puis, les deux dernières minutes approchent. Les 120 secondes qui vont suivre vont faire basculer cette opposition du statut de grand match à rencontre historique. Maladroit, Tony Parker va se métamorphoser. En trois actions, il glace littéralement l’American Airlines Arena. Je n’en reviens pas, je suis ébahi devant ce que réalise le Français. J’assiste en direct à ce qui ressemble au couronnement du plus grand basketteur français de tous les temps.

Le miracle de Jesus

Le match devait donc être fini. Que nenni. LeBron James ne réfléchit plus et plante une première banderille de loin. Dos au mur, le Heat revient aux basques des Spurs, et mes doutes réapparaissent. Kawhi Leonard obtient une faute, il va aller sur la ligne des lancers-francs. Le bonhomme n’a que 22 ans. Ray Allen harangue la foule afin qu’elle mette un maximum de pression sur les épaules du jeune homme, jusque là énorme dans cette rencontre. Il rate le premier, j’ai une peine incommensurable pour lui à ce moment. Je me glisse dans sa peau, et je me demande :“mais comment aurais-tu réagi à sa place ?” Peu importe, Leonard n’est pas homme à s’incliner deux fois de suite. Il inscrit son deuxième lancer-franc. Une nouvelle fois naïf, je me dis que la page est tournée, que l’on peut plier bagages, les Spurs seront champions.

Le match bascule alors dans l’irrationnel. Mes émotions vacillent, mon cœur va lâcher. Je retiens mon souffle, et dans une salle surchauffée (je n’évoquerais pas davantage les “fans” du Heat qui sont partis quand Miami était à 5 points des Spurs quelques secondes auparavant), Ray Allen redonne vie aux siens. Nous sommes dans le paranormal. Toutes les émotions se sont enchaînées si vite. Ce n’est qu’un simple match de basket ? Non… c’est bien plus ! Cette bataille est épique, elle est belle. Spurs ou Heat, LeBron James ou Tony Parker, chaque acteur a fait de cette rencontre un moment inoubliable.  Je suis toujours sous le choc, mais heureux  d’être en mesure de dire à l’avenir : “Je l’ai vécu !”. Et dire qu’il nous reste encore un dernier affrontement. Nous sommes chanceux.

I love this game.

 


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